Dans un contexte d’opposition croissante entre énergies renouvelables et nucléaire, alimentée par certains lobbys, le prix reste un élément solide sur lequel s’appuyer. A ce titre, le rapport que vient de publier la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur le coût du nucléaire historique tombe à point nommé. L’analyse du gendarme de l’énergie propose en effet de fixer le prix de production des 57 centrales nucléaires françaises à 60,3 euros le MWh (en euros de 2026) pour la période 2026-2028 et 63,4 €/MWh sur 2029-2031 (en euros de 2026). La hausse de 3,1 €/MWh entre les deux périodes triennales étant principalement due à l’augmentation des charges de combustible et des amortissements.
Rappelons que ce coût porte sur le nucléaire historique, sur des réacteurs amortis, et ne concerne pas le nouveau nucléaire. Le prix est donc à mettre en perspective avec le prix de vente de l’électricité des futurs EPR qui est autour de 130 €/MWh. Par ailleurs, le prix proposé par la CRE est inférieur à ce que EDF espérait, alors que les prix Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) prendront fin le 31 décembre 2025.
La stratégie d’EDF
Mais l’autre grand enseignement du rapport est ailleurs : le poids progressif des énergies renouvelables dans le mix énergétique n’est pas seul en cause dans la modulation de la production nucléaire. Cette dernière fait en effet « partie de la stratégie d’optimisation des revenus d’EDF », comme on peut le lire dans le document.
Concrètement, à l’instar de tous les opérateurs de moyen de production électrique, EDF adapte sa production en fonction des prix de marché et « les modulations ne sont pas le fruit d’une contrainte imposée à EDF au titre d’une priorité d’injection octroyée à l’électricité renouvelable intermittente, mais peuvent permettre à EDF d’optimiser sa marge en période de forte production renouvelable ».
Autrement dit, EDF aurait tout à fait la possibilité de vendre la production de ses tranches nucléaires à un prix inférieur au prix auquel la production renouvelable est offerte, pour se situer avant la production renouvelable dans l’ordre de préséance économique. Mais le groupe choisit parfois de ne pas le faire. « Dans ce cas, les modulations économiques décidées par EDF permettent d’optimiser les marges de l’exploitant et de maximiser la valeur du productible en décalant la production sur les périodes où les prix sont les plus élevés », conclut la CRE.
2024, « année pivot »
Si la modulation fait partie de la stratégie économique d’EDF, la CRE note toutefois que « depuis 2024, la puissance de modulation du parc est davantage corrélée à la pénétration des renouvelables que lors des années précédentes ». Entre 2023 et 2024, la part des heures à prix négatif a été multipliée par trois, passant de 2 % des heures à 6 % des heures durant lesquelles les prix se situent en dessous de 0 €/MWh. Le nombre d’heures pour lesquelles le prix spot est en dessous de 5 €/MWh et de 10 €/MWh (correspondant à l’ordre de grandeur des coûts variables de production nucléaire) atteint respectivement 12 % et 16 % en 2024.
Le volume total de modulations économiques déclaré par EDF a donc augmenté de 116 % sur cette période, pour atteindre 26,5 TWh. « La pénétration renouvelable semble devenir un facteur de premier ordre dans les modulations de court-terme, en plus des fluctuations de niveau de consommation pour lesquelles la capacité de modulation du parc a historiquement été développée », conclut le rapport de 219 pages.
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