RES avance dans le solaire en France

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“Made in France”

pv magazine : Vous vous investissez davantage dans l’O&M…

Jean-François Petit : Chez RES, nous avons toujours fait de la gestion d’actifs, avec de la gestion à distance des parcs pour optimiser leur fonctionnement et la coordination des actions de nos sous-traitants pour l’opération et la maintenance (O&M). Il y a 18 mois, nous avons décidé d’effectuer en direct les activités d’exploitation et de maintenance pour les propriétaires de nos parcs. Dorénavant, il s’agit de gérer les opérations comme des interventions de remplacement d’équipements lourds ou de pièces de rechange. Et nous avons commencé cette activité via l’éolien, qui est notre métier historique.

Jean-Francois Petit, directeur général de RES

RES

En outre, nous intervenons sur la partie électrique, les postes de livraison, les onduleurs et le courant continu. Nous déployons des équipes depuis notre siège d’Avignon, et différentes agences réparties sur le territoire pour être au plus proche des sites (à moins de 2 h). Nous disposons déjà d’équipes basées à Avignon, Dijon, Bézier, Montpellier et Rouen et envisageons d’ouvrir fin 2021 d’autres agences notamment dans le Sud-Ouest pour les parcs mis en service l’année prochaine. La gestion d’actifs est ainsi coordonnée depuis Avignon avec des équipes en région. Un système de permanence 24h/24 : 2 équipes, matin/soir avec une astreinte est mis en place pour une optimisation de nos interventions.

De plus, la supervision des centrales est assurée en permanence depuis un centre de contrôle à Glasgow. Fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il assure le pilotage à distance de 159 actifs, soit 2,6 GWc d’énergie, répartis à travers le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, la Suède, l’Australie, les États-Unis et la France.

Comment avez-vous vécu l‘année 2020 ?

En 2020, la face visible de notre activité réside principalement dans la production d’électricité qui a bien fonctionné ; ceci est autonome avec un pilotage à distance. Dès le premier confinement, nous avons pris des contacts très tôt avec les ministères pour disposer de toutes les autorisations pour se rendre sur les sites afin d’assurer la poursuite d’une activité d’exploitation tant pour le solaire que pour l’éolien… Ces énergies ont montré une très bonne résilience et ont produit avec une très forte disponibilité sur l’ensemble de l’année.

A cause des protocoles pour les autorisations relatives à la chaine d’approvisionnement, nous avons pris deux mois de retard sur les chantiers en cours. Mais même si nous avons perdu un peu de temps, souvent les mises en service ont été réalisées à quelques semaines près comme prévu.

En revanche, toutes les activités de développement ont pu se faire à distance, il faut juste noter un ralentissement dans les obtentions de permis de construire dans cette phase.

Mais compte tenu du temps de développement de nos projets, entre 4 à 6 ans, l’effet de la crise de 2020 se fera seulement sentir dans deux, trois ou quatre ans. La seule difficulté réelle a résidé dans la gestion des équipes dans le temps.

Pour finir sur une note positive, nous avons digitalisé beaucoup de choses, avec du télétravail sur l’ensemble de l’activité. Un virage que nous avions déjà entamé avant les annonces liées à la crise sanitaire. Pendant les périodes de confinement, le télétravail a été mis en œuvre pour quelque 250 personnes sauf les interventions sur sites. En outre, nous avons gardé une présence dans les bureaux pour la gestion des courriers, livraisons et l’accueil de quelques visiteurs…

Côté solaire, quelle est votre ambition ?

Nous gérons un peu plus de 770MW éolien et solaire opérationnels, dont une centaine de mégawatts solaires. Pour le solaire, nous ne nous sommes pas lancés dans les premiers, et le décollage a été un peu lent, avant une relance importante il y a quatre ans. A moyen terme, nous visons une activité équivalente voire supérieure à celle de l’éolien. L’an dernier, nous avons déjà atteint les 130 MWc, cette année nous visons les 300 MWc d’autorisations. Il faut ensuite remporter les Appels d’Offres CRE pour obtenir un tarif pour ces projets.  Nous avons eu un taux de succès de 100% sur les derniers appels d’offres et sommes très optimistes pour l’avenir.

Nous avons également consolidé une équipe dédiée au solaire, le rythme de développement d’un projet solaire n’est pas le même que celui d’un projet éolien. En outre, nous nous concentrons sur quelques filières. D’abord, sur le PV au sol, de moyenne à grande taille (de 5 MWc à 100 MWc). Pour l’heure, la plus grande centrale PV en exploitation fait 42 MWc mais nous travaillons en ce moment sur un projet de 80 à 100 MWc. Le gros de notre portefeuille est plutôt entre 5 MWc et 30 MWc. Cependant, nous avons arrêté le développement des ombrières et nous ne faisons pas d’installations sur les toitures.

Notre ambition est de produire de l’énergie accessible à tous, ce qui veut dire la moins chère possible. La vision de RES est un avenir où chacun à accès à une énergie décarbonée et abordable.

Dans le cadre des appels d’offre CRE, nous « sortons » aujourd’hui des projets solaires à moins de 55 euros/MWh, tarif fixé pour 20 ans. Compte tenu de la tendance des prix de l’électricité à la hausse, on peut déjà affirmer que les énergies renouvelables, le solaire comme l’éolien, ne sont plus subventionnées.

Y-a-t-il d’autres pistes que vous explorez en matière de solaire ?

Nous explorons certaines innovations, comme l’agrivoltaïsme et les projets de centrales flottantes, notamment parce qu’il y a du volume potentiel sur cette dernière filière. Notre stratégie ne consiste pas à « aller sur des coups », nous n’envisageons que des segments récurrents avec un positionnement de marché significatif.

Il y a un vrai marché sur l’agrivoltaïsme. Nous travaillons par exemple avec Ombrea, pour l’heure sur de petits projets d’une cinquantaine de kWc. Nous allons faire un prototype, pour pouvoir passer ensuite à des projets plus grands… Nous explorons plusieurs technologies, et il peut y avoir des complémentarités entre l’agriculture et la production d’énergie solaire.

La question de l‘acceptabilité est-elle un sujet de préoccupation ?

Il y a un décalage entre l’acceptabilité sur les territoires, qui est réelle et la perception de l’acceptabilité par certaines sphères plus centrales et nationales. Il est évident que le développement du photovoltaïque ne doit pas se faire au détriment de l’activité agricole ni sur des zones à fort enjeux environnementales.  Il existe des surfaces à faibles enjeux ou même des zones forestières dévastées par les tempêtes de ces dernières années, il faut en faire une priorité.

Et le stockage ?

Le modèle de RES consiste à privilégier la réalisation de projets de stockage de grande dimension, au-delà de 10MW en général. Pour trouver un équilibre économique, il faut coupler plusieurs services, comme c’est le cas aux Etats Unis, en Angleterre où RES a une longue expérience sur le marché du stockage d’énergie avec des projets jusqu’à 100MW.

En France, RES a remporté 2 projets lors de l’appel d’offre RTE pour le marché de capacité long terme : 2x30MW.

Le couplage de projets de stockages à des projets éoliens ou solaires, à court terme, ne présente pas un modèle économique qui permet de justifier à lui seul de tels projets.

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