[Série d’été] Les plus grandes centrales solaires de France : le projet abandonné HyVence (500 MW)

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L’opposition aura eu raison du projet HyVence. Porté par l’entreprise Géosel, en charge des réserves d’hydrocarbures françaises, celui-ci visait à produire 15 000 tonnes d’hydrogène par an. L’électrolyseur aurait été alimenté par de l’électricité provenant d’une centrale solaire flottante de 500 MW installée sur des étangs de saumure. L’investissement était estimé à 700 millions d’euros, aux 2/3 pour la réalisation du parc photovoltaïque et à 1/3 pour l’unité de production d’hydrogène.

Où en est le projet ?

Le projet est aujourd’hui abandonné, du fait de la pression des riverains, des associations locales et des élus. Karim Benbrik, directeur général délégué de Geosel, l’a lui même confirmé : « le projet Hyvence tel qui a été imaginé ne se fera pas », a-t-il déclaré en 2024. De son côté, la Commission nationale du débat public a pris acte de la suspension du projet HyVence de production d’hydrogène à Fos-sur-Mer le 5 février 2025.

Ce qui a coincé ?

Géosel stocke depuis 1969 dans une trentaine de cavités salines situées jusqu’à 1 000 mètres de profondeur du pétrole brut, du diesel, de l’essence, du fuel domestique et du naphta. Cette réserve stratégique de 9,2 millions de m3 est raccordée par un réseau de pipeline au complexe de Marseille-Fos et fonctionne selon un système de va-et-vient : lorsque les hydrocarbures sont déversées à Fos par pipeline, les cavités sont remplies d’eau saumurée. A l’inverse, lorsque les cavités sont pleines d’hydrocarbures, l’eau saumurée est envoyée dans les deux étangs de Lavalduc et d’Engrenier.

L’entreprise avait justifié le lieu d’implantation de son projet par le fait que l’eau saumurée des étangs contenait peu de biodiversité et pouvait être considérée comme “déjà artificialisée”. Une assertion qui a fait réagir les élus et associations locales, qui assurent au contraire que la teneur en sel favorise la prolifération des micro-algues rouges et minuscules crustacés comme l’artemia-salina qui donne sa couleur rose à l’eau et qui sert de nourriture aux flamants.

Il s’agit aussi d’un couloir migratoire pour les oiseaux. « Si ces étangs sont aujourd’hui remplis de saumure issue de cavités creusées dans le sous-sol de Manosque, il reste que ces deux étangs remarquables par leur couleur rose apparaissent inscrits au patrimoine naturel régional, et qu’ils présentent avec leurs rivages et leurs alentours un intérêt écologique avéré et constituent un lieu de promenade prisé », avait confirmé le maire de Saint-Mitre-les-Remparts, Vincent Goyet, dans un communiqué dans lequel il s’opposait au projet.

Par ailleurs, le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi, d’abord favorable au projet, avait également été forcé de faire marche arrière, après des informations du journal local la Provence selon lesquelles il aurait demandé à la Métropole que les étangs classés en zone naturelle au PLU soient déclassés sans information de la population et sans consultation du Conseil municipal, bien avant l’ouverture du débat public.

Face à cette levée de bouclier unanime, la Métropole Aix Marseille Provence, a donc abandonné la procédure de déclassement des étangs Lavalduc et l’Engrenier, enterrant définitivement le projet.

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