La colocalisation et les PPA hybrides redessinent le marché européen de l’énergie

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D’après pv magazine ESS News

A l’échelle européenne, les projets de stockage par batterie colocalisés suscitent un intérêt croissant. « Actuellement, environ 80 % du marché est dominé par des systèmes de stockage autonomes. Mais cette tendance devrait évoluer dans les prochaines années », a déclaré Marija Maisch, directrice d’ESS News, lors d’une conférence organisée à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) par SolarPower Europe. L’augmentation des périodes où les prix de l’électricité deviennent négatifs sur certains grands marchés européens réduit la rentabilité des projets de batteries indépendants. « Mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour les développeurs », a-t-elle ajouté.

En effet, les contrats d’achat d’électricité hybrides (ou PPA hybrides), encore peu développés, présentent un fort potentiel. Ces contrats permettent de combiner des sources renouvelables comme l’éolien et le solaire avec du stockage par batterie, offrant ainsi davantage de flexibilité et de valeur.

Selon Rodrigo Lopez, directeur des revenus chez le producteur indépendant espagnol BNZ, les PPA classiques deviennent moins fréquents en Europe, en raison de l’incertitude persistante autour des prix de l’énergie. « Les acheteurs recherchent désormais des contrats plus courts et portant sur des volumes plus réduits », explique-t-il. Ce contexte renforce l’attrait des PPA hybrides, associant solaire et stockage ou éolien et solaire. « Ces contrats sont encore récents, mais les acheteurs commencent à bien en comprendre le fonctionnement. »

Des profils de production complémentaires

Sur le plan technique, les PPA hybrides peuvent être conclus pour des installations solaires ou éoliennes intégrant un système de stockage par batterie colocalisé (BESS). Ce type de montage présente des avantages tant pour le vendeur que pour l’acheteur, notamment en matière de prix et d’engagements sur les volumes. « Les différentes technologies se complètent, offrant une forme de couverture naturelle », souligne Rodrigo Lopez. Il ajoute : « Les services auxiliaires génèrent une source de revenus supplémentaire, qui peut être partagée. Grâce à cette flexibilité, les prix négatifs posent moins de problèmes dans un PPA hybride. » « Globalement, le contrat reste similaire à un PPA classique, mais avec des caractéristiques spécifiques qui permettent une meilleure répartition des risques », insiste-t-il.

Prenant pour exemple un projet solaire de 230 MW intégrant du stockage colocalisé en Allemagne, Karl-Heinz Remmers, PDG de Remmers Solar, affirme : « Malgré leur coût élevé, les PPA hybrides permettent un meilleur décalage de l’énergie produite. » Il insiste néanmoins sur l’importance de bien dimensionner la station de transformation. « Pour anticiper une montée en puissance future, il est recommandé d’installer un transformateur légèrement surdimensionné. Cela permettra de raccorder ultérieurement une installation éolienne ou d’y ajouter des batteries, voire les deux. »

L’apparition croissante de plages horaires avec des prix de l’électricité négatifs a mis en lumière la pertinence des projets colocalisés. Les opérateurs de réseau constatent d’ailleurs une hausse des demandes concernant ce type d’actifs. « Les prix négatifs entre 10 h et 17 h ont radicalement changé la perception du marché », confirme Anoucheh Bellefleur, responsable Marché et Stratégie chez ABO Energy. « Aujourd’hui, les financeurs sont bien plus ouverts à la colocalisation, même pour des projets anciens ». Elle précise que les prêteurs se montrent particulièrement favorables au financement de batteries colocalisées, qui renforcent non seulement la viabilité du projet, mais aussi sa capacité à honorer sa dette.

Les développeurs doivent toutefois composer avec des réglementations et des conditions d’accès au réseau très variables d’un pays à l’autre. « Il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement des différents réseaux, ainsi que l’ensemble des procédures d’autorisation. De nombreuses parties prenantes doivent être mobilisées », avertit Anoucheh Bellefleur. Enfin, une tendance technique émerge : le raccordement en courant continu (DC), qui pourrait prendre le pas sur le traditionnel courant alternatif (AC). « Le raccordement DC est tout simplement plus efficace », conclut-elle.

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