En octobre 2020, 39 opérations d’autoconsommation collective étaient en service, réunissant près de 600 consommateurs et 75 producteurs. Lors d’une conférence en ligne organisée les 2 et 3 décembre par l’Office franco-allemand pour la transition énergétique (Ofate), plusieurs intervenants se sont penchés sur cette pratique encore modeste et sur les moyens de la développer. « Aujourd’hui, nous identifions une tendance forte, celle de vouloir reconnecter et relocaliser la production et la consommation d’énergie, a souligné Frédéric Fabre, CFO de GreenYellow. Parmi nos clients, nous avons donc ce que nous appelons des consomm’acteurs, qui voient la consommation comme un acte citoyen fort. L’une des autres motivations est la valorisation économique d’un bien qu’apporte l’autoconsommation collective, soit en participant à la réduction des charges fixes, comme c’est le cas de beaucoup d’agriculteurs qui s’équipent en solaire, soit en fournissant un revenu supplémentaire ».
Dans ce cadre, Cyril Martin de Lagarde, adjoint au chef du bureau de la production électrique et des énergies renouvelables au Ministère de la transition écologique a par exemple évoqué la possibilité de revaloriser le rachat du surplus de production injecté sur le réseau pour les projets entre 100 et 500 kWc, alors qu’aujourd’hui le cadre tarifaire pénalise encore l’injection, pour favoriser les projets avec un fort taux d’autoconsommation. De la même manière, Edouard Cereuil, responsable du service énergies de Morbihan énergies, établissement public chargé de l’électrification de la région, en contrat de concession avec Enedis, est venu évoquer le retour d’expérience d’un premier projet d’autoconsommation collective mis en service sur la commune de Pénestin et baptisée Partagélec. Déployée en 2018, elle réunit 13 entreprises installées sur une zone d’activité qui partagent le même poste de transformation : deux restaurants, des magasins, garages et charpentiers, aux profils de consommation énergétique très différents. Ce premier exemple réussi a poussé Morbihan énergies à mettre sur pied en 2020 14 autres opérations d’autoconsommation collective en parallèle sur ce territoire. Parmi les freins identifiés, Edouard Cereuil a pointé le temps consacré au montage de ces dossiers.
« Il faut de nombreuses étapes de communication, d’information des futurs consommateurs, pour les recruter, a-t-il listé. Ensuite, sur la partie juridique, il faut mettre en œuvre une structure par projet. Actuellement, la forme privilégiée est la création d’une association, mais une des pistes pour accélérer le processus serait de pouvoir recourir à une structure existante, comme un syndicat départemental d’énergie qui pourrait ensuite signer une convention multipartite. C’est ce qu’on va expérimenter dans les prochains mois ». L’équilibre économique est également à considérer et l’une des solutions est de faire porter l’actif de production par un bâtiment qui va autoconsommer, puis proposer le résiduel aux autres consommateurs. « Enfin, si l’on regarde la durée de l’obligation d’achat du côté du producteur, elle est de vingt ans, alors que les consommateurs peuvent résilier leur contrat chaque année. Cela crée une incertitude pour le producteur, qui risque de voir son modèle économique évoluer et devoir recruter de nouveaux clients dans la zone », souligne Edouard Cereuil. Cependant, malgré ces difficultés, les acteurs ont tous souligné que l’autoconsommation collective suscite un fort intérêt, qui permet d’apporter de la visibilité aux énergies renouvelables et qui ouvrent de nouveaux business models. « Nos clients ont une approche très pragmatique du sujet et l’intérêt est là, confie Frédéric Fabre. Mais il faut que nous avancions plus vite et pour cela, nous avons besoin du soutien des banques. Actuellement, le secteur bancaire accompagne de plus en plus le développement des énergies renouvelables, mais l’autoconsommation reste plus difficile à appréhender car cela nécessite de passer d’un financement infrastructure classique à un financement avec un risque client ».
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