La conférence Aurora Finance Energy a réuni une foule d’investisseurs, d’analystes et de prêteurs pour discuter du financement des énergies renouvelables en Europe. Le continent poursuit son agenda climatique et négocie actuellement ses objectifs à 2040, sachant que les objectifs FIT 55 pour 2030 sont déjà adoptés. « En neutralité technologique oui, mais pour permettre aux investissements de s’orienter vers des projets d’énergies décarbonées à la fois économiquement viables et efficaces pour atteindre les objectifs climatiques », explique Kurt Vandenberghe, directeur générale de la DC CLIMA (direction de l’action pour le climat européenne).
Hanns Koenig directeur général EMEA chez Aurora a rapidement évoqué l’éléphant dans la pièce : comment pérenniser la dynamique de croissance actuelle avec la sortie des Etats-Unis (acteur majeur de la pollution mondiale) de l’accord de Paris en début 2025 et un positionnement du Président Trump ouvertement pro-fossile, qui vient questionner la réalisation des objectifs de décarbonation mondiaux. Plus qu’une politique pragmatique, cette stratégie s’apparente à une stratégie énergétique de domination.
Laura Cozzi, directrice de la durabilité, des technologies et des perspectives à l’Agence internationale de l’énergie (AIE) rappelle toutefois qu’en ce qui concerne les renouvelables, « il ne s’agit pas uniquement d’un choix politique, mais d’une stratégie guidée par la recherche de rentabilité ». Elle prend pour exemple la Chine, qui a massivement investi dans les énergies propres non seulement par conviction climatique, mais aussi par nécessité économique car le pays ne dispose ni de gaz ni de pétrole (il en est d’ailleurs le plus grand importateur mondial). Et de fait, le gaz naturel liquéfié (GNL) lui a coûté plus de 44 milliards de dollars (38 milliards d’euros) et le pétrole brut 325 milliards de dollars (280 milliards d’euros) en 2024.
Reste que le gaz mobilise de nombreux investissement, de quoi parler même de boom ! La capacité des infrastructures GNL ne fait que grimper, y compris en Europe et de nombreux projets d’extraction sont en développement, du Qatar au Canada en passant par la Papouasie-Nouvelle-Guinée. « C’est un enjeu central, concède Laura Cozzi. Dans les cinq prochaines années ont devrait avoir 50 % de GNL en plus qu’aujourd’hui. » Cette expansion devrait faire baisser les prix du gaz, ce qui créera à la fois « une opportunité pour les consommateurs » mais aussi une source d’incertitude pour les investisseurs qui doivent intégrer cette nouvelle donnée dans leurs stratégies.
Les prêteurs ont d’ailleurs fait fi, sans détour, d’un plus grand conservatisme dans leurs portfolio énergétique. Cette posture reflète une prudence accrue, dans un contexte où l’électrification progresse lentement et où aucune « technologie miracle » ne semble capable de relancer la dynamique de manière brutale, selon Christian Schnell de Dentons. En résultat, on note un basculement du financement par capitaux propres (plus difficiles à atteindre) vers la dette. Mathilde Ketoff, partenaire chez RGreen Invest rappelle qu’alors que les modèles IPP d’hier ne suffisent plus aujourd’hui : les niveaux de complexité sont plus hauts et les opérateurs doivent devenir des énergéticiens à proprement parler et adapter leurs projets aux consommateurs.
« Il ne reste que peu de pays avec dispositifs d’aides conséquent, ajoute Mathilde Ketoff, en général on note une forte volatilité sur les prix », ce qui impacte directement la rentabilité prédictible des actifs, qui doivent désormais intégrer la notion de flexibilité au sein même de leur modèle d’affaire et de développement.
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