Le solaire résidentiel aux États-Unis au bord de l’effondrement

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D’après pv magazine Etats-Unis

Le secteur du solaire résidentiel américain semble désormais au bord de l’effondrement. Confrontée à des défis macroéconomiques et à des politiques changeantes au niveau des États et du gouvernement fédéral, une industrie autrefois marquée par une croissance à deux chiffres des installations connaît désormais une chute brutale – et le dernier projet de loi fédérale ne fait qu’aggraver la situation.

La dernière version du texte est globalement défavorable aux énergies propres, mais elle affecte particulièrement le solaire résidentiel en réduisant prématurément les crédits d’impôt fédéraux.

Les installations de solaire résidentiel ont chuté de 31 % en 2024. Au cours de l’année écoulée, des géants du secteur comme SunPower, Sunnova et Mosaic Solar ont déposé le bilan.

L’industrie a longtemps reposé sur une proposition de valeur claire : réduire la facture d’électricité des clients et offrir des coûts prévisibles sur le long terme. Mais cela devient de plus en plus difficile à garantir.

L’époque des taux d’intérêt bas permettant des conditions de financement attractives pour les systèmes achetés ou loués est révolue. Dans de nombreux marchés clés comme la Californie, les crédits sur les factures liés à l’électricité injectée sur le réseau ont été réduits de 75 % ou plus.

Les droits de douane représentent aussi un frein pour le secteur. L’aluminium, utilisé dans les cadres et supports des panneaux solaires, est frappé de tarifs de 25 %. Les taxes sur l’importation de cellules et modules solaires en provenance des principaux fournisseurs mondiaux se sont aussi révélées plus élevées que prévu cette année.

Le secteur du solaire résidentiel connaît depuis longtemps des hauts et des bas, souvent qualifié de « solar coaster » par ceux qui ont survécu à l’instabilité réglementaire qui crée des marchés… puis les fait disparaître brutalement. Mais le dernier projet de loi fédérale pourrait bien représenter un crash pur et simple.

En 2022, l’administration Biden avait promulgué l’Inflation Reduction Act, prolongeant un crédit d’impôt couvrant 30 % des coûts d’installation jusqu’au milieu des années 2030. Or, le dernier projet de loi présenté par la commission des finances du Sénat met fin à cette aide bien plus tôt que prévu.

Premièrement, le texte adopte une position anti-consommateur et anti-propriété, en supprimant le crédit d’impôt 25D dans un délai de 180 jours après adoption. Ce crédit bénéficie directement aux propriétaires qui achètent leur système solaire, en espèces ou via un prêt.

Deuxièmement, le projet de loi prévoit une réduction progressive du crédit d’impôt à l’investissement 48E pour toutes les technologies éligibles : 60 % de sa valeur d’ici fin 2026, 20 % d’ici fin 2027, et zéro pour tous les projets dont la construction débute en 2028 ou après.

Enfin, à la stupeur de l’industrie, le texte exclut totalement les baux solaires résidentiels de l’éligibilité au crédit 48E.

Cela a provoqué un choc sur les marchés financiers : les actions du plus grand fournisseur de solaire résidentiel, Sunrun, ont chuté de plus de 40 % le jour suivant la publication du projet de loi.

Le texte doit maintenant être voté au Sénat, où une majorité simple suffit. Il devra ensuite être concilié avec la version de la Chambre des représentants, les deux chambres devant s’accorder sur un texte identique pour qu’il devienne loi.

À l’avenir, si la loi est adoptée en l’état, le solaire résidentiel américain devrait connaître un nouveau recul significatif. L’industrie devra trouver de nouvelles stratégies pour réduire les coûts et survivre dans un environnement réglementaire plus strict.

L’une des pistes envisagées est de s’attaquer aux coûts indirects, c’est-à-dire les coûts non liés au matériel. Selon la Solar Energy Industries Association (SEIA), plus de 65 % du coût d’une installation résidentielle est lié à des frais indirects : salaires des équipes commerciales, démarches administratives, raccordement au réseau, etc.

Les États-Unis pourraient s’inspirer de l’Australie, où plus de 40 % des foyers sont équipés de panneaux solaires sur leur toit dans certaines régions. Les coûts indirects y sont beaucoup plus faibles, avec un coût moyen d’installation de 0,89 $/W, soit environ 0,83 €/W – plus de 2,00 $/W (environ 1,86 €/W) de moins qu’au Canada et aux États-Unis, où les coûts dépassent souvent 2,75 $/W (soit environ 2,56 €/W).

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