D’après pv magazine International
Lors d’une web-conférence organisée par pv magazine et consacrée aux technologies solaires et aux modules, les spécialistes ont passé en revue les avancées attendues en matière de cellules back-contact (BC), de pérovskites et de solutions tandem. Molly Morgan, analyste principale chez CRU, a expliqué que, d’après les prévisions internes de l’entreprise, la technologie BC devra conserver un avantage d’efficacité moyen de 1,2 % à 1,3 % sur le TOPCon pour parvenir à une équivalence en coût par watt. « Nous pensons que le back contact atteindra un niveau équivalent et la parité de coûts avec le TOPCon avant la fin de la décennie », a déclaré Molly Morgan. « C’est pourquoi nous anticipons une coexistence des deux technologies entre 2028 et 2030. »
TOPCon reste dominant, mais le terrain se prépare
Le TOPCon reste aujourd’hui la technologie dominante, portée par des coûts de production particulièrement bas. Pour Molly Morgan, la bonne performance du TOPCon explique que certains fabricants temporisent encore avant de s’engager dans le back contact. Elle observe toutefois que de nombreux industriels exposent déjà des lignes pilotes BC et des modules BC lors des salons professionnels. « Même si ces fabricants ne produisent pas encore leurs propres cellules ou modules BC à l’échelle commerciale, ils se préparent activement à basculer du TOPCon standard vers des architectures TOPCon-BC lorsque les conditions de marché seront plus favorables, ce que nous envisageons à partir de 2028 au plus tôt », a ajouté Molly Morgan.
Image : CRU
CRU anticipe par ailleurs que les cellules à hétérojonction auront du mal à s’imposer face au TOPCon, en raison de coûts de fabrication plus élevés, sauf à offrir un avantage d’efficacité significatif. « Et cet avantage nous semble peu probable à atteindre de manière générale », a précisé Molly Morgan.
Les technologies tandem en ligne de mire à partir de 2030
Au-delà de 2030, CRU prévoit une montée en puissance rapide des technologies tandem, tirée par la quête d’efficiences plus élevées. « Seules les structures tandem permettront de franchir de nouveaux seuils de performance », a expliqué Molly Morgan. Les tandems pérovskite-silicium pourraient atteindre des rendements très élevés, certains rapports évoquant déjà 30 % au niveau module. Ed Crossland, directeur technique d’Oxford PV, a rappelé que son entreprise estime le potentiel maximal de cette technologie au-delà de 35 %.
« Notre produit actuel atteint 25 % d’efficacité au niveau module, avec une dégradation sur le terrain d’environ 2 %. En 2027, nous visons 27 % avec un taux de dégradation inférieur ou égal à 1 % », a indiqué Ed Crossland. « À ce stade, la technologie tandem pérovskite-silicium deviendra un choix évident pour bien plus d’applications qu’aujourd’hui. » Radovan Kopecek, directeur de l’ISC Konstanz, partage cette perspective, tout en rappelant que les technologies BC joueront un rôle central dans la transition énergétique avant l’essor massif des tandems. « Si l’on se base sur les prévisions de Molly Morgan, nous parlons d’une production mondiale de 2 à 3 TW à cet horizon. D’ici là, je ne pense pas que les tandems auront gagné une bancabilité suffisante pour être déployés à l’échelle du térawatt », a commenté Radovan Kopecek. « En revanche, plusieurs gigawatts seront certainement réalisés. »
Radovan Kopecek a également souligné le potentiel des tandems à trois terminaux comme solution d’avenir. « Oxford PV pourrait évoluer très rapidement vers cette architecture si les questions d’intégration sont résolues. Nous avons d’ailleurs déposé des brevets visant à interconnecter directement des dispositifs BC et des couches pérovskites sur silicium », a-t-il ajouté. « Reste à savoir si l’avenir passera par des architectures à deux, trois ou quatre terminaux — mais il est clair que ces approches permettront de dépasser les 30 % d’efficacité. »
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