Cette étude complète la version actualisée des cartes de l’EHB publiée le 13 avril 2021. Le rapport étudie les futures tendances de demande, d’approvisionnement et de transport d’hydrogène à travers l’Europe. Pour l’UE et le RU, la demande d’hydrogène estimée à l’horizon 2050 est de 2 300 TWh (dont 2 000 TWh en UE) soit 20 à 25% de la consommation totale d’énergie à cet horizon.
Le transport par canalisations, qu’il soit dans l’UE ou avec les pays transfrontaliers de l’UE (Maghreb, Moyen-Orient…), est une solution plus compétitive que le transport par voie maritime ou indirectement par lignes électriques, insiste l’étude. Les cartes de l’EHB d’avril dernier montrent un réseau d’hydrogène de près de 40 000 km reliant 19 pays de l’UE, ainsi que le Royaume-Uni et la Suisse dès 2040
L’hydrogène est essentiel pour la décarbonation de l’industrie, en particulier la synthèse de produits chimiques (comme l’ammoniac et les produits chimiques à forte valeur), la production d’acier, ainsi que la production de carburants. L’hydrogène devrait également jouer un rôle majeur dans l’approvisionnement d’électricité bas-carbone et renouvelable pilotable, en tant que carburant pour la mobilité lourde et, dans certains pays, pour le chauffage des bâtiments.
La demande totale d’hydrogène attendue pourrait être satisfaite par de l’hydrogène renouvelable (H2 « vert ») produit dans l’UE et au Royaume-Uni, en utilisant de l’électricité renouvelable. Néanmoins, la production domestique d’une telle quantité d’hydrogène renouvelable est sujette à l’acceptabilité sociétale, notamment en termes d’accélération des capacités installées de renouvelables mais aussi de financement, de réglementation et de définition des standards de qualité. Les coûts de production de l’hydrogène renouvelable devraient baisser, en permettant un développement accéléré. Outre l’hydrogène renouvelable, de grandes quantités d’hydrogène bas-carbone peuvent être produites en Europe à un coût relativement bas, afin de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et accélérer la transition énergétique.
L’étude de l’EHB estime qu’à partir de 2040, le potentiel d’approvisionnement en hydrogène vert en Europe peut suffire à satisfaire la demande européenne d’hydrogène prévue dans tous les secteurs à des niveaux de coûts inférieurs à ceux de l’hydrogène gris et d’autres solutions fossiles, plus le prix du CO2. En 2050, la quasi-totalité des 4 000 TWh d’hydrogène vert potentiels peut être produite à un prix inférieur à 2,0 €/kg, dont 2 500 TWh peuvent être produits à moins de 1,5 €/kg et environ 600 TWh à 1,0 €/kg ou moins. Pour répondre à la totalité de la demande d’hydrogène prévue en 2050 (2 150-2 750 TWh), il faudrait environ 2 900-3 800 TWh d’électricité renouvelable dédiée.
Toutefois, la production de telles quantités d’hydrogène vert dans l’UE et au RU est soumise à l’acceptation par le public d’une expansion accélérée de la capacité renouvelable installée, même au-delà de l’expansion actuellement prévue.
Outre l’hydrogène vert, l’Europe dispose également d’un important potentiel de production d’hydrogène « bleu ». L’offre est pratiquement illimitée, car l’approvisionnement en gaz naturel et le potentiel de stockage du CO2 dépassent la demande totale prévue d’hydrogène. Les coûts de production de l’hydrogène bleu devraient être de 1,4 à 2,0 €/kg à des prix modérés pour le gaz naturel et le CO2, mais ils pourraient atteindre 1,6 à 2,3 €/kg dans les années 2030 et 2040 si les prix du CO2 continuent d’augmenter.
L’étude démontre également que les importations d’hydrogène par canalisation peuvent compléter les productions européennes à des coûts attractifs.
Les réseaux indispensables et compétitifs
Les infrastructures de gaz existantes reconverties seront en effet primordiales pour relier zones d’offre et zones de demande d’hydrogène, insiste l’EHB. Les canalisations d’hydrogène représentent l’option la plus compétitive pour le transporter en grande quantité et sur de longues distances, avec un coût de 0,11-0,21 €/kg pour 1 000 km, inférieur au transport maritime pour les distances habituelles en Europe et dans les régions voisines, indique le rapport. L’étude montre également que, pour le transport d’énergie en grande quantité et lorsque le produit fini visé est l’hydrogène, les canalisations sont une solution plus compétitive que les lignes électriques délivrant la même quantité d’énergie, et ce même sans inclure les coûts de flexibilité pour le système électrique comme le stockage d’énergie.
En France, GRTgaz et Terega sont membres de l’EHB.
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