Îlots Blandin : visite de la plus grande centrale solaire flottante d’Europe

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Avec plus de 134 000 panneaux, la centrale flottante Les Ilots Blandin s’étire à perte de vue. Implantée sur la commune de Perthes (Haute-Marne), elle a pris place sur le terrain des Etablissements Blandin, sur les bassins issus de l’inondation d’anciennes gravières dont l’exploitation a cessé en 2020.

« Bien que le site s’étende sur 127 hectares, la surface réellement disponible pour les panneaux flottants était de 45,5 hectares, relate pour pv magazine France Vincent Pinchou, chef de projets chez Ciel et Terre, acteur du solaire flottant. Le pari a été tenu puisque la centrale couvre 45,49 hectares ». De fait, avec ses 74,3 MW – dont 72,3 MWc flottants et 2 MWc au sol -, elle constitue à ce jour le plus grand parc photovoltaïque flottant en exploitation d’Europe. L’installation se divise en six îlots, chacun d’une puissance comprise entre 8 et 17 MWc.

La centrale de 74,3 MWc est composée de six îlots flottants sur 72,3 MWc et d’une partie au sol de 2 MWc.

Image : Ciel et Terre

Pour tenir des délais serrés, l’ensemble des acteurs impliqués dans la conception et la réalisation du site a dû adapter ses processus et les standardiser. C’est le cas par exemple de Ciel et Terre qui a fourni pas moins de 230 000 flotteurs en PEHD recyclable. L’entreprise a également pris en charge l’ancrage, la pose des modules et l’installation des onduleurs sur les structures flottantes.

Nouvelles méthodologies

Pour répondre à la cadence, son usine française a produit jusqu’à 8 000 flotteurs par semaine, permettant d’assembler trois îlots simultanément. « La forme de la centrale nous a également aidé à optimiser la conception, la planification et la construction, poursuit Vincent Pinchou. Par exemple, nous avons conservé, autant que possible, une structure rectangulaire, ce qui nous a permis de standardiser les strings avec 27 modules chacun. Au total, 5 000 strings ont ainsi été montés de manière homogène ».

Les panneaux, onduleurs et câbles reposent sur des flotteurs en PEHD conçus et fabriqués par la société Ciel et Terre.

Image : pv magazine

Au côté de Ciel et Terre, la société Perpetum a pour sa part géré l’achat des onduleurs, des 16 postes de livraison et transformation et a réalisé la centrale au sol déployée en complément des installations flottantes. Enfin, Solutions30, mandataire du groupement, a assuré les travaux de câblage, de raccordement et de mise en service.

134 541 panneaux DAS Solar

Quant aux 134 541 panneaux solaires, ils ont été fournis par le fabricant chinois DAS Solar, qui projette l’implantation d’une gigafactory en France. Les modules ont été fabriqués sur le site de Quzhou, l’une des six usines de DAS Solar en Chine. « Le projet ayant été conçu il y a plus de deux ans, les modules utilisés sont des PERC de 550 Wc », décrit Vincent Cao, responsable marketing de l’entreprise venu spécialement à Perthes pour l’inauguration du site, le 20 juin dernier.

Les modules fournis par le fabricant chinois DAS Solar de 550 Wc sont inclinés à 5°.

Image : pv magazine

Les modules ont été installés à 5° d’inclinaison sur les structures posées sur les flotteurs en plastique. « Chez Ciel et Terre, nous proposons deux inclinaisons standards : 5° et 12°, explique Vincent Pinchou. Mais plus l’angle est important, plus les panneaux se font de l’ombre et doivent être espacés. Cela nécessite plus de surface, ce que nous n’avions pas ici. De plus, une inclinaison plus forte augmente la prise au vent, donc les besoins en ancrage et en flotteurs. C’est pourquoi, en optant pour un angle faible, nous avons trouvé un équilibre optimal entre densité, stabilité et rendement ».

Trouver le modèle économique du flottant

Pour le producteur d’énergie Q Energy, qui a développé la centrale, le solaire flottant représente une technologie d’avenir, notamment pour le nord de la France, où il pourrait permettre de mieux exploiter le potentiel solaire. « Mais l’une des difficultés principales rencontrées est de trouver leur économie, car les centrales flottantes n’ont pas d’appels d’offres spécifiques et sont donc en concurrence lors des appels d’offres CRE avec des projets solaires au sol », concède Corentin Sivy, Directeur Développement de Q Energy France.

Ligne d’amarrage.

Image : pv magazine

Financé par Q Energy en septembre 2024, avec une levée de fonds de plus de 50 millions d’euros orchestrée par le Crédit Agricole Transitions & Énergies et Bpifrance, le projet a été acquis à 50 % au premier trimestre 2025 par Velto Renewables. L’entreprise espagnole, productrice d’énergie renouvelable, a pris possession d’un portefeuille de cinq projets développés par Q Energy, dont trois solaires et deux éoliens.

Et elle ne compte pas s’arrêter là. « Ce partenariat avec une entreprise française bien établie nous a permis de nous implanter solidement en France. Et nous sommes là pour rester », affirme Lucas de Haro, PDG de Velto Renewables, à pv magazine France. Lucide mais confiant face au contexte politique français, il ajoute : « Nous savons que l’opinion sur les énergies renouvelables est cyclique. Nous l’avons vu dans plusieurs pays. Mais elles finissent toujours par s’imposer, car elles répondent à un besoin fondamental d’électrification et de décarbonation. Quelques mois ou années difficiles ne nous décourageront pas ».

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