Le projet Horizeo de Engie et Neoen suscite la colère d’une association environnementale

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Annoncé officiellement le 11 janvier, le projet Horizeo prévoit l’installation d’un parc solaire de 1 GWc de puissance, d’un électrolyseur, d’un data center et d’une surface d’agrivoltaïsme. Mais pour qu’il voie le jour d’ici 2025-2026, son implantation nécessitera de défricher 1000 hectares de pins maritimes de la forêt de Saucats (Gironde). « Nous avons choisi cet emplacement en particulier en raison de la proximité du poste de transformation RTE de Saucats qui offre une capacité d’injection rare dans la région et en France et qui pourra recevoir les 1 GWc du parc photovoltaïque », justifie Mathieu Le Grelle, porte-parole du projet dans une interview avec pv magazine France.

Mais pour l’association de défense de l’environnement Sepanso (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest), cette décision ne passe pas et installer le parc solaire à cet endroit est un véritable non-sens écologique. « Nous sommes de farouches partisans des énergies renouvelables et du photovoltaïque, mais pas dans n’importe quelles conditions, s’insurge Philippe Barbedienne, représentant de la Sepanso en Gironde. Il faut que ces installations soient vertueuses et cela ne peut pas être le cas quand elles se substituent à la forêt ou à tout autre milieu naturel. D’autant qu’en France, nous ne manquons pas de terrains déjà artificialisés, ni de toitures et de parkings ! ».

2000 hectares replantés

La portion de la forêt en question est actuellement composée de parcelles clôturées utilisées pour la production et la transformation de bois par des entreprises locales et sont également le lieu de deux chasses commerciales par an. Conscientes de la problématique, Engie et Horizeo assurent avoir identifié le problème et ont déjà fait savoir que le défrichement ferait l’objet de mesures compensatoires. « Si nous obtenons l’autorisation de défrichement, nous avons l’intention de compenser avec 2000 hectares de forêt, toujours dans la région Nouvelle Aquitaine pour rester au plus près de la filière locale, insiste Mathieu Le Grelle. Pour cela, nous emprunterons un cycle biologique à la production de pins. En effet, dans le cadre de leur plan de gestion, ces forêts subissent une coupe rase tous les 28 ans pour exploiter les troncs et replanter de nouveaux arbres. Nous ferons donc de même ».

Le porte-parole souligne également que les retours d’expérience des différents parcs photovoltaïques qu’Engie et Neoen possèdent déjà en exploitation dans des milieux similaires serviront de modèle à Horizeo. « Nous voulons être exemplaires dans la préservation de la biodiversité », conclut Mathieu Le Grelle.

Des compensations « trompe-l’œil »

Un argumentaire qui ne convainc pas la Sepanso, qui dit être rejointe dans sa démarche par d’autres associations environnementales de la région. « Ce sont des compensations trompe-l’œil, répond ainsi Philippe Barbedienne. Cela ne compense rien du tout puisqu’au lieu de transformer en forêt des terrains artificiels, on se contente de replanter des arbres dans une forêt qui existe déjà. Il y a donc une perte sèche de 1000 hectares, alors que la forêt perd déjà de 500 à 1000 hectares par an et qu’elle souffre encore des conséquences de la tempête de 1999 ».

Saisie, la Commission nationale du débat public (CNDP) a donc pris la décision le 2 décembre 2020 d’organiser un débat public qui permettra à l’ensemble des parties prenantes de participer à l’élaboration d’Horizeo et d’exprimer leur opinion et leurs réserves. Celui-ci devrait avoir lieu dans la deuxième moitié de 2021.

Un projet à un milliard d’euros

L’investissement est estimé par Engie et Neoen à un milliard d’euros, qui se répartissent à 650 millions d’euros pour le parc photovoltaïque, à 80 millions pour le raccordement, à 40 millions pour la construction de l’électrolyseur, à 200 millions pour le data center qui sera exploité par un tiers, à 20 millions d’euros pour la batterie de 40 MWc et à 10 millions d’euros pour le terrain d’agrivoltaïsme. Environ 20 % de la production du parc sera utilisé en autoconsommation pour l’électrolyseur et le data-center, le reste étant servi par des PPA verts.

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