L’acteur de la semaine : Lagazel essaime ses ateliers de fabrication en Afrique

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Créée en 2015 par Arnaud Chabanne et son frère Maxence, l’entreprise Lagazel, spécialiste de la fabrication de lampes et de kits solaires en France et en Afrique, a choisi dès ses débuts un modèle différenciant basé sur une production locale, loin des circuits d’approvisionnement à bas coûts en Asie. « L’objectif de Lagazel est de contribuer à la création d’emplois et de fournir un service après-vente de qualité et de proximité, souligne Claire Le Ster, responsable communication et marketing. De fait, notre idée est de répliquer des ateliers de production de taille moyenne dans plusieurs pays d’Afrique ».

L’usine de Lagazel à Débougou au Burkina Faso.

Image : Lagazel

Après un premier site ouvert à Dédougou au Burkina Faso en octobre 2016, la jeune entreprise dont le siège social se situe à Saint-Galmier (dans la Loire, en France), inaugurera le 7 octobre une deuxième localisation à Porto Novo au Bénin, qui emploiera une dizaine de personnes. L’investissement s’élève à un million d’euros, financé pour 50 % sur fonds propres et pour 50 % via des soutiens financiers, dont celui d’un fonds américain.

Les deux ateliers fabriquent les produits phare de l’entreprise. A commencer par les lampes solaires KALO, conçues en métal, en raison du faible coût, de la robustesse et de la recyclabilité du matériau. Elles sont équipées d’un petit panneau solaire de 1,2 à 2,4 Wc permettant jusqu’à 38 heures d’éclairage en mode éco et la recharge du téléphone portable. L’entreprise propose également des kits solaires autonome pour site isolé, de 10 Wc, 50 Wc et 150 Wc, avec une batterie allant jusqu’à 22 A/h, permettant de couvrir les besoins de base d’un foyer (recharge de téléphones, ampoules, ventilateur…).

L’atelier de Débougou au Burkina Faso produit entre 60 000 et 80 000 lampes solaires par an.

Image : Lagazel

Pour les écoles ou les collectivités, Lagazel fournit une station de recharge collective, permettant la recharge simultanée de 40 lampes solaires KALO. Alimentée par un à deux panneau PV de 55 Wc, elle est composée d’un rack de fixation pour les lampes et d’un système électronique permettant la régulation de la charge. « Les élèves mettent en charge leur lampe solaire à l’école et repartent le soir avec une lampe chargée permettant d’éclairer la maison, de faire leurs devoirs… », décrit Claire Le Ster. A ce jour, environ 300 stations ont été fournies à une cinquantaine de projets au Mali, au Togo, au Sénégal… La plupart de ces solutions sont vendues en BtoB, soit à des distributeurs commerciaux ou des instituts de micro-finance, soit à 50 % dans la cadre humanitaire, via des ONG, des agences d’électrification rurale ou les Nations-Unies.

Enfin, la borne lumineuse solaire KENE (lumière en langue locale dioula) est munie d’un système de détection crépusculaire et permet, grâce à ses batteries de 1500 et 3000 mA, d’éclairer toute la nuit des chemins ou des signalétiques avec des luminosités de 70 ou 100 lumens. Celles-ci sont également commercialisées en France, en particulier pour les campings, et sont fabriquées par  l’entreprise adaptée ITHAC, qui emploie des personnes en situation de handicap à Saint-Etienne (42).

Les bornes solaires sont également fabriquées et vendues en France pour la signalétique en extérieur. Elles éclairent toute la nuit à 70 ou 100 lumens.

Image : Lagazel

En plus de l’atelier du Burkina Faso qui emploie une vingtaine de personnes, pour une capacité de 60 000 à 80 000 lampes solaires par an, celui de de Porto Novo fait travailler une dizaine de personnes pour commencer. « Chaque atelier est dirigé par un ingénieur, responsable de la production, puis le reste des employés est formé sur place aux métiers de soudeur électronique, transformateur de métaux, assembleur, contrôleur qualité, toujours dans le but d’augmenter les niveaux de qualification », ajoute Claire Le Ster. Les plaques d’acier prédécoupées sont importées en Afrique à plat puis mises en forme sur place grâce un outillage adapté. Les ampoules, les cartes électroniques et le câblage est également soudés localement, tout comme l’assemblage final. Si pour l’heure, les panneaux PV de la société allemande OPES Solutions sont importés, Lagazel mène actuellement un projet de recherche autour de l’encapsulation des cellules. « Jusqu’ici, nous ne faisons que la partie cadre métallique, détaille Claire Le Ster. Notre idée serait d’encapsuler sur place les cellules pour avoir plus de flexibilité sur la taille des panneaux et accroître notre valeur ajoutée ». Afin d’élargir sa gamme de produits, une nouvelle activité a été créée sur le site de Dedougou dans l’assemblage de packs batteries, constitués de batteries neuves, mais aussi de batteries usagées reconditionnées. La société travaille également sur le lancement fin 2021 un totem solaire, destiné à recharger 16 téléphones simultanément.

Le personnel est formé sur place aux métiers de soudeur électronique, d’assembleur, de contrôleur qualité… Ici dans l’atelier de Porto Novo au Bénin.

Image : Lagazel

Lagazel, dont le chiffre d’affaires actuel tourne autour de 800 000 euros, ambitionne d’ici cinq ans d’ouvrir cinq ateliers de fabrication sur le continent africain, ce qui représente une cinquantaine de personnes formées et employées dans les ateliers de fabrication. Elle vient ainsi de démarrer l’assemblage des stations solaires (produits plus volumineux) au Sénégal. Au Mali, en République du Congo et en Haïti, elle est en discussion avec des partenaires locaux pour créer un centre de formation. Pour la croissance de ses activités, Lagazel a également conçu un atelier de fabrication clés-en-main L-Box, qui permet dans un simple container de déployer des petites unités de production n’importe où en Afrique. Grâce à l’utilisation de panneaux solaires en toiture, il peut fonctionner en toute autonomie y compris dans une zone non électrifiée et s’adresse aux partenaires locaux (organisations de la société civile, institutions locales, entreprises, investisseurs) pour proposer des solutions adaptées aux problématiques plus complexes comme l’émergence d’une filière de retraitement local des composants en fin de vie.

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