L’Ifri mise sur le réseau intelligent pour améliorer le système électrique en Afrique

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Le constat de l’Ifri est marqué : « Après plusieurs décennies de réformes, la situation des secteurs électriques n’a que très peu évolué et la place des énergies renouvelables dans le mix électrique du continent reste encore marginale ». Le think-tank souligne notamment que face aux difficultés des compagnies électriques, souvent nationales, et donc à des coupures de courant récurrentes, le développement de l’électricité pour les industriels ou les clients les plus riches passe largement par la mise en œuvre de solutions décentralisées et autonomes reposant sur le recours aux groupes diesels.

« En Afrique subsaharienne, plus de la moitié des entreprises sont équipées ou partagent un générateur : plus de 80 % en République du Congo, en Sierra Leone et en Centrafrique, et plus de 70 % au Tchad, en Angola, au Sud-Soudan. Au Nigeria, les capacités installées agrégées de générateurs diesels seraient de l’ordre de 10 à 15 GW, soit deux à trois fois plus que les capacités disponibles sur le réseau central, aux alentours de 6 GW sur l’année 2019 », martèle l’Ifri.

Et le rapport d’ajouter que « seule une amélioration rapide de la viabilité financière des entreprises de service d’électricité, grâce aux technologies digitales, permettrait un basculement vers les réseaux intelligents et le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables sur le continent. Une coopération étroite entre les institutions publiques et le secteur privé est plus que jamais nécessaire. »

Le digital pour rétablir les utilities

Dans un premier temps, l’Ifri estime qu’il faudrait « utiliser ces nouvelles technologies pour améliorer la collecte des revenus, ainsi que la fiabilité et la résilience du réseau, notamment en ayant recours aux compteurs intelligents. »

En Afrique subsaharienne, ces compteurs permettraient d’augmenter la collecte des revenus, insiste le rapport. « La facturation post-paiement est compliquée à gérer car le taux de pénétration bancaire est très faible alors que les nouveaux modèles d’affaires de paiement mobile dans le secteur énergétique ont fait la preuve de leur efficacité, notamment dans le marché des kits solaires. La diffusion de la téléphonie mobile est importante sur le continent. Ces nouveaux services comme le mobile money permettraient de faciliter le paiement pour les consommateurs et la collecte pour les sociétés de distribution. »

Et l’Ifri de citer l’exemple de la Côte d’Ivoire, où la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a pu augmenter significativement la collecte grâce aux compteurs intelligents en diversifiant les moyens de paiements dans certaines localités.

Les investissements privés, notamment dans les énergies renouvelables sont aussi limités par la mauvaise situation financière des entreprises publiques de services d’électricité, indique l’Ifri. « Celles-ci sont enfermées dans un cercle financier vicieux, qui diminue la qualité du service, accroît leurs coûts et alimente plus encore leurs difficultés financières. Après des décennies de réformes inabouties, les systèmes électriques n’ont que peu évolué et les IPP restent souvent à produire à la marge de marchés où les entreprises publiques ont gardé un fort contrôle. »

« La priorité devrait être de s’assurer que la situation du socle financier du système, c’est-à-dire le sous-secteur de la distribution, s’améliore », afin de pouvoir investir dans les réseaux pour améliorer la qualité du service.

Le digital pour améliorer la qualité du service

« Pour améliorer la gestion des réseaux et améliorer la fiabilité de l’approvisionnement électrique, des systèmes de contrôle et de gestion automatiques peuvent être déployés. Ceci afin par exemple de détecter des pannes, leur localisation et d’en résoudre certaines à distance rapidement. Cela permet de réduire sensiblement la durée des coupures de courant et donc les pertes économiques associées. À plus long terme, ces systèmes permettraient de passer d’une logique d’amélioration de la gestion du réseau à une logique d’optimisation, notamment dans la maintenance des actifs, » souligne le rapport.

Enfin, le développement des technologies digitales peut faciliter l’émergence de nouveaux marchés, comme celui des batteries de stockage, améliorant la fiabilité et la qualité de l’approvisionnement électrique. Sans oublier que de « nouvelles solutions innovantes émergent dans les zones où le réseau est particulièrement instable comme les mini-réseaux connectés ».

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