Albioma dénombre 57 MWc concernés par la renégociation des tarifs d’achat S06-S10

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Lors de la conférence de présentation des résultats financiers d’Albioma, qui a eu lieu ce jeudi 4 mars, Frédéric Moyne, son président-directeur général, a tenu à saluer « la très grande qualité de nos performances de 2020 ». Le producteur d’énergies renouvelables a enregistré l’année dernière un chiffre d’affaires de 506,7 millions d’euros, stable par rapport à l’exercice précédent. Hors effet prix des combustibles (- 13 millions d’euros) et l’effet change lié à la dégradation du réal brésilien (- 7,1 millions d’euros), il est en progression de 4 %.

« Notre résultat net part du groupe (RNPG) est pour sa part en forte hausse de 25 % à 55,3 M€ et notre EDITDA progresse de 13 %, à 206,4 M€ », a poursuivi Frédéric Moyne. Cette croissance est due, toujours selon l’entreprise, à la bonne performance opérationnelle de ses centrales sur l’ensemble des zones malgré la pandémie de COVID-19, à l’effet année pleine des derniers avenants en lien avec les investissements de mise aux normes IED des installations thermiques en Outre-mer et à la conversion à la biomasse de la tranche 3 de la centrale Albioma Le Moule (ALM 3).

Accélération dans le solaire

Si la biomasse, métier historique d’Albioma, continue de représenter 90 % de son activité, la société entend accélérer son développement dans le solaire photovoltaïque. Le groupe possède actuellement 109 MWc de capacités installées dans le monde : 35 MWc en Guadeloupe, Martinique et Guyane ; 35 MWc en France métropolitaine et le reste de l’Europe ; 39 MWc à la Réunion, sur l’île Maurice et à Mayotte. « Sur ce métier, nous avons choisi de nous positionner sur nos zones géographiques connues, à savoir la France métropolitaine et les DOM-TOM, a complété Frédéric Moyne. Nous sommes focalisés sur des toitures de petite et moyenne tailles, ainsi que sur des projets au sol de moyenne taille, sans conflit d’usage, et sur des projets d’innovation, avec un volet stockage notamment dans les zones non interconnectées ».

La production d’électricité de l’activité solaire s’est donc élevée à 125 GWh, à comparer à 121 GWh en 2019, en hausse de 3 %. Celle-ci résulte essentiellement de la mise en service de nouvelles centrales (à La Réunion et à Mayotte), qui a compensé un ensoleillement moindre, notamment en Guyane et en Europe du Sud. L’EBITDA de l’activité ressort à 34,8 millions d’euros en 2020 à comparer à 36,3 millions d’euros en 2019.

40 MWc de projets solaires sécurisés en 2020

Le groupe a poursuivi le développement de son activité solaire, avec le gain de 40 MWc de projets sur l’ensemble des zones. Dans le détail, il a notamment remporté une puissance agrégée de 24,6 MWc lors des appels d’offres gouvernementaux dans les zones non interconnectées (ZNI). Cette puissance se répartit sur 44 projets (25 avec stockage et 19 sans stockage), situés à La Réunion, Mayotte, en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe. La construction de ces projets est prévue à partir de 2021. En France métropolitaine, le groupe a également remporté une puissance agrégée de 12,2 MWc lors des derniers appels d’offres, répartie sur 25 projets (Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Occitanie). La construction de ces projets a débuté en 2020 pour des mises en service prévues en 2021 et 2022.

« Pour la suite, nous attendons les appels d’offres bâtiment, dont les résultats seront annoncés en juin, et l’appel d’offres innovation de 140 MWc pour septembre, souligne Frédéric Moyne. Pour les ZNI en revanche, nous n’avons pas encore de visibilité ». Si l’entreprise dit ne rien s’interdire, elle affirme que ses activités de prospections dans le solaire restent centrées sur la Métropole et les DOM-TOM.

57 MWc concernés par l’évolution du contexte règlementaire contenu dans la Loi de finances 2021 

En revanche, l’entreprise risque d’être affectée par l’article 54 sexies de la loi de finances 2021 votée le 16 décembre dernier qui prévoit la possibilité d’une révision à la baisse des tarifs des contrats d’achat solaires signés entre 2006 et 2010. Les textes d’application précisant le niveau de baisse et les modalités ne sont pas connus à ce jour. « Les modalités d’application devraient sortir d’ici à l’été, sans certitudes actuellement », a ajouté Julien Gauthier, directeur général adjoint d’Albioma. Pour le groupe, les installations concernées représentent 57 MWc et environ 6 % du chiffre d’affaires et 11 % d’EBITDA. À titre indicatif, selon la société, une baisse de 10 % des tarifs conduirait à une perte d’EBITDA de 2 à 3 millions d’euros en année pleine. « Si la baisse est importante, nous pourrions avoir à réaliser une dépréciation des actifs concernés », a affirmé Julien Gauthier.

Diversification dans la géothermie électrique

Parallèlement, Albioma a concrétisé en 2020 sa diversification dans la géothermie électrique. Il a ainsi annoncé en janvier avoir finalisé l’acquisition d’une part majoritaire (75 %) de la société de production d’électricité à partir de géothermie, Gümüşköy (région d’Izmir), les 25 % restant étant acquis par la société Egesim, prestataire industriel reconnu de ce secteur en Turquie. L’acquisition de cette centrale signe l’entrée d’Albioma dans un nouveau métier à forte valeur ajoutée technique, complémentaire à ses métiers historiques de la biomasse et du solaire. Compétitive et locale, la géothermie est une source d’énergie renouvelable disponible 24h/24 et 7j/7 transformant la chaleur venant du sous-sol pour la production d’électricité. À l’instar de la biomasse, la géothermie est une énergie pilotable, qui permet de contribuer à la sécurité des réseaux électriques et facilite le développement d’autres énergies intermittentes comme le solaire.

La centrale de Gümüşköy a été mise en service en 2013 et produit de l’électricité à partir d’une licence d’exploitation expirant à l’horizon 2040 (avec possibilité d’extension pour une période de 10 ans supplémentaires) et de 4 puits de production. Aujourd’hui, la centrale exporte jusqu’à 45 GWh d’électricité renouvelable sur le réseau, et bénéficie jusqu’à fin 2023 d’un tarif en obligation d’achat dollarisé d’environ 105 USD/MWh (Feed-in tariff). Avec le soutien des équipes existantes qui ont été reprises par Albioma, des travaux vont être entrepris sur le site, afin d’en augmenter la production.

Inclusion d’Albioma dans les indices SBF 120 et CAC Mid 60

À la suite de la révision trimestrielle des indices d’Euronext Paris, le conseil scientifique des indices a pris la décision d’inclure Albioma dans les indices SBF 120 et CAC Mid 60 à compter du 19 juin 2020. « L’entrée dans cet indice de référence, qui regroupe les 120 premières valeurs de la place de Paris en termes de capitalisation boursière et de liquidité, représente une nouvelle étape importante pour Albioma qui peut bénéficier des effets positifs liés à une visibilité accrue auprès de la communauté financière », fait savoir l’entreprise dans un communiqué de presse.

Émission du premier « Sustainability-Linked Euro PP » pour un montant de 100 millions d’euros à 7 et 8 ans

Le 7 décembre 2020, Albioma a réalisé l’émission de son premier Sustainability-Linked Euro PP, d’un montant de 100 millions d’euros. Ce placement privé est composé de deux tranches à respectivement 7 et 8 ans, souscrites par des investisseurs institutionnels de premier plan. Les fonds levés ont été utilisés pour refinancer l’Euro PP existant et serviront pour les besoins de financement généraux du Groupe à moyen terme, afin d’accompagner Albioma dans la réalisation de son programme d’investissement. Ce financement, excédant de 20 millions d’euros le précédent Euro PP mis en place par le groupe en 2014 et qui arrivait à échéance le 8 décembre 2020, « témoigne de la dynamique de croissance dans laquelle s’inscrit l’entreprise et de la solidité de ses fondamentaux », poursuit le même communiqué.

Avec sa mise en place, Albioma renforce son engagement en faveur de la transition énergétique, qui constitue l’un des piliers essentiels de sa stratégie de développement. Ainsi, elle s’engage dans le cadre de son financement à atteindre les cibles suivantes d’évolution de son mix énergétique (pour les sociétés consolidées en intégration globale) grâce à la conversion de l’ensemble des centrales historiques du Groupe dans les DOM au 100 % biomasse (abandon total du charbon), dont le mouvement est entamé depuis 2018, et au développement de nouveaux projets ENR, notamment dans le solaire et la géothermie.

  • plus de 80 % d’ENR en 2023, conformément à ses annonces précédentes ;
  • plus de 90 % d’ENR en 2025.
  • le Groupe a pour ambition d’atteindre d’ici 2030 une part d’énergie renouvelable de son mix entre 95 % et 100 %.

En fonction de l’atteinte ou non des objectifs définis, un mécanisme d’ajustement de la marge (bonus/malus) pouvant s’élever jusqu’à 25 points de base fera varier le taux d’intérêt applicable aux obligations.

Objectifs 2021

Pour 2021, le groupe annonce des objectifs d’EBITDA de 206 à 216 millions d’euros et de résultat net part du Groupe de 53 à 59 millions d’euros (y compris l’acquisition de la centrale de géothermie de Gümüşköy en Turquie et hors effets éventuels liés à la Loi de finances 2021). Albioma envisage d’engager entre 600 et 800 millions d’euros d’investissements sur la période 2021-2025.

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