[Série Régions] La Corse dans l’attente de sa nouvelle PPE 2019-2028 et des appels d’offres

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Elle est attendue depuis de longs mois par les professionnels corses de l’énergie. La révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été adoptée par l’Assemblée de Corse le 30 mars dernier. Selon nos informations, elle doit maintenant être maintenant être validée par les différentes commissions nationales (environnement, CSE..), qui émettront des recommandations. Suite à ces dernières, une version finale sera rédigée et fera l’objet d’un décret.

Le projet de texte acte la construction de la centrale du Ricantu, à Ajaccio, qui fonctionnera désormais à la biomasse liquide pour une mise en service en 2027. Il fixe aussi et surtout les nouveaux objectifs pour le photovoltaïque sur l’île de Beauté : « sur la période 2019-2028, il faudra installer 270 MWc de capacités solaires supplémentaires », détaille Cyrille Monti, Chargé d’affaires énergie électrique à l’Agence d’Aménagement durable, d’Urbanisme et d’Energie de la Corse, à pv magazine France. A fin 2022, la Corse disposait de 218 MW de PV, dont 145 MWc au sol et 73 MWc en toiture. A l’heure actuelle, le mix de production électrique de la région se répartit donc entre un tiers de centrales thermiques, un tiers d’énergies renouvelables et un tiers de connexion avec la Sardaigne, via la liaison SACOI (SArdaigne-COrse-Italie).

La centrale solaire de Corsica Sole, à Giuncaggio en Corse.

Photo : Corsica Sole

Pour Cyrille Monti, ces objectifs sont donc tout à fait atteignables, sachant que depuis 2019, 65 MW ont déjà été installés (dont 22 MW au sol et 43 MW sur des toitures inférieures à 500 kWc) et qu’environ 80 MWc sont dans la file d’attente (dont 47 MWc au sol et 30 MW en toiture). Les développeurs solaires sont d’ailleurs dans les starting-blocks. « Nous avons dans notre pipeline plusieurs dizaines de MWc prêts à être déposés aux appels d’offres », souligne Paul Antoniotti, président de Corsica Sole, producteur d’énergie solaire spécialisé dans les ZNI et le stockage, qui possède déjà 50 MW de PV installé en Corse.

Mais depuis deux ans, « le développement du photovoltaïque est pratiquement à l’arrêt », regrette le PDG. Sans nouvelle PPE, la Corse n’a plus eu d’appel d’offres depuis 2020 et attend la publication des nouveaux cahiers des charges. De même, les acteurs attendent la publication de l’arrêté tarifaire pour le guichet ouvert pour les centrales sur toitures de plus de 500 kWc. Aucune date n’a encore été avancée. Enfin, un arrêté fixant un tarif d’achat spécifique pour la Corse et les Outre-Mer devrait être publié prochainement pour permettre un passage du tarif d’achat pour le photovoltaïque de 126 €/MWh à 175 €/MWh, soit une hausse de 35 %.

La contrainte du foncier entre mer et montagne

Toujours est-il que les nouveaux objectifs de 270 MWc de PV jusqu’en 2028 devront aussi prendre en compte la forte contrainte sur le foncier sur l’île. Ils sont répartis entre 170 MWc pour le PV au sol, 20 MWc pour les toitures de plus de 500 kWc et 80 MWc pour les toitures de moins de 500 kWc. Concernant le solaire au sol, le gouvernement corse espère une meilleure répartition géographique. toiture. « Pour l’heure, une majorité des projets est installée en plaine orientale, constate Cyrille Monti. Mais pour des raisons de saturation du réseau et d’acceptation de la population, il est important d’assurer un plus grand foisonnement ».

C’est pourquoi un système à points, créé à partir d’une grille d’analyse, va être mis en place pour mieux répartir les projets sur toute la Corse. Concrètement, si un développeur choisit de s’installer dans une région privilégiée par le gouvernement, il pourrait lui être plus facile d’obtenir un avis favorable de la collectivité. En zone montagneuse, les parcs photovoltaïques pourraient aussi couplés à des activités ovines ou de l’apiculture, pour éviter le vol de ruches.

L’installation de stockage autonome de 10 MWh de Corsica Sole fournit un service de report de charge au gestionnaire de réseau EDF.

Image : Corsica Sole

Mais pour Paul Antoniotti, cela ne règle pas la question du millefeuille administratif de toutes les règles d’urbanisme, entre la loi littoral et la loi montagne. En tout, sur 360 communes, seule une n’est encadrée ni par l’une ni par l’autre. « Nous sommes dans un cadre extrêmement strict, car nos terrains doivent à la fois obtenir un permis de construire et être éligibles aux critères de la CRE, notamment en ce qui concerne les autorisations de défrichement, constate le PDG. Nous demandons donc que la CRE accepte dans les ZNI que lorsque l’on dispose d’un permis de construire, le terrain soit également éligible aux appels d’offres ».

Priorité au stockage seul

L’autre clé de voute du développement du photovoltaïque dans la ZNI (zone non interconnectée) reste le stockage. Corsica Sole a ainsi mi en service cinq centrales au sol avec stockage et de 17 hangars avec stockage basse tension. Depuis octobre 2021, le groupe exploite aussi la première centrale de stockage seul de 10 MWh de stockage. Tout comme dans les autres ZNI, EDF et la CRE privilégient désormais le stockage seul, plus flexible et plus facile à piloter. La nouvelle PPE prévoit ainsi que 20 MW supplémentaires de stockage, soit 40 à 80 MWh/jour, seront installés d’ici à 2028.

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