La filière photovoltaïque se développe à une vitesse impressionnante, mais parfois au détriment de l’essentiel : la sécurité. Que ce soit lors de l’installation ou de la maintenance, sur toitures ou sur ombrières, l’un des principaux dangers reste la hauteur. Toutes les toitures comportent un risque de chute, surtout le matin en raison de l’humidité et par temps pluvieux. Et les glissades ne sont pas les seules sources de danger. D’autres risques incluent les chutes à travers la couverture, causées par une charpente vétuste, ou encore les chutes en bord de rive lorsque les panneaux photovoltaïques sont installés trop près de l’extrémité de la toiture.
En octobre dernier, un ouvrier de 65 ans est ainsi tombé la tête la première depuis la toiture d’un bâtiment agricole en Normandie, et est décédé sur le coup. Plus tôt dans l’année, en avril, un employé qui travaillait sur un chantier de pose de panneaux solaires a chuté en Seine-Maritime et est décédé des suites de ses blessures. Dans les deux cas, les conditions de sécurité mises en place n’ont pas été spécifiées, mais ces tragédies doivent servir de rappel pour les chefs d’entreprise et les ouvriers.
Le modèle de sous-traitance : une source de manquements à la sécurité
Tout d’abord, selon l’article L.4121-2 du Code du travail, il est essentiel de rappeler que l’employeur est responsable devant la loi des mesures nécessaires pour garantir la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Ces derniers doivent rester maître de leur santé : ils peuvent tout à fait exiger de travailler avec des équipements de protection individuelle (EPI) et/ou collective (EPC). Dans le cas contraire, ils peuvent valoir leur droit de retrait.
Cependant, le modèle de sous-traitance, souvent imposé par les grands groupes ou les démarcheurs en ligne, pousse à rechercher des poseurs toujours moins chers et plus rapides. Dans certains cas, des novices sont envoyés sur les chantiers sans avoir reçu les formations de base. Sous pression, les sous-traitants négligent donc la sécurité pour rester compétitifs.
L’absence de visites techniques de la part des grands groupes de sous-traitance et des démarcheurs en ligne empêche une bonne gestion des risques. Sans conducteurs de travaux ni expertise, les donneurs d’ordres ne supervisent pas correctement les équipes sur le terrain.
La sécurité doit être intégrée dès la phase de devis
Dès la phase de devis, les coûts liés aux équipements de protection temporaires (échafaudage, garde-corps, filets, harnais et cordage) doivent pourtant être clairement indiqués. Cela garantit le niveau de professionnalisme et de qualité de l’installateur. Un point souvent négligé par les clients eux-mêmes. Un installateur en Gironde nous a ainsi confié qu’il avait perdu un contrat en raison d’un devis de 200 euros supérieur à l’un de ses concurrents, en raison de l’utilisation d’une nacelle. La cliente a en effet choisi un de ses concurrents qui n’utilisait qu’une échelle rapide non sécurisée.
En ce qui concerne les équipements de protection, la recommandation du Comité technique national du bâtiment et des travaux publics CNAM R.467 demeure une référence. Elle définit en effet les moyens de sécurisation des accès aux toits en prenant en compte les spécificités du bâtiment (maison individuelle, bâtiment collectif ou industriel, angle d’inclinaison du toit…). Par exemple, pour les maisons individuelles et les toitures en pente de plus de 10 %, des protections en rive d’égout ou en rives de pignon doivent être installées, ainsi que des aménagements (plancher de travail horizontal) dans les cas de forte pente.
Pour les bâtiments avec une toiture terrasse de pente de moins de 10 %, un garde-corps périphérique doit être posé. Il est important de noter que les EPI ne doivent intervenir qu’en dernier recours, lorsque la pose de EPC n’est pas possible, car leur utilisation nécessite une formation. De plus, Le recours à des systèmes d’arrêt de chute n’est envisageable qu’en présence de point d’ancrage (répondant aux spécifications de la norme NF EN 795 , dans les conditions de l’article R. 4323-61 du code du travail).
Actuellement, seule la certification RGE (Reconnu Garant Environnement) est exigée des entreprises photovoltaïques. Cependant, les organismes RGE ne contrôlent que l’installation des panneaux, pas les conditions de leur mise en place. De même, les contrôles du Consuel ne portent que sur les aspects électriques. Pour renforcer la sécurité, il serait pertinent d’ajouter des photos de la pose aux audits.
Les assureurs devraient réévaluer l’assurance décennale, obligatoire pour les entreprises de photovoltaïque, car elle ne prend pas en compte la formation des travailleurs aux risques liés aux travaux en hauteur. D’autres qualifications devraient être intégrées, telles que l’AIPR (Autorisation à Intervenir à Proximité des Réseaux) et le CACES (Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité), qui permet d’utiliser des engins de levage comme les nacelles. Enfin, l’État doit prendre des mesures plus strictes pour sanctionner les entreprises – et surtout les donneurs d’ordres – en cas de non-respect des règles de sécurité.
A propos de l’auteur
Ayant démarré à 20 ans, Georges Séraphim-André est co-fondateur et président du bureau d’études numérique projetsolaire.com depuis 2020. Le bureau d’études propose une solution tout-en-un de gestion de chantiers photovoltaïques et de stockages particulier, BT et HTA et accompagne 700 installateurs et développeurs dans l’automatisation des démarches administratives et la réalisation des études d’autoconsommation.
Cet article est tiré de l’édition spéciale de pv magazine France, à télécharger ici.
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