D’après pv magazine International
La Commission européenne met en garde contre la forte dépendance de l’Union européenne aux onduleurs solaires chinois, identifiée comme un risque majeur pour la sécurité économique et numérique du continent. Cette préoccupation figure dans une nouvelle doctrine de sécurité visant à renforcer la résilience économique de l’UE face à la montée des menaces extérieures.
Dans ce document stratégique, Bruxelles détaille sa feuille de route pour répondre aux vulnérabilités économiques croissantes. La Commission annonce qu’elle concentrera dans l’immédiat ses efforts sur six domaines prioritaires à haut risque : la réduction des dépendances stratégiques dans les biens et services essentiels ; l’attraction d’investissements sûrs au sein de l’UE ; le soutien aux industries européennes de la défense, de l’espace et des secteurs industriels critiques ; la consolidation du leadership européen dans les technologies clés ; la protection des données sensibles ; et la sécurisation des infrastructures critiques.
La Commission cite explicitement les onduleurs solaires comme un exemple emblématique de risque de sécurité. En cause : la forte concentration des fournisseurs, les risques de cyber-manipulation, l’accès à des données opérationnelles sensibles pour les réseaux électriques et la possibilité d’infiltration des chaînes d’approvisionnement. Aujourd’hui, près de 80 % des installations photovoltaïques en Europe reposent sur des onduleurs d’origine chinoise.
Pour répondre à ces vulnérabilités, Bruxelles prévoit une évaluation coordonnée dans le cadre de la directive NIS2, pilier du dispositif européen de cybersécurité. Cette analyse, attendue pour l’an prochain, devra déboucher sur des mesures d’atténuation visant à renforcer la préparation des acteurs et à identifier les failles, notamment par le recours à la certification et à la normalisation prévues par le Cyber Resilience Act, ainsi qu’à des critères non tarifaires inscrits dans le Net Zero Industry Act.
Onduleurs, mais aussi semi-conducteurs et véhicules électriques
« La Commission surveillera l’évolution des marchés et cherchera à prévenir ou à limiter les investissements à haut risque », souligne le document. L’exécutif européen indique également qu’il poursuivra son évaluation de l’impact des subventions étrangères susceptibles de fausser la concurrence sur les marchés de l’énergie solaire, en particulier via des importations subventionnées.
Outre les onduleurs, la Commission identifie d’autres dépendances jugées critiques, notamment dans les semi-conducteurs courants, les véhicules électriques à batterie, certains composants clés pour les drones, ainsi que les équipements de détection aux frontières de l’Union.
Le European Solar Manufacturing Council (ESMC) a salué ce tournant stratégique, affirmant son plein soutien aux orientations présentées par la Commission. L’organisation se félicite en particulier de la volonté affichée de soutenir le développement de fournisseurs de confiance pour des sous-composants critiques, tant au sein de l’UE que dans des pays tiers jugés sûrs, afin de créer des alternatives viables. Elle rappelle par ailleurs que les industriels européens et occidentaux restent à la pointe de la technologie et disposent des capacités nécessaires pour couvrir l’ensemble de la demande européenne.
L’ESMC appelle à une série de mesures concrètes, parmi lesquelles la création d’une liste blanche européenne de fournisseurs d’onduleurs fiables, fondée sur des critères de cybersécurité et de risque juridictionnel, et intégrée aux principaux cadres réglementaires européens, dont NIS2, la boîte à outils de la chaîne d’approvisionnement TIC, le Net Zero Industry Act et les codes de réseau de l’UE. L’organisation estime également que les États membres devraient pouvoir refuser le raccordement au réseau d’équipements provenant de fournisseurs considérés à haut risque.
Pour Christoph Podewils, secrétaire général de l’ESMC, cette doctrine doit servir d’électrochoc. « Les États membres doivent désormais s’atteler à une réduction massive des dépendances et des cyber-risques », avertit-il. Le conseil a par ailleurs lancé un forum dédié aux onduleurs, au stockage et aux systèmes de gestion de l’énergie, ouvert à ses membres ainsi qu’à des acteurs occidentaux non membres éligibles. Cette plateforme a vocation à travailler avec les gestionnaires de réseaux, les agences de sécurité énergétique, les organismes de normalisation et d’autres parties prenantes afin de renforcer la résilience numérique et énergétique de l’Europe.
Déjà en mai, l’ESMC avait alerté sur les risques pesant sur la souveraineté énergétique européenne en raison des capacités de contrôle à distance non réglementées de certains onduleurs solaires fabriqués hors d’Europe. En septembre, l’agence tchèque de cybersécurité a, de son côté, estimé que l’utilisation d’onduleurs solaires chinois dans de petites centrales électriques constituait une menace potentielle pour la sécurité nationale.
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