[L’acteur de la semaine] « Plume » facilite l’accès des développeurs au foncier

Boostée à l’intelligence artificielle, la plateforme numérique développée par la start-up franco-américaine « Plume » compulse données géospatiales et informations non structurées pour cartographier, en quelques clics, les zones susceptibles d’accueillir des projets de production d’énergies renouvelables ou de stockage.

août 25, 2025 Francois Puthod

Image : Plume

« Plume » est née il y a un an, quand Marc Watine et Édouard Labarthe, fondateurs de cette société franco-américaine, ont mis à profit leur formation d’ingénieur à l’EPFL, en Suisse, pour exercer dans le secteur de la transition énergétique sur un marché de niche : l’imagerie satellite appliquée aux énergies renouvelables (solaire, éolien, stockage).

« J’ai découvert la donnée géospatiale et l’utilisation des algorithmes d’IA quand j’ai travaillé sur la détection d’émission de méthane par imagerie satellite au sein du laboratoire d’Harvard, puis à l’ONU pour des entreprises et des gouvernements », déclare Marc Watine à pv magazine France. « C’est de là qu’est partie notre idée, avec Éouard, d’appliquer ce modèle de cartographie aux EnR », ajoute-t-il.

Selon ses deux fondateurs, « Plume » n’a qu’un but : aider les développeurs de projets à déployer plus de renouvelable dans le monde, en s’attaquant prioritairement à la recherche de foncier disponible pour l’implantation d’infrastructures solaires ou éoliennes.

Prospection à la carte

« C’est une complémentarité naturelle avec la géospatialité, estime Édouard Labarthe, passé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et à l’origine d’un logiciel utilisé pour la maintenance des lignes électriques haute tension aux États-Unis. Entre autres développements informatiques pour l’armée…

« On est face à deux problématiques quand on fait de la prospection. Primo : les parcelles les plus évidentes ont souvent déjà été prospectées. On se retrouve donc avec un foncier qui se fait de plus en plus rare, alors que l’on a de plus en plus d’infrastructures à construire. Secundo : pour trouver une parcelle de terrain qui puisse être utilisable, les développeurs doivent prendre en compte une quantité astronomique d’informations, ce qui nécessite des compétences en interne que tous n’ont pas », explique l’ingénieur.

Pour résoudre le problème, « Plume » a créé de toutes pièces une plateforme, gonflée à l’intelligence artificielle, capable de cartographier, à partir de plusieurs centaines des millions d’informations récoltées et quasi instantanément, les zones géographiques les plus favorables à l’accueil d’un projet d’énergie renouvelable.

50 % des informations sont des données géospatiales, « comme par exemple, l’emplacement des zones Natura 2000, la situation des réseaux électriques et des points de connexion, l’identité des propriétaires des terrains, la présence de servitudes, les périmètres concernés par les bâtiments historiques, ce qui représente près d’une centaine de couches, en France », précise Édouard Labarthe.

L’autre moitié des données capturées par « Plume » proviennent d’informations non-structurées : les plans d’urbanisme, les PPRi (Plan de prévention des risques naturels d’inondation), les schémas de cohérence territoriale, les documents des chambres agricoles, les avis rendus par les collectivités sur les différents projets des compétiteurs, les permis de construire, etc.

Question-réponse

L’outil développé par Plume ne se contente pas de recenser, d’analyser, de mettre à jour et de centraliser toutes ces couches de données géospatiales et non structurées. Deux modules d’I.A. y sont connectés. Le premier permet à l’utilisateur, non seulement de visualiser les données sur la carte, mais d’interagir avec elles sur format chat. Édouard Labarthe nous en fait la démonstration : « Si je demande à l’assistant virtuel : “Trouve-moi les parcelles de plus de 5 hectares situées à mois de 4 kilomètres d’une sous-station et qui ne sont pas en zone Natura 2000”, le résultat s’affiche directement sur l’écran ». N’importe quel prospecteur ou chef de projet peut ainsi opérer des intersections avec la donnée, sans forcément avoir la compétence pour cela.

Concernant uniquement les données non structurées, le second module d’IA connecté fonctionne sur le même principe de question-réponse. Il suffit de demander, par exemple, quelles sont les zones les favorables au solaire au sein d’un périmètre urbain pour obtenir une réponse immédiate. Plus besoin, donc, de passer des heures à lire les documents d’urbanisme, l’intelligence artificielle se charge de tout le travail !

D’autres sources d’informations, comme des articles de presse par exemple, sont disponibles sur la plateforme. Plus qualitatives que quantitatives, ces données d’actualité visent essentiellement à donner au prospecteur de foncier une meilleure compréhension du contexte local.

Présente en Espagne, en Roumanie et en République tchèque, où des dizaines d’utilisateurs se servent de son logiciel tous les jours, « Plume » s’ouvre désormais au marché français, avec une nouvelle implantation de la société à Paris. L’accès des développeurs à la plateforme est conditionné à la souscription d’un abonnement annuel fixe.

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