[Acteur de la semaine] JP Energie Environnement, l’indépendance avant tout

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Comment s’est déroulée l’année 2022 pour JPEE ?  

A la fin de cette année, nous atteignons une capacité totale installée de 400 MW, répartie à 50/50 entre le solaire et l’éolien terrestre. Notre chiffre d’affaires représente environ 70 millions d’euros, principalement tiré de la production d’électricité.  

Mais il faut reconnaître que l’année 2022 a été très compliquée pour le solaire photovoltaïque au sol. Nous n’avons pas obtenu autant d’autorisations qu’espéré, en raison des délais d’instruction qui restent très longs. Nous avons aussi subi plusieurs refus de projets en agrivoltaïsme et la justification des refus repose parfois sur des positions dogmatiques de la part des services de l’Etat alors qu’il y a un réel besoin d’accélérer ce type de projets en France, si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de capacités solaires installées. Les fonciers sur terrain dégradé ne suffiront pas.

Et qu’en sera-t-il pour 2023 ?  

pour 2023 et les années suivantes, nous attendons une véritable accélération de notre croissance. Nous avons dans notre portefeuille près de 2 GW de projet en cours de développement et nous nous apprêtons à débuter la construction d’à peu près 200 à 300 MWc de projets déjà autorisés dans les deux prochaines années, ce qui est énorme : nous n’avons jamais construit autant de volume dans un délai aussi court.

Pour 2026, notre ambition est d’atteindre une capacité installée d’1 GW de projets éoliens et solaires. Pour accompagner notre croissance, nous recrutons 24 collaborateurs dans toute la France pour des postes variés allant du développement des projets à leur maintenance. 

Centrale solaire d’Arboudeau – Blanquefort.

Image : JP Energie Environnement

Entre le printemps et l’automne 2023, nous mettrons en construction une dizaine de centrales au sol en France pour une capacité totale de 120 MWc. Il s’agit majoritairement de projets au sol CRE (PPE 2.1 et 2.2). Nous avons également trois projets, pour environ 30 MWc signés, en CPPA signés sur 20 ans avec deux grands acheteurs.  

Ce sont les premiers PPA signés par JPEE ? 

Oui, il s’agissait en effet de projets en agrivoltaïsme avec élevage qui n’étaient pas éligibles aux critères des appels d’offres CRE. La seule solution était donc de les financer via un PPA. Mais grâce à cela, nous avons acquis au cours des huit derniers mois une véritable expertise dans la négociation des contrats directs d’achat d’électricité et nous voulons, de manière générale, conserver cette double stratégie entre projets CRE et PPA dans le futur. En termes de rentabilité financière, la différence n’est pas toujours significative, car si les niveaux de prix PPA sont supérieurs, ce gain est souvent compensé par des coûts de financement également supérieurs. C’est pourquoi nous comptons rester ouverts aux deux modèles financiers, en fonction des opportunités pour valoriser au mieux nos projets. 

En raison de la hausse des prix de l’électricité, certains développeurs sont aujourd’hui tentés de résilier de manière anticipée leurs contrats CRE pour rediriger leurs actifs vers le marché. Est-ce votre cas ? 

Pour nos parcs déjà en service, nous avons fait le choix de ne pas résilier nos contrats CRE, en raison du plafonnement des prix de l’électricité qui enlève le bénéfice de sortir des contrats CRE et de la sécurité qu’ils apportent. De plus, sortir des contrats de rémunération suppose de renégocier les conditions de financement auprès des banques. 

En revanche, pour nos centrales photovoltaïques dont nous démarrerons la construction en 2023, nous avons fait le choix de bénéficier de la mesure d’urgence prévue par la mise à jour des cahiers des charges des appels d’offres PPE2 et CRE4 et qui nous permet de valoriser l’électricité issue de nos installations hors complément de rémunération. En effet, sans cette disposition, ces parcs n’auraient pas été finançables, en raison de la différence trop importante entre les tarifs d’achat obtenus et la forte inflation sur les matériels que nous avons connue ces douze derniers mois.

Centrale solaire du Bourgailh – Pessac.

Image : JP Energie Environnement

A l’heure actuelle, nous prévoyons de valoriser notre électricité sur le marché Spot via notre agrégateur Agregio (filiale du groupe EDF). La solution de signer un Utility PPA à prix fixe sur 18 mois avec notre agrégateur serait plus sécurisante pour nous, mais actuellement, en raison des perturbations du marché de l’électricité, les agrégateurs ont du mal à définir un prix fixe pendant 18 mois. Nous attendons donc des propositions et notre choix n’est donc pas encore totalement fixé. Il faut donc dire que, pour les développeurs, cette situation ajoute de l’incertitude et un facteur de risques.

JPEE se définit comme un producteur indépendant d’électricité renouvelable. Avez-vous l’intention de le rester ou de vous adosser à un investisseur privé pour accompagner votre forte croissance ? 

Alors que le marché du photovoltaïque français connaît actuellement une phase de consolidation, nous souhaitons conserver notre spécificité, qui est d’être un producteur 100 % indépendant et 100 % français.  

Cette stratégie est rendue possible par notre partenariat avec la Banque des Territoires, avec qui nous travaillons depuis dix ans. Pour le renforcer, nous avons signé un partenariat structurant jusqu’en 2028. Dans ce cadre, la Banque des Territoires rachète systématiquement 49 % des parts de nos projets en développement. Ce modèle nous apporte de l’agilité et nous permet de nous alléger en fonds propres pour continuer à investir dans la croissance de l’entreprise et dans le développement de nouveaux projets. 

Notre vision est de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur d’un parc solaire de la phase initiale du développement à la maîtrise d’ouvrage en passant par son exploitation et son éventuel démantèlement en fin de vie. Nous avons également intégré la maintenance dans le photovoltaïque. Notre ambition est donc de nous investir sur le long terme au plus près des acteurs locaux et nous retrouvons cette conviction dans la Banque des Territoires qui souhaite nous accompagner sur toute la durée de vie d’un projet et non sur quelques années comme pourrait le faire un investisseur privé.

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