Interrogés par pv magazine France quelques minutes avant la prise de parole de François Bayrou devant les députés, lundi après-midi, Olivier Bousquet, Directeur exécutif du développement France chez Reden Solar et Tony Proutier, Directeur des opérations, se sont dits particulièrement satisfaits de la publication au Journal officiel de l’arrêté fixant les conditions d’application de la TVA à 5,5 % pour les installations solaires inférieures à 9 kWc.
Et pour cause, les panneaux photovoltaïques qui sortent de l’usine de 200 MW de Roquefort, près d’Agen, répondent pleinement aux critères du nouveau décret, en particulier concernant l’empreinte carbone des modules. « Après avoir investi plusieurs millions d’euros dans une nouvelle ligne de production, c’est forcément une bonne nouvelle pour nous. Ces conditions restrictives sont assez ambitieuses. Elles permettent de favoriser et développer une filière française, ou tout du moins qui s’intéresse à fabriquer des panneaux à bas bilan carbone. Nous avons fait suffisamment de R&D sur les critères qui ont été fixés pour pouvoir y répondre et sommes parfaitement capables de produire du 530 kgCO2eq/kWc. Il suffit juste d’adapter notre supply chain aux différents marchés », déclare Olivier Bousquet.
Certes, « nous ne commencerons pas dès demain matin, mais nous connaissons déjà la filière et les technologies nécessaires pour passer à l’action. Une mise en forme est nécessaire, mais elle ne devrait prendre que quelques semaines », affirme Tony Proutier, responsable de l’usine de production. La baisse de la fiscalité présente un autre intérêt pour Reden Solar : pouvoir vendre ses panneaux à un prix naturellement très compétitif, la baisse de TVA permettant au fabricant français de compenser, partiellement, le surcoût de production de ses panneaux bas carbone.
« Des retombées positives en termes de création d’emplois »
Chez Voltec Solar également, qui exploite une usine de 500 MW à Dinsheim-sur-Bruche (Bas-Rhin), la réactivité est de mise. Elle confirme ainsi sa capacité à produire des panneaux dont l’empreinte carbone est inférieure à 530 kgCO₂eq/kWc. « Nous avons développé cette gamme en prévision de l’appel d’offres simplifié. Avec quelques ajustements, nous pourrons bientôt la proposer au secteur résidentiel » , assure Lucas Weiss, son directeur, interrogé par pv magazine France.
« De notre point de vue, cette mesure est une bonne nouvelle, poursuit-il, car elle va générer des retombées positives en termes de création d’emplois ». Mais l’enjeu dépasse, selon lui, le cas spécifique de Voltec : « Tout ce qui contribue à défendre l’industrie photovoltaïque française et européenne va dans le bon sens. Nous espérons que cela permettra à tous les projets industriels photovoltaïques, existants et futurs, de démarrer ou de redémarrer des lignes de production et de conforter leurs positions sur le marché », poursuit Lucas Weiss, en ayant une pensée pour Systovi et Photowatt, qui n’ont pas pu bénéficier de ce soutien avant de devoir cesser leur activité.
Il comprend aussi la déception d’une partie de la filière. « L’annonce avait suscité beaucoup d’attentes, qui ne sont pas entièrement comblées », concède-t-il, faisant référence aux discussions autour d’une éventuelle extension de la TVA réduite aux systèmes de stockage, une disposition finalement absente du texte final.
Parmi ces déçus figure le fabricant Dualsun, qui entend néanmoins rebondir rapidement. « Lorsque l’idée d’une TVA à 5,5 % a été évoquée en début d’année, nous avons souhaité anticiper et avons développé une gamme spécifique de stockage et de pilotage, décrit à pv magazine France Laetitia Brottier, cofondatrice et directrice Innovations de la société. Finalement, nous allons commercialiser ces produits, mais ils ne bénéficieront pas forcément de la TVA réduite ».
Dualsun modifie sa chaîne d’approvisionnement
En parallèle, Dualsun s’adapte au au nouveau contexte réglementaire en proposant un panneau photovoltaïque dont le bilan carbone sera sous la barre des 530 kgCO2eq/kWc. Rappelons que si la société assemble tous les éléments thermiques de ses panneaux hybrides Spring dans son usine de Jujurieux en France, ce n’est pas le cas de la partie photovoltaïque et de ses panneaux Flash, qu’elle fait fabriquer en Chine pour des raisons de coût. En 2024, sa capacité de production était d’environ 200 MW.
Pour réduire l’empreinte carbone de ses modules PV, Dualsun a travaillé ces derniers mois sur le sourcing du silicium métallique et du polysilicium, qui représentent les étapes les plus énergivores. Alors que l’entreprise se fournissait jusqu’à présent en Asie, elle a désormais choisi des fournisseurs européens. Le reste du process, à savoir le découpage en wafers, la transformation en cellules solaires et l’assemblage du panneau est toujours effectué en Chine.
« Nous pensons pouvoir livrer les premiers volumes à partir de novembre ou début décembre », assure Laetitia Brottier, qui tient à rassurer les installateurs et les particuliers. « Il est vrai qu’il y a actuellement peu de panneaux disponibles répondant au critère des 530 kgCO₂eq/kWc. Mais il reste tout à fait possible de s’équiper avec des modules ne répondant pas aux critères avec une TVA à 20 %. Cela ne reviendra pas forcément plus cher, bien au contraire ».
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