Beaucoup pensent que « verre-verre » signifie automatiquement « bifacial ». Pourtant, dans les projets photovoltaïques réels, ces deux notions ne sont ni équivalentes ni interchangeables — et cette différence influence directement la performance à long terme.
Pour consulter l’analyse complète et les illustrations, veuillez lire l’article original : « Pourquoi le verre-verre n’est pas équivalent au bifacial ? ».
Pourquoi le verre-verre n’est pas synonyme de bifacial ?
Dans le secteur solaire, les termes verre-verre et bifacial sont souvent confondus. Beaucoup supposent qu’un module verre-verre est forcément bifacial, et qu’un module bifacial est nécessairement verre-verre. En réalité, il s’agit de deux notions distinctes :
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Le verre-verre concerne l’encapsulation et la durabilité.
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Le bifacial concerne le mécanisme de production et la capacité à générer de l’énergie sur la face arrière.
Cette confusion vient du fait que de nombreux modules bifaciaux du marché adoptent une structure verre-verre. Pourtant :
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un panneau verre-verre peut être monofacial, si la face arrière ne participe pas à la production ;
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un panneau bifacial peut utiliser un backsheet transparent, sans être verre-verre ;
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la combinaison verre-verre + bifacial correspond à une tendance du marché, non à une règle.
Pour choisir correctement un module, il est essentiel de distinguer la structure d’encapsulation du mécanisme de production : deux fonctions différentes, souvent associées, mais pas équivalentes.
Les différences entre verre simple, verre-verre et bifacial
Dans le photovoltaïque, verre simple, verre-verre et bifacial ne désignent pas les mêmes concepts :
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verre simple / verre-verre = structure d’encapsulation,
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bifacial = mécanisme de production.
La production arrière dépend uniquement des cellules, non du matériau arrière.
Ainsi :
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choisir entre verre simple et verre-verre relève de la durabilité et de la protection,
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la technologie bifaciale peut être associée à l’un ou l’autre, dès lors que la face arrière laisse passer la lumière,
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la structure garantit la robustesse, la cellule assure la production.
Qu’est-ce qui détermine réellement la production arrière ?
1. Seules les cellules bifaciales produisent sur la face arrière
Un module – qu’il soit verre simple ou verre-verre – n’est bifacial que si ses cellules le sont. Aujourd’hui, les technologies les plus courantes sont TOPCon et HJT, toutes deux dotées d’une face arrière active.
2. Le matériau arrière ne fait que transmettre la lumière
Le rôle du backsheet ou du verre est uniquement de laisser entrer la lumière :
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backsheet transparent : compatible avec le bifacial
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verre : compatible
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backsheet blanc : non transparent → monofacial
Dès qu’un matériau arrière est transparent et que la cellule est bifaciale, les deux faces peuvent produire.
3. Les facteurs influençant la production arrière
La performance dépend de plusieurs paramètres :
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bifacialité : HJT ≈ 95 %, TOPCon ≈ 85 %, PERC ≈ 70 %
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réflectivité du sol / toiture : toitures blanches, membranes claires ou surfaces métalliques offrent les gains les plus élevés
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configuration d’installation : hauteur, espacement des rangées, obstacles arrière
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pertes optiques : le verre a une meilleure transmissivité et vieillit mieux que le backsheet transparent, mais la différence reste faible (2–4 %)
4. Pourquoi bifacial ≠ verre-verre
Un module verre simple peut être bifacial, un module verre-verre peut être monofacial.
La bifacialité dépend des cellules, non du type d’encapsulation.
Quand choisir un module verre-verre ? Quand privilégier un module bifacial ?
1. Pourquoi le verre-verre est-il plus fiable à long terme ?
Le verre-verre n’augmente pas la puissance initiale, mais réduit les incertitudes sur 25–30 ans.
Son intérêt repose sur une meilleure endurance dans les tests IEC (DH, UV, cycles thermiques) :
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barrière à l’humidité quasi nulle (WVTR ≈ 0) → moins de corrosion, microfissures et PID
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stabilité mécanique plus élevée → adaptée aux grandes cellules M10/G12
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vieillissement plus prévisible → pas de jaunissement ni délamination du backsheet
C’est pourquoi le verre-verre est souvent privilégié dans les environnements humides, salins ou à fortes variations de température, en particulier sur les toitures professionnelles.
2. Quand la production bifaciale est-elle réellement efficace ?
Le gain bifacial dépend de trois conditions :
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forte réflectivité : toitures blanches, membranes réfléchissantes ou métal clair
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arrière dégagé : hauteur suffisante et peu d’obstacles
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cellules à haute bifacialité : HJT ≈ 95 %, TOPCon ≈ 85 %
Selon PVGIS, une augmentation de la réflectance du sol de 20 % à 50 % peut générer 3 à 6 % de gain arrière.
Le bifacial devient donc pertinent lorsque l’environnement permet réellement d’exploiter la lumière réfléchie.
3. Pourquoi la combinaison verre-verre + bifacial est-elle fréquente en C&I ?
Dans les projets commerciaux et industriels, cette combinaison s’impose car elle offre :
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une encapsulation plus robuste pour de grandes toitures exposées à l’humidité, à la corrosion ou aux cycles thermiques
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un gain arrière exploitable grâce à des surfaces généralement réfléchissantes
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une dégradation plus maîtrisée confirmée par les tests DH2000h et TC600
Le résultat : une production plus stable et un retour sur investissement plus prévisible.
Conclusion : dans quels scénarios le verre-verre bifacial est-il pertinent ?
Les modules verre-verre bifaciaux répondent à deux besoins majeurs :
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fiabilité sur 25–30 ans
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production accrue sur une même surface de toiture
Ils sont particulièrement adaptés lorsque :
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la toiture bénéficie d’une réflectivité moyenne à élevée et d’un arrière dégagé
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l’objectif est de sécuriser la durabilité dans des environnements humides ou salins
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le projet exige une production stable sur le long terme
À l’inverse, lorsque la réflectivité est faible ou la charge admissible limitée, l’intérêt principal du verre-verre reste la durabilité, tandis que pour les toitures recherchant faible éblouissement, esthétique homogène et bonne performance en faible luminosité, les modules IBC verre simple demeurent une alternative fiable.




