Le Sommet sur l’Intelligence artificielle vient tout juste de s’achever à Paris. Prenant le contrepied de son homologue américain, le Président de la République y a scandé le slogan « plug, baby, plug » vantant le mix électrique très décarboné de la France pour y accueillir les serveurs et data centers dont la consommation électrique pourrait s’élever à 170 TWh dès 2027.
Mais dès le lendemain, le premier acte concret du Gouvernement en matière de politique énergétique met un coup d’arrêt brusque au développement d’un segment majeur du solaire photovoltaïque, filière pourtant essentielle pour répondre aux besoins croissants d’électricité de notre pays. Cherchez l’erreur ! « Nous le répétons depuis toujours, et le sommet sur l’IA le confirme. Disposer d’une offre abondante d’électricité décarbonée est un atout industriel et un atout de souveraineté. Mais il faut être cohérent : où trouverons-nous les 170TWh supplémentaires dans les deux ans qui viennent si nous mettons le pied sur le frein du solaire ? » a réagi Jules Nyssen, Président du Syndicat des énergies renouvelables.
Le cabinet du Ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie, Marc Ferracci, a en effet présenté le 12 février aux représentants de la filière une refonte radicale du cadre de développement du solaire photovoltaïque. Si les annonces en faveur de l’industrialisation sont favorablement accueillies par la profession, avec l’introduction au 1er juillet 2026 de nouveaux critères soutenant les projets de gigafactories en France, les autres évolutions annoncées reviennent, dans les faits, à mettre un coup d’arrêt brusque à tous les futurs projets solaires sur les moyennes toitures et les ombrières de parking à court terme, mettant ainsi en risque la viabilité de centaines d’entreprises et de milliers d’emplois.
Le gouvernement envisage en effet de réduire, de façon rétroactive au 1er février, les niveaux de soutien aux projets solaires d’une puissance inférieure à 500 kWc (segment dit « S21 »), d’une manière telle que plus aucun projet ne sera viable économiquement en 2025. Ceci revient en réalité à instaurer un moratoire, dans l’attente qu’un nouveau mécanisme de soutien se mette en place dans un calendrier non défini. Ce changement brutal de politique publique aura des conséquences très graves, que la filière a déjà subies en 2010 lorsqu’un moratoire avait été instauré, et qui avait conduit à la destruction de près de 20 000 emplois.
Il va complètement déstabiliser un segment de marché qui a permis de développer des milliers d’installations l’année dernière et qui apporte une activité à des centaines de PME et d’artisans dans les territoires. Il empêchera une grande partie du monde agricole de bénéficier du développement de l’énergie solaire qui lui assure pourtant un revenu complémentaire indispensable. Le SER et Enerplan appellent ainsi le Gouvernement à revenir sur sa position en maintenant le cadre tarifaire actuel pour le segment S21, le temps que le nouveau mécanisme, dont le calendrier de mise en œuvre apparaît incertain, soit effectivement mis en place. Ceci permettra de sécuriser les investissements déjà engagés par la filière solaire en France et évitera un coup d’arrêt soudain.« Le gouvernement considère manifestement le solaire comme une variable d’ajustement de la consommation d’électricité, ce qui est une politique court-termiste par rapport aux besoins d’électrification. Le dynamisme du segment S21 est brutalement cassé dans son élan. Cet arrêt brutal n’est pas acceptable » a réagi Daniel Bour, Président d’Enerplan.
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Bonjour,et comment ça se passe pour les particuliers qui via leur installateur ont effectué la demande de raccordement auprès d’ENEDIS juste après le 1er Février?
Les prix des panneaux solaires ont tellement baissé, surtout les panneaux Chinois pour les pros, que même sans subventions publiques ils sont déjà l’énergie la moins chère au niveau de la production, pour tous les nouveaux projets. C’est pour ça que les états les plus avancés du sud des USA ont réduit ou même supprimé leurs subventions directes et indirectes aux projets solaires sans solution de stockage conséquente associée, voir ils ne subventionnent plus que le stockage lui même dans ces projets. Et pour faire face au dumping des Chinois sur les panneaux, Trump vient de gonfler leurs Tariffs de douane ajoutés, afin de protéger ceux Made in USA. Même pour les particuliers, les opérateurs locaux ne veulent plus racheter leur energie solaire en temps réel, sans stockage, donc non pilotables. Passe un certain %, c’est devenu une pollution pour leur Grid.. Il serait temps que l’Europe fasse pareil et arrête de creuser notre dette plus pour subventionner tout ça inutilement, en acceptant de brûler toujours plus de Gaz pour compenser l’abscence de stockage derriere les ENRs. Subventionner les panneaux Chinois au prix actuels c’est juste du gaspillage de l’argent public. Il faut tout basculer sur le stockage et même exiger que les nouvelles installations solaires a connecter au Grid dispisent d’un stockage pilotable de 6 a 10h de production pour qu’elles soient utiles.
Un projet de décret annonce la diminution des aides de l’état passant de 892 € à 384 € pour une puissance de 3 kWc et un rachat du surplus passant de 0.131 cts € à 0.04 cts € le kWc. Ce projet est en premier lieu un coût d’arrêt aux investissements dans ce secteur. Comme en 2010, l’état tue un secteur en pleine expansion pour un motif économique de réduction de déficit. Mais celui-ci malheureusement de part l’incompétence de ces ministres et hauts fonctionnaires rédigeant les décrets, ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Il met en péril tout un champs d’activités et met le désespoir auprès des clients dont la pose vient d’être réalisée. C’est la double peine, avec cette diminution de deux tiers de la subvention et du prix de rachat de l’électricité. Ce n’est plus un amortissement sur 8 ans mais sur 25 ans qu’il faut envisager. On vante les énergies renouvelables et on met au tapis un secteur employant plus de 17 000 personnes. Avec une politique ou l’on détricote ce qui a été mis en avant la veille, nous ne sortirons jamais du déclin. Inconscience des politiques, non connaissance des dossiers et des risques engendrés par ces réformes nous allons droit dans le mur. C’est à nous dégouter de voter et de croire encore à une France rayonnante. D.RIBAILLE