CéléWatt construit un parc solaire sur support en bois brut

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Après un premier parc solaire de 250 kW installé à Brengues (Lot) en juin 2018, la coopérative citoyenne d’intérêt collectif CéléWatt construit actuellement un deuxième parc à Carayac, non loin de là. A nouveau d’une puissance de 250 kWc, il devrait être mis en service début 2021. Avec une particularité : toute sa structure est bâtie avec du bois brut. « Notre idée de départ était de valoriser l’emploi local et les ressources naturelles , explique à pv magazine France Bertrand Delpeuch, le président de CéléWatt qui compte 480 sociétaires. Comme nous n’avions pas de marge de manœuvre sur l’origine de nos 746 panneaux monocristallins de 335 Wc, qui nous sont livrés de Chine par la société Talesun, nous avons décidé de nous concentrer sur les poteaux ». Cette région du Lot est en effet riche en forêts de chêne du Causse. Ce bois droit et solide, d’une quinzaine de centimètres de diamètre, est traditionnellement utilisé comme bouchot (support d’élevage) pour la culture des moules en Charente-Maritime. « Remplacer les supports en acier galvanisé du parc solaire par du bois brut venant des forêts à une trentaine de kilomètres d’ici, cela permet d’économiser l’extraction du minerai et son transport depuis la Chine, puis sa transformation qui est effectuée au Portugal », souligne Bertrand Delpeuch, à l’origine de cette idée.

Restait à savoir comment la mettre en œuvre. Pour cela, CéléWatt fait appel à la société d’ingénierie Mécojit à Capdenac-Gare, avec laquelle elle avait déjà réalisé le parc de Brengues. « C’était un véritable pari au départ, se souvient Olivier Saintignan, chef de ce projet chez Mécojit. A notre connaissance, il s’agit du premier exemple de parc avec support en bois brut, non transformé ». Et les contraintes sont nombreuses. « Etant donné que le bois n’est pas usiné en scierie, il faut prendre en compte ses différentes sections et ses imperfections. Il faut ensuite monter la structure sur un sol non plan », précise l’ingénieur. Le tout sans changer le temps de montage, ni le devis initial de 220 000 euros, afin de maintenir le prix de 8 centimes du kWh racheté par Enercoop, sans soutien public.

Le premier prototype comprend alors des liaisons fixes, de type tenon mortaise, et des supports métalliques en équerre. « Ça ne fonctionnait pas, détaille Olivier Saintignan. Il fallait que des liaisons pivots puissent bouger les unes aux autres pour régler les hauteurs et créer un plan ». Finalement, les liaisons par boulonnage et les perçages se font directement sur le terrain et l’assemblage est réalisé par tige filetée boulonnée, qui autorise le mouvement entre les pièces. Les panneaux PV sont fixés sur une panne oméga, qui a une faculté de déformation pour amortir les mouvements naturels du bois. Pour maximiser les caractéristiques mécaniques du bois brut, les 600 chênes sont coupés hors saison de montée de sève et pour éviter toute discontinuité dans les fibres, n’ont pas été sciés dans leur diamètre. Les arbres étant de petit section, ils ont été débardés à l’épaule par une entreprise locale, Le petit chêne noir. « Nous avons réussi à faire travailler plusieurs sociétés de la région, se satisfait Bertrand Delpeuch. Le montage sur supports panneaux a par exemple été réalisé par Ecosolaire à Mauriac, les platines de fixations ont été créées par AFB à Viviez… ».

Pour la longévité, tout a également été fait pour optimiser la durée dans le temps. « Il s’agit d’une essence de bois très résistante et endogène, qui ne craindra pas les fluctuations météorologiques, poursuit Olivier Saintignan. La structure est faite pour s’adapter au mouvement du bois ». Si le risque de colonisation des champignons a été minimisé, des solutions simples de remplacement des pièces ont également été prévues. La stabilité des tables de panneaux sera contrôlée tous les trois ans avec contrôle visuel de la tenue du bois et une révision générale sera opérée lors de la maintenance décennale.

De son côté, pour Mécojit, ce qui était au départ un pari est devenu un nouveau débouché, commercialisé sous la marque « Mécowood », que la société aimerait valoriser dans d’autres projets. « Cette table en bois brut peut avoir bien d’autres applications, comme l’intégration de panneaux solaires dans un abri de stockage de bois ou d’une pompe à chaleur… Les possibilités sont nombreuses », assure Olivier Saintignan.

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