Des lignes de mouillage en cordage synthétique pour les parcs photovoltaïques flottants

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La ligne de mouillage 100 % synthétique – ou presque – imaginée par Ino-Rope coule sous le sens, quand plonger des câbles métalliques dans l’eau pour soutenir une centrale solaire relève aujourd’hui d’une certaine contradiction. Conçue par Thibault Reinhart – qui s’était déjà fait remarquer en 2013 avec l’invention d’une poulie sans roulement à billes dédiée aux bateaux de course –, cette solution innovante repose sur un cordage réalisé à base de fibres textiles UHMPE (Polyéthylène haut module), matériau imputrescible, non corrosif et résistant aux ultra-violets.

Cette solution offre, selon Ino-Rope, plusieurs avantages par rapport à une ligne de mouillage classique en câble d’acier. Elle est trois fois plus durable, sept fois plus légère à résistance égale, cinq fois moins chère et dix fois moins impactante sur le fond marin. « Le cordage synthétique, à partir duquel nous travaillons, provient de la corderie Lancelin, en Mayenne. Il a été développé spécifiquement pour son utilisation dans les parcs solaires », précise Thibault Reinhart à pv magazine France.

La ligne de mouillage est réalisée à la main à partir de cordage synthétique.

Image : Ino-Rope

Nécessitant la réalisation d’épissures (attaches) pour relier les cordages entre eux – une opération non industrialisable réalisée à la main –, les lignes de mouillage synthétiques sont faciles à manipuler et à entretenir. Contrairement aux chaînes métalliques, qui imposent le recours à des plongeurs pour les contrôler et/ou les remplacer et engendrent des coûts plus importants de maintenance.

Amarrage de la plus grande centrale flottante d’Europe

Après avoir été testés à grandes échelle avec succès, ces câbles textiles ont fait l’objet de quelques milliers de commandes, en cours de préparation chez Ino-Rope. Une fois sortis des ateliers de Concarneau, ils seront notamment utilisés pour amarrer la plus grande centrale solaire flottante d’Europe, composée de 120 000 modules et actuellement en montage à Perthes, en Haute-Marne.

Le cordage sera-t-il l’avenir du photovoltaïque flottant ? Vu les volumes kilométriques à considérer et les enjeux que cette solution représente en termes de durabilité et de fiabilité des futures installations, cela ne fait aucun doute pour Thibault Reinhart : « Avec notre solution, nous faisons passer un cap au solaire flottant. Je ne crois pas une seconde à la capacité des câbles métalliques de soutenir une centrale solaire flottante pendant 25 ans. En plus, la qualité du métal est de plus en plus incertaine, quand nos cordages offrent une grande traçabilité. Sans compter les prix du synthétique qui ne cessent de baisser ».

Ne restera plus qu’à débarrasser la ligne de mouillage synthétique de son point faible : la cosse métallique présente en bout de cordage. Ino-Rope s’y attelle, confie Thibault Reinhart : « Elle pourrait être entièrement synthétique par l’incorporation d’autres matériaux. Nous travaillons ainsi sur une cosse qui pourrait durer aussi longtemps que le cordage lui-même, soit jusqu’à 25 ans suivant l’usage que l’on en fait, le dimensionnement de l’installation, son implantation et son degré de surveillance ».

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