En 2026, le photovoltaïque passe en mode résilience

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Décembre est toujours un moment particulier pour la filière solaire. C’est celui du bilan, quand on attend les chiffres de la capacité installée, quand on commente les évolutions à venir… Mais doit-on vraiment s’attarder sur cette annus horribilis 2025, marquée par une tentative échouée de moratoire, des atermoiements réglementaires et une défiance croissante de la puissance publique ?

Le solaire, accusé d’être tributaire de subventions et de déséquilibrer le réseau, a trop souvent servi de punching-ball médiatique, dans des attaques nourries par les lobbys de droite et d’extrême-droite. Oui, l’année a été rude, mais elle a surtout mis en lumière une évidence : le modèle du solaire tel que nous l’avons connu touche à sa fin. Et c’est peut-être, paradoxalement, une excellente nouvelle : cette transformation offre l’occasion de couper court aux critiques récurrentes des opposants à l’énergie solaire.

Car la filière a entendu les signaux du gouvernement, désormais limpides : dans un contexte budgétaire tendu, l’heure est aux économies. Les tarifs d’achat d’électricité sont rabotés. Sur le segment des 100 à 500 kWc – celui des entreprises, agriculteurs et collectivités – le guichet ouvert a cédé la place à des appels d’offres, censés mieux maîtriser les volumes.

Elle a également su montrer son dynamisme et sa forte capacité de résilience et d’adaptation, comme nous avons pu tous le constater lors du dernier salon Energaïa, où tous les acteurs s’étaient donnés rendez-vous sur les stands et les allées bondés.

La course aux gigawatts installés est terminée

Pour 2026 se dessine donc une mutation plus profonde. L’avenir du solaire ne réside plus dans la course aux gigawatts installés, mais dans sa capacité à rendre service au système électrique, à ajuster l’offre et la demande en temps réel.

Nous entrons dans l’ère de la valeur, non du volume. Produire au bon moment vaudra bientôt plus que produire plus. C’est la logique du capture rate, celle d’un marché où la flexibilité devient un actif stratégique.

Le modèle de l’injection « as produced », indifférente à l’équilibre du réseau, a donc vécu. Certains acteurs l’ont compris et endossent désormais un rôle d’agrégateur, anticipant les signaux de marché pour piloter la flexibilité. D’autres, de plus en plus nombreux, adossent à leurs centrales photovoltaïques des capacités de stockage pour décaler la production et d’atténuer l’effet des prix négatifs. Tous ont un objectif commun : prouver que la filière du photovoltaïque peut vivre – et prospérer – sans subvention.

Un épisode darwinien brutal

Rebattre les cartes d’un modèle économique bâti sur les appels d’offres prendra du temps et suppose une révolution tout autant culturelle que financière. Les banques, elles aussi, doivent jouer le jeu. Elles doivent accepter de financer non plus des projets sécurisés sur vingt ans par un tarif d’achat, mais des modèles hybrides, empilant diverses sources de revenus (stockage, PPA, autoconsommation collective…).

L’année 2025 aura été un électrochoc, un épisode darwinien brutal. Trop d’entreprises du solaire y ont laissé des plumes. Ces licenciements, ces postes non remplacés, voire ces fermetures d’usines se font à bas bruit, sans faire la Une des grands journaux nationaux. Et montrent malheureusement aux autres qu’ils n’ont d’autre choix que de se réinventer, pour s’adapter à la nouvelle donne du marché.

Il est temps d’affirmer haut et fort ces atouts. La filière photovoltaïque doit cesser de subir les attaques, qu’elles viennent du monde politique ou des partisans du nucléaire. Elle doit passer à l’offensive, repenser sa communication et affirmer son rôle stratégique dans l’électrification du pays, sans dépendre des finances publiques.

Toute l’équipe de pv magazine France se joint à moi pour vous remercier pour votre fidélité : vous êtes toujours plus nombreux à nous lire. Nous vous souhaitons de très belles fêtes de fin d’année et nous vous donnons rendez-vous le 2 janvier pour la toute première newsletter de 2026.

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