Six collectifs agricoles de l’Yonne adoptent l’agrivoltaïsme

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Régulièrement pénalisés par les sinistres climatiques successifs (gel, grêle, sécheresse et canicule) qui impactent directement le coût du système assurantiel des exploitations, 60 agriculteurs du département de l’Yonne, regroupés dans six collectifs agricoles, ont fait le choix d’expérimenter un nouveau filet de sécurité et d’adopter l’agrivoltaïsme. Ils ont en effet tous en commun d’être installés sur des terres à très faibles rendements, peu profondes et caillouteuses, et exposés à la pression accrue du dérèglement climatique. « Au regard des contraintes naturelles qui caractérisent la zone intermédiaire, un rééquilibrage des aides doit intervenir afin de doter les exploitations de ladite zone d’un filet de sécurité en matière de modèle économique durable », souligne d’ailleurs la Chambre d’agriculture de l’Yonne.

C’est pourquoi les agriculteurs se sont tournés vers l’entreprise GLHD (Green LightHouse Développement) pour envisager des solutions techniques et consolider le modèle économique de leurs exploitations. Créée à Martillac près de Bordeaux en février 2018, GLHD ont, aux côtés de ses fondateurs David Portales et Jean-Marc Fabius, pour partenaires et actionnaires majoritaires Cero Generation et EDF Renouvelables.

L’ensemble des projets représenterait une puissance installée de près de 600 MWc, soit environ 1% de la consommation énergétique régionale qui s’est fixé un objectif de 32 % à l’horizon 2030. À Arcy-sur-Cure, l’association des « Champs ensoleillés du Beugnon » regroupe ainsi 6 exploitants principalement céréaliers. Leur projet vise à installer une éleveuse ovine et à tester des cultures nouvelles telles que la luzerne et les plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM). La prise en compte des enjeux environnementaux a conduit à réduire la surface du projet de 160 ha à 130 ha. Après avoir pris conseil auprès de la Fédération Nationale Ovine (FNO) et d’autres pairs, ils ont dimensionné techniquement, juridiquement et économiquement le projet d’installation d’une nouvelle exploitation ovine à Arcy-sur-Cure, afin d’offrir à l’éleveuse de bonnes conditions d’entrée et une perspective de circuit court pour faire vivre l’élevage.

À Blannay et Voutenay-sur-Cure, les 7 agriculteurs de l’association « Agribio Energies », voisins de parcelles, ont pour objectif de développer une agriculture biologique et de mettre en œuvre des cultures résilientes sur une surface de 90 ha. Leur projet intitulé « Les récoltes du soleil » se concentrent sur des cultures basses en agriculture biologique : luzerne, soja, épeautre, lentille, ainsi que des cultures auxiliaires de type mélange prairial afin de permettre à un éleveur de St-Père d’accéder à du foncier agricole sécurisé pour agrandir sa troupe ovine et y faire paître son cheptel.

Sur les communes de Arthonnay, Quincerot, Mélisey, Thorey, Trichey, Rugny et Quincerot, 15 exploitations agricoles se retrouvent au sein de l’association des Energies des HautsPlateaux de l’Yonne (EHPY) pour représenter une surface mutualisée de 200 ha de terres peu profondes et caillouteuses. À ce jour, les projets étudiés concernent principalement la production de céréales bio, la culture de PPAM et l’élevage ovin. L’ambition est de commercialiser les productions sous une marque locale et de contribuer à la réflexion portée par l’intercommunalité qui a un projet de cuisine centrale.

Création de 20 km de haies

À Noyers, Censy et Annay-sur-Serein, les 12 membres de l’association des « Champs solaires nucériens » ont d’abord étudié une zone de 320 ha de sols argilo-calcaires très superficiels à très faible réserve utile. Dans ce contexte pédoclimatique complexe, les seuils de rendement baissent année après année. L’évitement des enjeux environnementaux et paysagers a conduit à sélectionner une surface de 190 ha. Le projet agrivoltaïque vise à réintroduire l’élevage ovin sur ces plateaux par l’installation de jeunes agriculteurs mais aussi par la pratique de la polyculture élevage avec certains exploitants. L’élevage de poulets de chair et de poules pondeuses sont projetés tout comme la mise en place de nouveau ateliers agricoles de plantes aromatiques (thym, origan, sauge, romarin) et de truffières.

L’association agrivoltaïque de Grimault, à l’initiative du projet de ferme agrivoltaïque de Villiers-la-Grange, regroupe 11 agriculteurs sur une zone d’étude de 80 ha de terres à très faibles rendements. Le projet est hybride : élevage ovin en pâturage tournant dynamique, production céréalière, culture de plantes aromatiques et productions truffières.

Enfin, à Précy-le-Sec, le collectif « Précy Agrivoltaïque » regroupe 11 exploitants installés sur des terres à très faibles rendements, peu profondes et caillouteuses. Sur leur zone de projet d’une surface de 110 ha, ils cherchent à diversifier l’activité pour gagner en résilience. La réflexion s’oriente en grande partie sur de l’élevage ovin.

Par ailleurs, les projets agrivoltaïques entraîneront la création de 20 kilomètres de haies en bordures des parcelles, identifiées comme solution privilégiée pour participer à la lutte dans le changement climatique et dans le soutien à la biodiversité.

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