L’Europe pourrait doubler les ambitions de sa stratégie hydrogène

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Un livre blanc commandé par la fondation Breakthrough Energy de Bill Gates suggère que l’ambition de l’Union européenne de déployer 40 GW de capacité d’électrolyseurs d’ici 2030 pourrait en réalité être largement doublée. L’étude s’appuie pour cela des travaux de Material Economics, un cabinet de consultants en transition énergétique basé à Stockholm, qui estime que la demande de 540 TWh d’hydrogène pourrait être atteinte à cette date, alors que les 40 GW de capacités envisagés par l’UE équivalent à seulement 160-200 TWh.

Énergies renouvelables

De plus, l’étude de Material Economics suggère que l’utilisation généralisée et plus ambitieux de l’hydrogène vert profiterait au secteur des énergies renouvelables et nécessiterait 120 GW de capacité de production solaire et éolienne en plus d’ici 2030. Ce chiffre dépasse donc les prévisions réalisées actuellement pour permettre à l’UE d’obtenir 65 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique à la fin de la décennie.

Le livre blanc va plus loin et postule que la demande européenne d’hydrogène pourrait atteindre 1,2-1,4 PWh (pétawatt), ce qui nécessiterait 280 GW de capacité d’énergies renouvelables de plus, juste pour atteindre la fourchette basse de l’estimation. Il faudrait pour cela que les conditions soient réunies, à savoir avec un coût de l’hydrogène vert passant de 4-5 €/kg à 1,70-2 €/kg et un prix du carbone à 50 à 60 €/tonne. La facture européenne pour le passage à un marché de l’hydrogène de 1,2 PWh s’élèverait à 545-690 milliards d’euros, selon le livre blanc, estimé à 90-105 milliards d’euros pour les électrolyseurs; 250 à 300 milliards d’euros pour la capacité de production d’énergie renouvelable; et 30 à 60 milliards d’euros pour les infrastructures de transport; les utilisateurs finaux devant contribuer de 175 à 225 milliards d’euros.

Une longueur d’avance pour l’Europe

Le postulat de la publication est simple: Material Economics estime en effet que l’impact sur le prix du passage de l’hydrogène généré par les combustibles fossiles à l’hydrogène vert doit être répercuté sur le prix unitaire final des produits et non sur les prix de l’électricité. Ainsi, il est trompeur, selon le cabinet, de considérer l’hydrogène vert comme non rentable du fait que son prix de 4-5 € / kg est actuellement plus du double du coût actuel de 1-2 €/kg pour l’hydrogène gris. En effet, il faut y ajouter l’actuel prix du carbone (25 €/tonne, soit 0,30 €/kg). Ainsi utiliser de l’hydrogène vert pour fabriquer une tonne d’acier n’ajouterait en fait que 100 € au prix d’une voiture.

L’Europe a déjà une longueur d’avance, affirme le cabinet, avec une consommation de 300 TWh d’hydrogène, bien que la quasi-totalité soit produite par des combustibles fossiles. En outre, 50 à 60% des start-up spécialisées d’hydrogène sont basées sur ce marché et l’Union européenne possède 25 à 30 % de la capacité d’électrolyseur mondiale. Avec 1,3 mégatonne (Mt), l’Europe possède également le deuxième plus grand volume d’annonces de production d’hydrogène vert au monde, derrière l’Australie, qui en compte 1,5 Mt.

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