D’après pv magazine Espagne
Sara Aagesen, ministre de la Transition écologique en Espagne, a déclaré que, bien que la cause de la panne d’électricité qui a frappé la péninsule Ibérique n’ait pas encore été identifiée — la commission créée par le gouvernement est toujours en cours d’investigation — certains « éléments sont déjà connus ». Lors de la séance de contrôle au gouvernement au Congrès des députés, elle a précisé que les pertes de production se sont produites dans trois provinces : Grenade, Badajoz et Séville.
Elle a également assuré qu’après six réunions de la commission, il est possible de conclure « clairement » que l’incident n’était pas lié à un manque de production programmée pour couvrir la demande ce lundi-là, ni à un problème de sécurité du système, « ni à la taille des réseaux ». « Il s’agit d’un événement exceptionnel. Nous travaillons à l’identification des causes afin de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise. Notre objectif est de déterminer les causes le plus rapidement possible, et avec certitude, a-t-elle déclaré. Je peux vous assurer que nous ne serons pas guidés par des considérations politiques » dans la recherche des causes, et que « l’analyse repose sur des millions de données ».
Plusieurs événements en quelques secondes
La ministre a présenté une chronologie de l’incident basée sur les données provisoires disponibles, en soulignant que l’analyse « est bien plus complexe que de désigner une seule source de production ».
Apparue mercredi devant la chambre à sa propre demande, Sara Aagesen a rappelé que deux oscillations avaient été enregistrées une demi-heure avant la panne dans le système ibérique, mais également dans le reste du continent. Deux variations des variables du système ont été détectées à 12h03, durant cinq minutes, avec d’importantes fluctuations de tension et de fréquence.
La seconde oscillation, survenue à 12h19, a duré trois minutes. Selon la femme politique, « ce phénomène est plus fréquent dans le système européen, provient du centre-est du continent, oscille par rapport au système synchrone européen, lequel oscille à son tour par rapport à la Turquie. Le gestionnaire de réseau est intervenu pour amortir ces oscillations ».
Après ces événements, la demande atteignait 25 184 MW à 12h30, avec 3 GW de pompage en fonctionnement. Quelques minutes plus tard, un processus progressif de perte de production a commencé. La première perte a été détectée dans un poste électrique à Grenade, trois secondes avant 12h33 (le 28 avril). Dix-neuf secondes plus tard, une perte a eu lieu à Badajoz. Vingt secondes après, une troisième à Séville. Ces trois incidents ont provoqué une perte cumulative de 2,2 GW en quelques secondes.
« Immédiatement après, la phase de déconnexion en surtension en cascade débute, a expliqué la ministre, évoquant des « montées et descentes » de tension. Rapidement, il y a eu un délestage de la demande et une perte de synchronisation, entraînant des pertes d’interconnexion. Elle a précisé qu’à 12h33, la fréquence a chuté, franchissant le premier seuil de délestage (certaines charges n’étaient plus alimentées). À mesure que les pertes se poursuivaient, d’autres étapes de délestage ont été activées. La sixième et dernière étape a été atteinte à 12h33, moment où le réseau électrique péninsulaire a été affecté.
La cause d’une cyberattaque écartée
En résumé, l’opérateur du système REE a tenté sans succès six mesures de délestage pour éviter un blackout total. « Aucune de ces procédures n’a permis d’éviter la défaillance du système, qui a fini par atteindre l’ensemble du réseau péninsulaire », a regretté Sara Aagesen. La raison pour laquelle ces mécanismes de protection ont échoué reste à déterminer. À 12h44, l’interconnexion avec la France a été rétablie. « Dès que le réseau est tombé à zéro, les opérations de rétablissement de l’alimentation ont commencé », a indiqué la ministre.
Sara Aagesen a également écarté pour la première fois l’hypothèse d’une cyberattaque, affirmant qu’« aucun indice ne permet de le penser », ce qu’elle considère comme une « très bonne nouvelle ». Elle a précisé que l’analyse des données avait été étendue au-delà de la matinée du 28 avril, pour inclure une période d’analyse élargie, notamment les jours précédents. Parallèlement, elle a défendu l’engagement de l’Espagne en faveur des énergies renouvelables : « Il ne s’agit pas seulement de durabilité, mais aussi d’autonomie énergétique, de prix compétitifs, de nouveaux investissements et d’une réelle opportunité de réindustrialisation. » Elle a ajouté qu’un mix énergétique plus renouvelable réduit les risques extérieurs, soulignant que les faibles prix de l’électricité en Espagne, grâce à la forte pénétration des renouvelables, représentent « une opportunité que le pays ne peut pas se permettre de manquer ».
Concernant le rôle de l’énergie nucléaire à la lumière de cette panne, la ministre a jugé que lier l’arrêt des centrales à l’incident « n’est pas sérieux ». Elle a rappelé que le calendrier de fermeture a été proposé par les exploitants eux-mêmes, et soutenu par le gouvernement. « Si les entreprises souhaitent proposer un nouveau calendrier, ce gouvernement l’étudiera rigoureusement, à condition qu’il garantisse la sécurité de la population — ce qui nécessite un rapport favorable du Conseil de sécurité nucléaire —, que ce soit économiquement viable, c’est-à-dire sans impact négatif pour les citoyens, et que cela contribue à la sécurité d’approvisionnement », a-t-elle conclu.
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