En introduction à la journée, Xavier Daval, le président de la commission solaire du SER a rappelé que « la réindustrialisation est là. Le marché a grossi et il y a des acteurs. Le signal donné par la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) a été reçu 5/5 par les grands acteurs mondiaux. Avant ils s’intéressaient à d’autres pays… La France dispose de grands centres de recherche, INES, IVPF, etc. Aujourd’hui, il y a un acteur, REC Solar, qui présente une instruction pour construire une usine de 2 GWc de capacité annuelle au début, et qui pourra exporter. » Et le représentant du SER de souligner qu’« aujourd’hui, le marché européen, c’est 18 GWc par an, bientôt 25 GWc. » Il y a aussi Systoli et Voltec qui disposent d’un projet, et en Allemagne, une autre usine est en cours. « Il y a un effet boule de neige, » insiste-t-il.
Néanmoins, a-t-il ajouté, « dans cette dynamique mondiale, je ne veux pas que France soit uniquement acheteur. Une offre française aura une grande valeur. Il y a beaucoup de pays au monde qui ont besoin de cette technologie, sans les moyens de développer eux-mêmes des usines. Par nos travaux, en France, cela permettra de disséminer la technologie ».
La question des volumes
Si le process de retour en Europe de la fabrication de cellules solaires – l’assemblage des panneaux y est déjà présent partiellement – William Arkwright, directeur d’Engie Green, rappelle, lui, qu’il faudra néanmoins prendre en compte le sourcing. En effet, insiste-t-il, la PPE, présente une accélération, avec une multiplication de 3 à 4 des besoins (environ 1 GWc par an aujourd’hui, ndlr). « Si l’on ne regarde, comme développeur, que la production française ou même européenne, nous allons au mur ! » martèle-t-il. « Nous sommes obligés d’avoir une stratégie tous azimuts. (…) La régulation demande de suivre les volumes. »
Si mettre une priorité bas carbone est utile, « un des objectifs est d’ouvrir grands nos achats (…) ce serait dangereux de nous fermer, les fabricants asiatiques ont des stratégies et une capacité à ouvrir et fermer des usines, et répondre à nos besoins. » En outre, la « majorité des industriels nous permettent de répondre aux critères bas carbone imposés par le CRE, » ajoute le représentant d’Engie.
Mobiliser toute une filière
« La question aujourd’hui est de localiser, plus que relocaliser la production et de la développer, » juge-t-il. « Il faut prendre un tournant, nous ne sommes plus dans un marché de fermes solaires, nous nous tournons de plus en plus vers des solutions complexes, des solutions qui intègrent stockage, mobilité, persiennes, trackers, etc. »
Une opinion partagée par Florence Lambert, ex-responsable solaire, hydrogène et stockage au CEA-Liten qui vient de basculer chez Genvia pour s’occuper… d’hydrogène.
« Nous avons en France et en Europe de quoi à entraîner vers l’industrie. Il y a des innovations qui peuvent être formidables, mais s’il faut changer toutes les usines, ce sera un processus long. » Il faut se « projeter dans un référentiel industriel, avec des lignes pilotes, et mettre en place l’étage des équipementiers, qu’on oublie trop souvent, » A-t-elle insisté. Et bien entendu, « il faut développer une technologie à des coûts compétitifs ! » Ainsi, il faut « éviter de sacrifier un segment par rapport à un autre…. Et ne pas attendre que tout soit prêt avant de donner le feu vert, avec une synchronisation de tous les acteurs de la filières, afin de coordonner tous les possibles. »
Comme le souligne l’ex-responsable du CEA, « c’est une course mondiale, il y a un momentum à saisir » en allant vers des technologies là où les technologies asiatiques s’arrêtent pour l’heure. Et de citer en exemple, la technologie de l’hétérojonction qui permet des écrans plats et un haut rendement (au-delà de 23%/24%. La ligne pilote est entre 22% et 23%, et sans oublier les pérovskites. Mais, insiste-t-elle « pour sortir à un coût compétitif, il est nécessaire de conjuguer les performances, et entraîner un écosystème avec des équipementiers ». Avec le CEA et l’INES, un premier transfert de technologie a été effectué à Catane, en Italie, avec une ligne de production lancée il y a 18 mois « qui tourne bien, » indique-t-elle.
Cet essai peut être « transformé en France, avec l’usine de Sarreguemines » initiée par REC Solar. « Nous en sommes aux étapes finales, relève Florence Lambert, l’enquête publique se termine, nous en sommes aux étapes de validation finale, et nous espérons un feu vert très prochainement… Le terrain est aménagé, et nous pouvons avoir une usine très très vite… »
Dans ce cadre, « le travail du chercheur sera en accompagnement », car pour que ces usines soient rentables (elles sont construites pour 30 ans), il faut disposer d’une innovation continue. Cette méthode est compatible également, insiste-t-elle, « avec les initiatives Voltec ou SunStyle d’Akuo ».
Il s’agit en effet aussi de « se préoccuper de l’intégration du solaire de demain : comment ne pas rester en compte entre foncier et alimentaire ? » notamment. C’est la technologie de SunStyle, qui vise à encapsuler le silicium dans des tuiles, c’est aussi la voie de l’organique.
« Aujourd’hui, il y a des acteurs comme Armor, il est donc nécessaire de regarder sur des supports souples, et ne pas miser sur une filière solaire prédominante, il faut regarder les complémentarité, ajoute-t-elle ». Et le « coup d’après le silicium, ce sera avec les perovskites, avec lesquels on ira plus loin dans le haut rendement ». Mais attention, insiste la nouvelle responsable de Genvia, il ne faut pas faire de conclusions hâtives, ne pas sacrifier un acteur par rapport à un autre. » Il est donc nécessaire de cultiver l’innovation pour faire du transfert de technologie. C’est pourquoi, indique-t-elle, il ne faut pas perdre le Comité stratégique de filière, il faut le cultiver au contraire. »
Et le responsable d’Engie Green d’indiquer, de son côté, que « depuis le Comité stratégique de filière, il est possible de monitorer le contenu local des offres. »
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