Arkolia et Solagro réalisent un audit sur les synergies entre parcs PV au sol et élevage ovin

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« L’agriculture est par construction à la fois consommatrice d’énergie mais également potentiellement fortement productrice d’énergie renouvelable, soulignait le regretté Laurent Bonhomme, président d’Arkolia Energies disparu le 14 juin. Arkolia Énergies a depuis son origine contribué à ce que l’agriculture développe pleinement son potentiel EnR à travers le solaire et la méthanisation. La symbiose de l’agriculture et des EnR se fait à travers les pratiques d’agroécologie et les co-activités dans lesquelles Arkolia Énergies est fortement impliquée ». Pour formaliser ce potentiel, la société a donc fait appel à Solagro, entreprise associative qui accompagne les agriculteurs dans les transitions énergétique et agroécologique, pour mener entre juin et décembre 2019 une série d’entretiens avec des éleveurs laissant leurs troupeaux paître sur des parcs photovoltaïques au sol. Le but était d’évaluer la valorisation agricole des surfaces des parcs, la conduite du pâturage et d’effectuer une estimation des ressources fourragères.

Une source de revenus pour l’agriculteur

Sept centrales photovoltaïques, réparties sur six départements, du Var au Cantal en passant par les Pyrénées Orientales et l’Ariège, aussi bien dans des zones de plaine que de montagne, sur des superficies allant de 5 à 45 ha, ont été choisies. A l’exception du parc de Le Bastit (46) sur lequel se trouvent des canards prêts à gaver, toutes les autres sont occupées par des élevages de brebis viande. L’utilisation des parcs est encadrée par trois modalités : un contrat de location (quand l’agriculteur est le propriétaire, il reçoit un loyer d’occupation par l’exploitant du parc solaire), la mise à disposition gratuite de ressources fourragères (quand l’éleveur n’est pas le propriétaire, il profite alors gracieusement du terrain) ou un contrat d’entretien (l’éleveur assure l’entretien du site (pâturage, fauche et gyrobroyage) en échange d’une rémunération de l’exploitant).

Selon les résultats présentés lors d’une conférence, il ressort que les parcs photovoltaïques utilisés par les éleveurs contribuent de manière variable au système fourrager, de 2 % à plus de 50 % de la surface fourragère, selon la taille du parc et de la taille de l’élevage. L’estimation de la production fourragère sous les panneaux photovoltaïques montre un rendement moyen similaire ou supérieur à la moyenne départementale des prairies. Le parc de Salsigne est ainsi presque deux fois plus productif, avec 2,8 tonnes de matières sèches par hectare (tMS/ha), que la moyenne du département de l’Aude est de 1,7 tMS/ha. « Dans tous les cas audités, la co-activité permet soit de donner un accès à la terre à des agriculteurs non propriétaires ou possédant peu de foncier, soit de conforter d’un point de vue technique et économique des exploitations dont le foncier est déjà sécurisé », poursuit Arkolia.

Des points à améliorer

« Le parc photovoltaïque permet le pâturage des brebis, confirme Sabine Leray, éleveuse à Daumazan-sur-Arize qui possède 130 brebis. Ce terrain à faible potentiel agricole, longtemps déprisé, ne permet pas une forte production en herbe, mais la surface mise à disposition, rapportée au nombre de bêtes, permet une autonomie en herbe ». L’agricultrice qui laisse paître son cheptel sur les 25 hectares de parc, est en contrat d’entretien avec Arkolia et assure le passage du broyeur et de la faucheuse deux fois par an sous les panneaux. « Cela m’a permis d’augmenter la taille de mon troupeau de 25 bêtes à 130 aujourd’hui ». Par ailleurs, elle note l’intérêt de l’ombre des panneaux en été qui permet d’éviter le dessèchement de l’herbe en dessous et offrent un abri aux bêtes.

Cependant, l’étude note également quelques points d’amélioration. A commencer par le cadre administratif de ces partenariats, via des baux ou conventions pluriannuelles qui permettent de sécuriser l’installation des agriculteurs sur la durée. D’un point de vue pratique, il est aussi important d’étudier en amont avec l’exploitant la mise en place si besoin de sous-parcs, afin de permettre une meilleure surveillance visuelle des troupeaux. Il est également important d’installer des points d’abreuvement en nombre suffisant. Si les parcs photovoltaïques constituent des lieux sécurisés contre les loups ou les chiens errants, il faut toutefois prévoir de renforcer les clôtures, en particulier sous la terre. Enfin, pour une meilleure circulation des animaux, une hauteur minimale de 80 cm voire un mètre pour le bas des panneaux doit être prévue, ainsi qu’une largeur suffisante entre les rangées pour permettre la fauche.

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