D’après pv magazine international.
La panne de courant survenue en Espagne lundi à 12h25 (CEST) a été provoquée par un important déséquilibre entre l’offre et la demande, a déclaré l’opérateur du réseau espagnol Red Eléctrica de España (REE), évoquant « une perte de production » supérieure à ce que le système pouvait absorber.
Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a indiqué qu’« à 12h33 ce matin-là, 15 GW de production ont été soudainement soustraits du système. Cela ne s’était jamais produit auparavant. »
Selon les données de REE, lors du rétablissement de l’alimentation, plus des trois quarts de l’électricité produite provenaient des énergies renouvelables. En soirée, la part de l’énergie photovoltaïque a naturellement diminué, et les centrales à gaz et à vapeur ont été mises en service. Les centrales à charbon et nucléaires sont restées totalement à l’arrêt.
Pedro Sánchez a nié que la panne soit due à un manque d’énergie nucléaire, déclarant dans son discours de mardi midi que, lorsque l’incident s’est produit, « il y avait de l’énergie nucléaire en fonctionnement, et elle s’est arrêtée ; elle n’a pas été plus résiliente que les autres sources. Ce que nous voyons, c’est qu’avec une dépendance accrue à l’énergie nucléaire, la reprise n’aurait pas été aussi rapide que celle que nous avons observée ; en réalité, elle aurait été bien plus lente. Actuellement, elles ne produisent pas d’électricité en raison de la décision des entreprises de production elles-mêmes, car elles ne sont actuellement pas compétitives face aux énergies renouvelables. »
Panneaux solaires et batteries ont maintenu l’électricité dans certaines zones
Pendant ce temps, certains foyers et entreprises n’ont jamais perdu l’électricité grâce aux panneaux solaires et aux solutions de secours à base de batteries.
« Nous sommes l’une des rares entreprises en Galice et en Espagne à avoir fonctionné normalement dans leurs bureaux hier, grâce à notre siège totalement autonome, utilisant une technologie 100 % galicienne », a déclaré un porte-parole de l’entreprise d’énergie espagnole Norvento Energía à pv magazine. « Notre bâtiment CIne possède un micro-réseau déconnecté du réseau électrique, ce qui lui permet de fonctionner de manière autonome en permanence, puisqu’il produit de l’énergie sur le lieu de consommation à partir de sources renouvelables et dispose d’un système de stockage par batteries qui assure un approvisionnement constant. »
Le porte-parole de Norvento Energía a précisé que l’entreprise utilise des systèmes éoliens, photovoltaïques, de biomasse et de stockage par batterie, alimentés par des convertisseurs électroniques intelligents, tous conçus et fabriqués à Lugo. Il a également souligné que, contrairement aux infrastructures équipées de générateurs diesel de secours, qui passent par un mode « zéro énergie » avant de se connecter au réseau, leur système n’entre jamais dans ce mode.
Les lampadaires et feux de circulation équipés de panneaux solaires ont continué à fonctionner.
Les cinq secondes fatales, encore en analyse
Eduardo Prieto, directeur des services opérationnels chez Red Eléctrica, a déclaré que, bien qu’il ne s’agisse pas encore de conclusions définitives, certains éléments laissent penser à deux épisodes de « déconnexion de la production », survenus respectivement à 12h00 et 12h32.
« Le premier incident semble correspondre à une perte de production dans la zone sud-ouest du réseau péninsulaire. Cette perturbation a pu être surmontée et la stabilité du système a été rétablie », a-t-il expliqué. « Une seconde et demie plus tard, un autre événement s’est produit, lui aussi compatible avec une perte de production, entraînant une panne généralisée 3,5 secondes plus tard — soit une séquence de cinq secondes au total, incompatible avec le bon fonctionnement du système électrique. Le système a pu encaisser le premier choc, mais pas le second. »
Prieto a souligné que le réseau n’a pas été capable de résister à une perturbation d’une telle intensité, ce qui a provoqué une chute complète de la tension. Il a précisé que les causes de la perte de production font encore l’objet d’une enquête. S’il n’a pas donné de détails sur le lieu du second incident, il a reconnu qu’il est « très probable » que la production solaire ait été touchée. Il a également indiqué que les centres de contrôle de production sont en train de transmettre les données nécessaires à l’analyse de ces perturbations : certains ont déjà envoyé des informations préliminaires, tandis que d’autres sont encore attendues.
Plus de batteries, moins de fossiles
Luis Marquina, président de l’Association de stockage par batteries (AEPIBAL), a déclaré à pv magazine que « quoi que dise REE, cela nous semblera acceptable, étant donné la complexité du sujet, et qu’une explication fondée sur peu d’informations n’a pas de sens. »
Il a ajouté que, dans le futur, comme on l’a vu dans des régions comme l’Australie-Méridionale, le stockage par batterie pourrait efficacement aider à résoudre ce type de problème, notamment en gérant les renouvelables, en maximisant leur intégration au réseau et en accélérant la réactivation du réseau.
« Profiter de la situation pour soutenir davantage le gaz, voire le charbon, comme on l’entend parfois, ne nous semble pas raisonnable : on ne peut pas faire marche arrière sur les énergies renouvelables, mais il faut comprendre qu’un système de production massivement renouvelable a besoin de technologies d’appoint pour maintenir la fiabilité du système et la sécurité de l’approvisionnement, » a déclaré Marquina. « C’est le rôle des batteries, et cet épisode devrait servir à accélérer leur déploiement et à sensibiliser sur les dégâts que causent les fausses informations à propos des batteries. En bref, les batteries, oui, et le plus tôt sera le mieux. »
Un comité d’enquête et un rapport européen demandé pour comprendre la panne
Le président du gouvernement a, de son côté, déclaré que « le gouvernement a deux priorités claires : la première, consolider le rétablissement complet de notre système électrique ; pour cela, de nombreuses équipes sont déployées sur le terrain, et aujourd’hui le système est exploité de manière surveillée, en mode sécurisé, avec une génération synchrone. En l’absence de nouveaux événements, il retournera à une exploitation de marché complète dès demain. La deuxième priorité est de comprendre ce qui s’est passé et de prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise. »
Les techniciens de REE analysent encore le système et attendent des résultats d’ici quelques heures ou quelques jours. En parallèle, les producteurs privés examinent les données télémétriques de leurs centres de production et de gestion pour comprendre ce qui s’est passé durant les cinq secondes qui ont déclenché la défaillance du système. Ces analyses aideront à renforcer le système électrique pour prévenir une nouvelle occurrence.
Sánchez a également indiqué que les opérateurs privés seraient tenus responsables, le cas échéant, et a annoncé la création d’un comité d’enquête dirigé par le ministère de la Transition écologique.
« Le comité d’analyse technique a été mis en place, et la CNMC participera aux investigations, » a ajouté Sánchez, précisant que le gouvernement demandera un rapport indépendant à Bruxelles afin d’obtenir « une vision plus précise », car « nous faisons partie d’un réseau européen. »
Traduit par Marie Beyer.
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