Etude sur le potentiel solaire des ombrières de parking en Suisse

Dans sa dernière étude, rédigée en mai dernier, l’agence suisse Energie Zukunft Schweiz (EZS) s’est penchée sur le potentiel des ombrières solaires de parking en Suisse et a examiné les facteurs techniques et économiques en jeu lors de la mise en œuvre de ces projets. Pour cela, EZS, soutenue par SuisseEnergie, le programme de l’Office fédéral de l’énergie pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, a mené des entretiens d’experts avec différentes entreprises de planification, fabricants et entreprises d’installation de carports solaires afin de mettre en évidence les possibilités et les défis inhérents.

Il ressort que le pays compte au minimum 64 km² de parking, ce qui représente un potentiel photovoltaïque théorique de 6 à 10 GWc. « Cela correspond à environ 20 % du potentiel photovoltaïque exploitable sur les toits. Les carports solaires pourraient donc jouer un rôle important dans le développement de l’énergie solaire », note les auteurs de l’étude. Pour autant, ce type d’installations est encore rare dans le pays. « À ce jour, les installations photovoltaïques suisses sont principalement montées sur des toits de bâtiments, poursuit le document. Cette tendance s’explique par le grand nombre de toits disponibles, une mise en œuvre technique souvent simple, ainsi que par des aspects économiques. Pour atteindre les objectifs ambitieux d’expansion des nouvelles énergies renouvelables, il faudra installer plus de systèmes photovoltaïques sur les surfaces d’infrastructures, comme les murs antibruit, les barrages, les stations d’épuration, ou comme ombrières solaires pour parkings ».

Une faible rentabilité

Il existe à l’heure actuelle plusieurs carports solaires de grande ampleur qui ont été mis en service ces dernières années et que l’étude liste. Construit en 2016, l’ombrière de Courgenay possède par exemple une puissance de 6,75 MWc. Elle a été installée sur le site du logisticien suisse GEFCO pour moderniser son parking automobile de 78 000 m² sur lequel sont accueillis jusqu’à 3000 véhicules d’importation avant leur distribution sur le territoire national. Si ces carports solaires offrent de nombreux avantages, en termes de protection des véhicules ou d’installation de bornes de recharge électrique, les auteurs soulignent qu’un certain nombre de points négatifs leur ont été énoncés durant les entretiens. Les points négatifs associés aux différents projets étaient notamment la suppression de quelques places de stationnement, une difficulté de déneigement plus grande en hiver et la perte de marge de manœuvre pour les véhicules, susceptible de générer de potentielles collisions. Les facteurs de complication mentionnés concernaient également la coordination des travaux de construction avec l’activité menée sur la zone de stationnement, ainsi que le choix de la fondation et de la structure de carport adaptée.

Enfin, comme le souligne l’étude, la rentabilité des ombrières photovoltaïques dépend aussi fortement des coûts d’investissement qui, « en raison des structures et des travaux de génie civil pour les fondations et la pose de câbles sous le parking, sont nettement plus élevés que les coûts d’investissement pour une installation photovoltaïque en toiture ». Selon les chiffres de Energieschweiz, en 2020, pour des installations en toiture de 100 à 300 kWc, ces coûts s’élevaient en moyenne à 1 113 CHF (1097 €)/kWc et pour les installations de 300-1 000 kWc à en moyenne 945 CHF (931 €)/kW. A titre de comparaison, les coûts spécifiques pour une installation de type carport se situaient dans une large fourchette allant généralement de 2 000 CHF (1972 €) à environ 3 500 CHF (3451 €) par kWc.  Des coûts inférieurs à 2 000 CHF/kWc n’ont pu être atteints que pour de très grands projets de plusieurs MW. En outre, les primes d’injection sur le réseau ne couvrent pas, à de rares exceptions près, le capex des installations, c’est pourquoi les auteurs insistent sur l’intérêt de privilégier l’autoconsommation sur place pour les bâtiments voisins et pour l’électromobilité. Mais compte-tenu de son important potentiel, l’étude considère que l’installation d’ombrières solaires devrait faire l’objet d’un soutien renforcé de la part des gouvernements, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays européens.