Le dernier rapport mondial sur les ENR de REN21 montre que l’écart se creuse entre objectifs et actes

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Le nouveau rapport de REN21 constate que « la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique total est aussi élevée qu’il y a dix ans (80,3% en 2009 contre 80,2% en 2019) et la part des énergies renouvelables n’a que légèrement augmenté ». Même avec la baisse historique de la consommation d’énergie l’année dernière, les cinq membres du G20 ayant pris des engagements en matière d’énergies renouvelables pour 2020 – l’UE-27, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni – peinaient à atteindre leurs objectifs. Les 15 autres n’en avaient tout simplement pas.

« Nous nous réveillons pour constater avec amertume que les promesses en matière de politique climatique ces dix dernières années n’ont été pour la plupart que de vaines paroles. La part des combustibles fossiles dans la consommation finale d’énergie n’a quasiment pas diminué », déclare Rana Adib, directrice exécutive de REN21. Or, « passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables est une étape nécessaire et faire des énergies renouvelables la norme n’est pas une question de technologie ou de coûts, » insiste REN21.

Le secteur de l’électricité a déjà fait des progrès considérables. Aujourd’hui, la quasi-totalité des nouvelles installations électriques sont renouvelables. Plus de 256 GW ont été ajoutés dans le monde en 2020 – dépassant le précédent record de près de 30%. Dans un nombre croissant de régions, dont certaines parties de la Chine, de l’Union européenne, de l’Inde et des États-Unis, il est désormais moins coûteux de construire de nouvelles centrales éoliennes ou solaires photovoltaïques que d’exploiter les centrales au charbon existantes. Ces progrès pourraient et devraient être transposés dans tous les autres secteurs.

« La transition vers les énergies renouvelables s’accélère parce qu’elle est rentable et écologique. L’électricité renouvelable crée déjà des millions d’emplois, permet aux entreprises de réaliser des économies et offre un accès à l’énergie à des millions de personnes. Mais les entreprises et les gouvernements doivent aller plus vite, non seulement pour l’environnement, mais aussi pour rester compétitifs dans une économie du XXIe siècle alimentée par des énergies renouvelables », déclare Sam Kimmins, directeur de RE100 dans un communiqué de REN21 publié ce jour.

Le rapport souligne la vague d’engagements forts pris en 2020 en matière de lutte contre la crise climatique. Cette vague comprend les objectifs de neutralité carbone (ou « net zéro ») de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. Associés aux annonces du financement de la relance économique verte – portant les dépenses publiques à des niveaux supérieurs à ceux du plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale -, ces engagements auraient dû faire de 2020 l’année d’un redémarrage mondial en matière d’économie climatique et d’énergies renouvelables. Mais au lieu d’initier cette mutation, les plans de relance accordent six fois plus d’investissements aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables, constate REN21.

« Les gouvernements ne doivent pas se contenter de soutenir les énergies renouvelables mais aussi de mettre rapidement hors service les centrales à combustibles fossiles. Un excellent moyen pour accélérer le développement est de faire de l’adoption des énergies renouvelables un indicateur clé de performance pour toutes les activités économiques, tous les budgets et tous les marchés publics. Ainsi, chaque ministère devrait avoir des objectifs et des plans à court, moyen et long termes pour passer aux énergies renouvelables, ainsi que des échéances claires pour la sortie des combustibles fossiles », conclut Rana Adib.

Et la France ?

Tandis que la France s’était dotée d’un objectif spécifique pour la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie finale en 2020, elle n’a pas réussi à l’atteindre, insiste REN21. L’objectif était de 23%, or, les énergies renouvelables ne représentaient qu’environ 17% de la consommation finale totale d’énergie de la France en 2019 (et à peine 20% en 2020).

La France se classe cependant 11e mondialement en termes de capacité renouvelable installée (51 GW) et 3e pour ce qui est de la demande de chauffage à partir de bioénergies dans les bâtiments. Néanmoins, pour ce qui est de la capacité de production d’énergie renouvelable par personne, hors hydroélectricité, fin 2020 (en kilowatts par personne), la France est à la 22e place, avec 0,5 kW/h.

Pourtant, « le plan de relance COVID-19 de la France a inclus 7 milliards d’euros (8,6 milliards de dollars) pour soutenir la rénovation des bâtiments – y compris des incitations à la chaleur renouvelable – dans le cadre d’un objectif plus large de rénovation de l’ensemble du parc immobilier du pays d’ici 2050 ». En outre, la France a été l’un des trois pays à inclure des conditions “vertes” dans ses mesures de relance du secteur de l’aviation (avec l’Autriche et la Suède, exigeant une réduction de 50 % des émissions et un minimum de 2 % de carburant renouvelable d’ici 2030). La France a été l’un des principaux installateurs d’énergie éolienne au monde en 2020. Le pays a ajouté 1,3 GW, ce qui le place au quatrième rang de l’UE-27, derrière les Pays-Bas (2 GW supplémentaires), l’Espagne (1,7 GW) et l’Allemagne (près de 1,7 GW), et au huitième rang mondial, juste devant la Turquie et l’Inde. De plus, la France était le premier marché européen pour les pompes à chaleur, avec 394 000 ventes en 2020, suivie par l’Italie et l’Allemagne. Enfin, la France est l’un des deux seuls pays à avoir adopté de nouvelles politiques et de nouveaux objectifs pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur ferroviaire (avec l’Inde).

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