Opposition grandissante autour d’un projet de centrale solaire flottante sur les étangs de Fos-sur-Mer

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Porté par Géosel, le projet HyVence vise à implanter un électrolyseur de production d’hydrogène vert alimenté par deux centrales solaires à Fos-sur-Mer (13). Mais tandis que la concertation préalable se déroule sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) du 27 mars au 20 mai, plusieurs collectifs s’opposent à la réalisation du projet, en particulier à l’utilisation des étangs d’eau saumurée de l’Engrenier et de Lavalduc pour installer le parc solaire de 500 hectares et à la construction d’un électrolyseur dans cette zone. « Tout d’abord, nous nous insurgeons contre le fait que les étangs classés en zone naturelle au PLU aient été déclassés sans information de la population et sans consultation du Conseil municipal, bien avant l’ouverture du débat public », indique à pv magazine France Jean-Louis Sanial, porte-parole du collectif “Sauvons nos Etangs (SNE)” qui regroupe aujourd’hui 800 membres.

Il fait ainsi référence à des informations révélées par le journal local La Provence selon lesquelles le maire René Raimondi aurait demandé en novembre dernier à la Métropole que les étangs alors classés en zone naturelle au PLU soient déclassés. « Ce projet de ferme de panneaux photovoltaïques flottants n’est pas situé dans le territoire de la ZIP de Fos, il en est écarté de plusieurs kilomètres. Il s’agit donc d’une extension des industries hors de la zone industrielle par une artificialisation des sols sur 500 hectares, dans le but de produire de l’hydrogène », poursuit Jean-Louis Sanial.

La nature des étangs en débat

Géosel a fait le choix de ces deux étangs pour l’installation de sa centrale photovoltaïque car c’est un terrain qu’elle exploite déjà pour ses activités de stockage d’hydrocarbures dans un système de va-et-vient entre les cavités naturelles. Mais si leur teneur en sel est très forte, les collectifs “Sauvons nos Etangs” et “Golfe de Fos” réfutent l’idée selon laquelle toute biodiversité a disparu. « Geosel-HyVence prétend que l’étang de Lavalduc est mort, cette rumeur est fausse, poursuivent les associations. La biodiversité n’a pas totalement disparu et la teneur en sel favorise la prolifération des micro-algues rouges et minuscules crustacés comme l’artemia-salina qui donne sa couleur rose à l’eau et qui sert de nourriture aux flamants. Il s’agit aussi d’un couloir migratoire pour les oiseaux ».

Outre l’impact de la centrale solaire flottante sur la biodiversité, les collectifs, qui assurent ne pas s’opposer au principe du photovoltaïque, fondent surtout leur argumentaire sur l’impact visuel pour les riverains et pour le tourisme qui sera « catastrophique », selon leurs dires, les étangs étant un lieu de promenade prisée pour les marcheurs et les écuries de chevaux environnantes.

« Il serait de pure mauvaise foi de nier l’utilité et l’importance stratégique du projet HyVence dans l’ère de la construction de l’énergie verte et du renforcement du réseau électrique dans notre secteur, tente de son côté de concilier François Bernardini, maire de la commune voisine de Istres et vice-président de la Métropole, chargé des dossiers industriels. Mais le choix du site, à savoir les Étang de Lavalduc et de l’Engrenier, pose de vraies questions : bien que l’on comprenne la facilité et l’économie pour la société Géosel de retenir un terrain qu’elle exploite déjà, on peut s’interroger sur cette option qui, au final, placera la ville de Fos-sur-Mer dans une enclave, bordée de chaque côté par des sites industriels ».

Quid de la réverbération

Parmi leurs arguments, les opposants au projet HyVence avancent des problèmes liés à la réverbération des panneaux solaires pour les avions militaires de la base stratégique d’Istres (étangs dans l’axe de la piste d’atterrissage située à 3,9 km). « Comme les avions évitent de survoler l’ouest de Fos (13 sites Seveso), ils passent à basse altitude au dessus de ces étangs. Ils devraient aussi survoler une usine d’hydrogène classée Seveso située entre ces deux étangs », remarque Jean-Louis Sanial, porte-parole de “Sauvons nos étangs”.

Une réunion du débat public « Environnement et Sécurité » se tiendra aujourd’hui mardi 16 avril à 18 heures dans la salle polyvalente de l’hôtel-résidence les Aiguades à Port de bouc. L’occasion peut-être pour Géosel de répondre aux arguments de ses détracteurs.

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