L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a publié un rapport qui évalue la situation de l’approvisionnement mondial en matières premières critiques nécessaires à la transition énergétique. Les conclusions de la recherche encouragent la diversification des chaînes d’approvisionnement pour limiter les risques géopolitiques auxquelles elles sont sujettes.
« La transition énergétique deviendra l’un des principaux moteurs de la demande de minerais critiques », a expliqué Francesco La Camera, le directeur de l’institution dont le siège se situe à Abou Dabi aux Emirats Arabes Unis. «Le risque de rupture de la chaîne d’approvisionnement n’est pas tant lié à la sécurité énergétique qu’au ralentissement potentiel de la transition, qu’il convient d’éviter. »
Selon l’IRENA, les réserves de minerais nécessaires à la transition énergétique ne sont pas rares, mais les capacités mondiales d’extraction et de raffinage sont limitées. La demande croissante de ces minerais, attendue dans la prochaine année, exacerbera l’interdépendance des pays et laisse planer le risque de l’arrêt de certains approvisionnements pour des questions géopolitiques, comme c’est le cas aujourd’hui, des deux côtés, avec la guerre en Ukraine.

Image : CEA, source : Commission européenne
« Si la dépendance et la dynamique d’approvisionnement diffèrent fondamentalement de celles des combustibles fossiles, l’extraction et le traitement des matières premières critiques sont géographiquement concentrés, avec un petit nombre de pays et de grandes entreprises jouant un rôle dominant », explique l’institution qui cite notamment la manipulation des marchés, le nationalisme des ressources, les cartels miniers ou encore les chocs extérieurs comme autant de facteurs pouvant causer une pénurie dans l’accès aux matières premières critiques.
Marchés oligopolistiques
L’extraction des matières premières est localisée dans différents pays qui se sont peu à peu spécialisés, comme l’Australie sur le lithium, la Chine sur la graphite et les terres rares, le Chili sur le cuivre et le lithium et la République démocratique du Congo sur le cobalt. Mais les réserves sont plutôt dispersées géographiquement – même si elles ne sont pas toutes exploitées. Une règle toutefois : ce sont majoritairement les pays en développement qui détiennent les minerais nécessaires à la transition énergétique.
« Aucun pays ne peut à lui seul répondre à la demande de matières premières, aussi est-il nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies de collaboration qui puissent profiter à toutes les parties concernées. Les pays en développement particulièrement riches en minerais ont tout à gagner s’ils peuvent s’approprier une plus grande part de la chaîne de valeur des matières premières critiques », souligne Francesco La Camera qui appelle à redéfinir les règles d’extraction. Et pour cause, les réserves ne seront pas toutes accessibles. Par exemple l’IRENA estime qu’en Bolivie, 54 % des minerais se trouvent sur les terres de peuples autochtones ou à proximité, « ce qui souligne la nécessité d’un engagement communautaire ».
Par ailleurs, l’industrie minière est dominée par quelques groupes mondiaux qui se partage le marché de l’extraction, notamment dans les pays en développement. L’IRENA déplore la concentration du secteur tout aussi bien sur la production que sur le commerce et rappelle que « les cinq premières sociétés minières contrôlent 61 % de la production de lithium et 56 % de celle de cobalt ».
« Le renforcement de la coopération internationale en vue d’élever et de faire respecter les normes et l’adoption d’une vision à plus long terme sont essentiels au développement durable et à l’obtention d’une licence sociale par les entreprises, conclut l’IRENA qui veut promouvoir des chaînes d’approvisionnement plus responsable, plus transparente et plus durable. » Reste à convaincre les décideurs d’imposer des critères et des normes contraignantes aux entreprises qui n’ont actuellement aucune raison de faire mieux !
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