Hespul et Enedis signent une convention pour accélérer l’intégration du PV sur le réseau basse tension

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Hespul et Enedis ont annoncé avoir reconduit leur convention trisannuelle visant à accélérer la production photovoltaïque en France. Les deux partenaires formalisent ainsi pour la deuxième fois leur collaboration qui dure depuis des années sur la base d’échanges et de retours d’expériences – et non d’investissements financiers. Le partenariat s’articule autour de trois axes : les outils de planifications, l’absorption du réactif de producteurs basse tension et les régulations embarquées pour les onduleurs PV.

Les outils de planification

Enedis reçoit plus de 200 000 demandes de raccordements PV par an sur tout le territoire. Pour donner aux développeurs et aux producteurs une visibilité sur l’état et la capacité disponible du réseau, le gestionnaire de réseau a développé plusieurs outils au cours des dernières années. En ce qui concerne le photovoltaïque, Enedis a notamment lancé un simulateur de raccordement estimant les coûts et les délais et établi une cartographie des capacités d’accueil du réseau par zone – exclusivement disponible sur le portail Client-Entreprise d’Enedis.

Dans ce cadre, le partenariat avec Hespul permet de créer un lien direct avec les acteurs EnR pour vérifier la pertinence des initiatives. Concrètement, l’association est impliquée en amont dans les conversations et peut évaluer et tester l’efficacité des outils mis en place pour faciliter l’intégration des nouvelles sources de production d’EnR. La nouvelle convention formalise à nouveau ce partenariat et permettra à Hespul d’avoir accès aux futurs outils de planification des réseaux produits par Enedis en amont de leur mise en ligne notamment via des groupes de travail ou des clubs d’utilisateurs

L’absorption du réactif

La production d’électricité décentralisée conduit à augmenter localement la tension du réseau de distribution. Or la tension doit rester dans des plages admissibles en tout point du réseau, par exemple entre 360 et 440 V pour la basse-tension, contraignant ainsi le raccordement des producteurs : si, lors de l’étude de raccordement d’une installation de production, le gestionnaire de réseau calcule que la tension dépasse la valeur maximale de la plage admissible en tension, alors il sera nécessaire de renforcer le réseau entraînant des surcoûts importants de la solution de raccordement proposée au producteur. La tension dépend également des flux d’énergie réactive soutirés ou injectés sur le réseau : les flux d’énergie réactive soutirés (qualifiés également de flux absorbés) font baisser la tension quand les flux d’énergie réactive injectés la font augmenter. Depuis l’entrée en vigueur du Turpe 6 (Tarifs d’Utilisation des Réseaux Publics de Distribution d’Électricité) en août 2021, les dépassements d’injection d’énergies réactives ne sont plus facturés.

Afin de limiter les hausses de tension liées au raccordement de la production renouvelable et de pouvoir accélérer ce raccordement, les nouvelles installations du réseau basse tension sont obligées d’absorber du réactif depuis le 1er février 2023. La quantité d’absorption est fonction de l’énergie produite et injectée – environ 35 kVAr de puissance réactive à absorber pour 100 kW de puissance active injectée.

Enedis estime que l’absorption du réactif dans ces proportions pourra se traduire par un gain de place pour le raccordement de capacités renouvelables de production de 30 % à réseau constant, c’est à dire sans travaux d’extension et sans investissement pour la flexibilité.

La problématique de la tension locale (et donc, la question du réactif) est primordiale dans les zones rurales où la consommation est relativement faible mais où la production est susceptible d’augmenter rapidement, notamment via le développement du photovoltaïque résidentiel ou agricole par exemple. Une expérimentation technique de l’absorption du réactif de producteurs basse tension a été mise en place dans le Cantal. Si elle a déjà permis d’aboutir à la réglementation ci-dessus, elle devrait aussi participer à démontrer que l’absorption de récatif par les producteurs raccordés sur le réseau basse-tension permet aussi de résoudre des contraontes de tension sur le réseau haute tension HTA.

« On entend souvent que les énergies renouvelables perturbent le réseau, explique Vincent Krakowski, coordinateur du pôle réseaux et planification d’Hespul, lors d’un entretien avec pv magazine. En fait, les producteurs EnR sont non seulement capables de limiter leur impact, mais peuvent aussi aider le réseau à se stabiliser. »

Auto-régulation et onduleurs photovoltaïques

« L’onduleur permet de faire varier la puissance réactive injectée ou absorbée par l’installation, poursuit Vincent Krakowski. Aujourd’hui tous les onduleurs peuvent le faire, c’est une question de paramétrage ».

« Pour les grandes installations, l’absorption du réactif est plus pointue d’un point de vue technologique, contextualise de son côté Hervé Lextrait, directeur du pôle transition énergétique d’Enedis. En ce qui concerne le réseau basse tension, pour être efficace il fallait proposer une solution simple et standardisée. » Concrètement, Enedis demande que les réglages pour l’absorption de réactif des onduleurs photovoltaïques soient faits en usine. « L’auto-régulation sans pilotage à distance représente une économie de coût », ajoute Hervé Lextrait.

L’absorption de réactif génère très peu de pertes à proprement parler mais peut avoir un impact sur le dimensionnement de l’onduleur. « Cela peut faire bouger l’optimum, mais c’est un choix technico-économique à la main des producteurs » rappelle Hervé Lextrait qui souligne que le marché a été averti en amont de la réglementation.

L’article a été édité le 12/09 pour intégrer des précisions sur la tension du réseau d’Enedis, la puissance réactive et son pilotage.

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