D’après pv magazine Allemagne
Meyer Burger Technology AG met fin au chapitre de la production de modules en Allemagne et se concentrera désormais sur la fabrication de ses cellules et modules solaires à hétérojonction aux États-Unis. C’est la conséquence d’un exercice 2023 fatal, au cours duquel l’entreprise suisse a enregistré une perte d’EBITDA d’au moins 126 millions de francs suisses (134 millions d’euros) pour un chiffre d’affaires d’environ 135 millions de francs suisses (143 millions d’euros). Le plan est désormais de « réduire les pertes en Europe et de se concentrer sur une croissance rentable aux États-Unis, en collaboration avec ses partenaires d’achat et industriels existants et potentiellement nouveaux », a indiqué l’entreprise mercredi. L’environnement de marché pour l’industrie solaire se détériore à vue d’œil, c’est pourquoi la poursuite de la production en Allemagne « dans son intégralité n’est plus viable pour le moment ».
Décision en février
Concrètement, cela signifie que Meyer Burger envisage d’arrêter la fabrication de ses modules solaires à hétérojonction à Freiberg, en Saxe, dès le début du mois d’avril. Environ 500 employés sont concernés par cette décision. La décision finale de Meyer Burger ne sera prise que dans la deuxième quinzaine de février. Si d’ici là « aucune mesure suffisante n’est prise pour établir des conditions de concurrence équitables en Europe, par exemple par des mesures de résilience », Meyer Burger fermera l’usine.
Dans un premier temps, le fabricant de panneaux photovoltaïques souhaite continuer à exploiter la production de cellules solaires à hétérojonction existante à Thalheim. Elle soutiendra la montée en puissance de la production de modules sur le site américain de Goodyear dans l’État d’Arizona. La construction de machines et les sites de recherche et développement en Suisse et en Allemagne ne sont pas non plus concernés par ces mesures, a ajouté Meyer Burger.
L’entreprise veut maintenant mener des discussions avec les salariés. En cas de fermeture de l’usine de modules de Freiberg, « les collaborateurs indispensables dans les domaines de l’ingénierie, de la technologie, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de certaines autres fonctions critiques sur le site de production de Freiberg devraient avoir la possibilité de transférer leurs contrats dans d’autres sociétés Meyer Burger ».
Focalisation sur les activités américaines
En se concentrant sur les activités américaines, Meyer Burger espère pouvoir réaliser un EBITDA positif d’environ 250 millions de francs suisses d’ici 2026. La politique industrielle menée dans ce pays et le carnet de commandes de 5,4 gigawatts, qui fait l’objet d’accords d’achat avec des promoteurs, dont Baywa re, constituent la base de cette stratégie. « L’expansion des activités américaines se poursuit actuellement comme prévu et la mise en service de notre production de modules à Goodyear devrait débuter au deuxième trimestre 2024 », a déclaré Gunter Erfurt, CEO de Meyer Burger.
En ce qui concerne la situation en Europe, la société estime qu’un « forte augmentation des surcapacités de production chinoises ainsi que des restrictions commerciales imposées par l’Inde et les Etats-Unis ont conduit l’année dernière à une offre excédentaire considérable et à une distorsion sans précédent sur le marché solaire européen ». Cela a fait échouer la stratégie commerciale de Meyer Burger, d’autant plus que les mesures de soutien politique qui auraient permis des conditions de concurrence équitables n’ont pas été prises jusqu’à présent. Meyer Burger cite à cet égard le Net Zero Industry Act (NZIA) dans l’UE ainsi que des solutions nationales ultérieures comme les mesures de résilience en Allemagne. Si des décisions sont prises à ce sujet, Meyer Burger souhaite revoir sa décision, car le retrait du fabricant de la production de modules en Europe renforce sa dépendance vis-à-vis des importations en provenance de Chine, poursuit l’entreprise.
En 2023, Meyer Burger a déclaré avoir pu augmenter la production de ses modules solaires en Allemagne à 650 mégawatts de puissance totale, malgré les conditions difficiles. Il y aurait toutefois un stock de modules d’environ 360 mégawatts. « L’EBITDA a été affecté par la sous-utilisation des capacités de production en Allemagne et par les dépréciations des matériaux de production et des produits finis, ainsi que par les coûts liés à l’exploitation des installations de production en Allemagne et à la poursuite de l’expansion aux États-Unis en 2023 », a déclaré le fabricant à propos des chiffres provisoires. L’EBITDA final pourrait toutefois s’écarter considérablement de l’estimation publiée, car des corrections de valeur supplémentaires seraient nécessaires suite à la fermeture d’une usine.
La position de trésorerie de Meyer Burger s’élevait à environ 150 millions de francs suisses (159 millions d’euros) à la fin de l’année, a-t-on ajouté. Selon les prévisions actuelles, des moyens financiers d’environ 450 millions de francs suisses (478 millions d’euros) sont nécessaires pour que Meyer Burger puisse être rentable si la production américaine démarre comme prévu au cours de l’exercice 2025. L’entreprise veut financer les coûts de restructuration principalement par la vente de ses propres stocks. En outre, le fabricant est en « discussions avancées » avec le ministère fédéral de l’économie pour un financement des exportations couvert par Euler Hermes.
Coup de poker ?
D’autres options seraient un financement 45X (monétisation des futurs crédits d’impôt américains), un Advanced Manufacturing Production Credit ainsi qu’un prêt du ministère américain de l’énergie, pour lequel Meyer Burger a déjà passé avec succès la première phase d’examen. En outre, Meyer Burger envisage un financement par fonds propres, par exemple une émission de droits de souscription, des placements privés ou d’autres formes de financement par fonds propres. En outre, l’entreprise serait en discussion avec quelques partenaires stratégiques potentiels.
« L’accent est actuellement mis sur la croissance sur le marché américain très attractif, qui permet une rentabilité élevée, poursuit le CEO Gunter Erfurt. En collaboration avec des partenaires, nous pourrions y améliorer considérablement notre position sans devoir procéder nous-mêmes à des investissements importants ». Ainsi, Meyer Burger pourrait utiliser et renforcer sa position de leader technologique, notamment grâce au savoir-faire de la Suisse et de l’Allemagne. « Nous aimerions éviter la décision de fermer notre production de modules en Allemagne, qui a été mise en service il y a moins de trois ans. Tant que le législateur n’aura pas établi une concurrence loyale malgré ses annonces, nous préparerons la restructuration en Allemagne », conclut Gunter Erfurt.
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