L’impact des mini-réseaux solaires dans les zones rurales du Pakistan

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D’après pv magazine International

Une équipe de chercheurs basée en Italie et au Pakistan a examiné les implications socio-techniques de l’installation de micro-réseaux solaires dans des communautés rurales non connectées au réseau national au Pakistan.

Les conclusions du groupe sont présentées dans l’article de recherche intitulé « Doing ownership’ in sustainable energy innovation: The social embeddedness of microgrids in rural Pakistan », publié dans la revue Energy Research & Social Science.

L’équipe de recherche était composée de scientifiques sociaux de l’Université de Naples Federico II (Italie) et d’ingénieurs de la Lahore University of Management Sciences (Pakistan). Les deux institutions sont partenaires du projet LoCEL-H2, financé par l’Union européenne dans le cadre d’Horizon Europe, d’une durée de quatre ans, visant à développer un système de micro-réseau évolutif pour soutenir les communautés rurales privées d’accès énergétique régulier.

L’étude a porté sur trois communautés rurales situées à proximité de Jahanpur, dans la province du Pendjab, au centre-est du Pakistan, toutes principalement engagées dans des activités agricoles. Dans le village de Bismillah Mor, les chercheurs ont mené une analyse qualitative d’un mini-réseau solaire avec stockage par batteries déjà installé. L’étude comprenait des entretiens avec les parties prenantes, des groupes de discussion et des observations directes sur le terrain afin de collecter des données sur la manière dont la communauté exerce la propriété et l’usage quotidien du système de mini-réseau.

Une analyse similaire, combinant deux groupes de discussion et des observations ethnographiques, a été menée dans deux autres villages de la même région : Wal Wala, connecté au réseau mais sans micro-réseau, et Hadden Wala, qui est à la fois connecté au réseau et équipé d’un mini-réseau solaire.

Les chercheurs ont constaté qu’à Bismillah Mor, le micro-réseau solaire apportait une réponse « partielle mais significative » à la pauvreté énergétique, en fournissant à la communauté un accès stable à l’électricité pour les besoins domestiques essentiels, notamment l’éclairage et les petits appareils électroménagers. Le mini-réseau favorise également des formes d’autonomisation et d’émancipation, en particulier pour les femmes. Les chercheurs en concluent que le mini-réseau « n’est pas simplement une solution technologique, mais un catalyseur potentiel d’un changement social plus large ».

À Wal Wala, une autre communauté où la propriété foncière est partagée, l’accès au réseau électrique national favorise une approche prudente de la consommation d’énergie, les usages étant volontairement limités pour éviter des coûts élevés. En revanche, à Hadden Wala, où les habitants sont majoritairement propriétaires fonciers, de meilleures conditions économiques ont facilité l’accès au réseau national, ce qui a eu un impact sur la culture matérielle.

Ivano Scotti, auteur principal de l’étude, a déclaré à pv magazine que le principal enseignement de cette recherche est que l’innovation énergétique ne devient significative et durable que lorsqu’elle est socialement ancrée. Il a ajouté que des facteurs tels que le régime foncier et les relations de propriété jouent un rôle déterminant dans la manière dont les gens perçoivent et adoptent les nouvelles technologies. Il souligne également que les acteurs locaux n’adoptent pas la technologie de manière passive, mais la réinterprètent activement, la modifient et l’adaptent à leurs besoins, générant ainsi de nouvelles formes de propriété, à la fois pratiques et cognitives.

« En ce sens, le succès du micro-réseau dépend d’un modèle de gouvernance hybride combinant un contrôle technique formel avec une propriété et une expertise informelles, issues de négociations sociales, a-t-il déclaré. Globalement, l’étude montre que “faire la propriété” – c’est-à-dire exercer la propriété à travers les pratiques et négociations du quotidien – est une dimension clé des transitions énergétiques durables en milieu rural ».

Il ajoute que le déploiement réussi des micro-réseaux – au Pakistan comme dans d’autres régions du Sud global – repose sur la reconnaissance du fait que les infrastructures énergétiques interagissent avec les régimes fonciers existants, les hiérarchies locales et les valeurs culturelles.

« La conception technique doit être associée à un renforcement des capacités, à l’inclusion sociale et à des mécanismes de gouvernance qui reflètent les structures communautaires, a-t-il déclaré. Le renforcement des compétences locales, en particulier chez les femmes et les techniciens, favorise l’autonomie et la durabilité à long terme des systèmes. »

Ivano Scottisuggère que les cadres politiques reconnaissent la nature hybride des droits de propriété en milieu rural et qu’ils permettent une propriété partagée ou collective. Il recommande également que les modèles économiques soient sensibles au contexte et qu’ils allient accessibilité financière et participation communautaire. « En intégrant ces dimensions sociales, techniques et institutionnelles, le déploiement de micro-réseaux peut passer d’une solution d’aide temporaire à un processus de transformation qui renforce les capacités locales et soutient une transition énergétique juste et durable », a-t-il ajouté.

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