[UAPV25] 2/2 « Il faut passer d’une logique de développeur à un rôle d’énergéticien »

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La huitième édition de l’Université de l’autoconsommation organisée par le syndicat solaire Enerplan a posé un jalon dans la réflexion de la filière solaire sur son rôle dans le paysage énergétique français. Les échanges ont cristallisé la nécessité du passage d’un modèle de développeur à une logique de producteur – une “condition profonde” de l’avenir du secteur selon plusieurs protagonistes.

Comme le résumait Michel Giroira, directeur général du Serce (le syndicat des entreprises de la transition énergétique et numérique) : « on est entrain de passer d’un rôle de développeur à un rôle d’énergéticien ».

Sortir de la logique LCOE

Autrement dit, la filière doit dépasser le déploiement, maintien et valorisation d’installations pour s’impliquer activement dans la production et la gestion d’énergie – et gagner durablement sa voie au chapitre dans les stratégies énergétiques nationales. Cela suppose une vision à long-terme pour approfondir le rôle du photovoltaïque et des activités associées dans le réseau et chez les fournisseurs.

Et pour ce faire, il faudra différencier la valeur économique des coûts financiers exprimés par le LCOE (coût moyen actualisé de l’énergie). « Que ça soit dans l’autoconsommation ou dans la production pour le marché, il faut chercher à augmenter cette valeur et non à uniquement réduire les coûts à tout prix car les signaux de marchés (tarif d’achat au surplus, prix SPOT, …), ne seront pas forcément positifs, argue Amaury Korniloff, co-fondateur de ZE Energy (et ancien de Solairedirect et de Shell / Butagaz. C’est là-dessus qu’il faut réfléchir. »

Quid des batteries

Les batteries, par exemple, sont largement associées à l’avenir du solaire. Mais elles ne sont pas à considérer à tout prix selon Guillaume Bodson d’Octopus qui souhaite l’utiliser plutôt pour « capter la volatilité » puisque (dans l’absolu) le stockage n’est jamais bien dimensionné dans le sens où la production solaire varie énormément entre l’hiver et l’été et d’une année sur l’autre.

A l’échelle du réseau national, Yannick Jacquemart, directeur Transformation de l’Exploitation du Système électrique et Intégration des Flexibilités chez RTE explique que l’enjeu tient à la bonne répartition de ces batteries. A savoir, là où la production solaire est importante. Or actuellement les demandes sont plutôt dans le quart nord-est, ce qui pose particulièrement question chez RTE. « C’est possible de stocker l’énergie solaire du sud au nord, mais cela suppose de renforcer le réseau, ce n’est pas optimal d’un point de vue infrastructure », explique Yannick Jacquemart qui se veut coopératif, affirmant que le but du gestionnaire est d’opérer le système comme il faut, mais aussi de conseiller.

En ce qui concerne les heures négatives, il analyse : « le monde de demain c’est deux pics à éviter et pas des heures creuses à viser ».

Cap sur 2026

Le dernier panel de la journée, bien animé, a permis de mettre en perspective des débats liés au développement du solaire en cours. Par exemple, Emmanuelle Cosse qui participait au débat en tant que Présidente de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) a rappelé que l’énergie en général et le photovoltaïque en particulier sont des sujets très techniques et qu’au dela de ce qui est posé sur la fiscalité, les tarifs d’achat, etc. les questions que les gens se posent sont beaucoup plus “simple”. Au sein des logements sociaux et des collectivités, l’énergie un enjeu très sensible et ce, même sans être question des énergies renouvelables. Il faut donc accepter le temps long que suppose le processus de développement d’une filière énergétique.

La conjoncture actuelle est donc une sorte de mise à l’épreuve pour le solaire qui devra se positionner dans les stratégies énergétiques à venir. Pour être pris en compte dans les nouvelles législations (comme a, par exemple, pu l’être le nucléaire sur les futurs énergétiques de RTE) il faut continuer à être présent dans les discussions.

Richard Loyen, Délégué Général d’Enerplan en charge des territoires et de la chaleur solaire, a noté l’échéance des élections municipales de 2026 dans ce contexte, avec l’enjeu de générer des circuits courts. « On vit du circuit court plutôt que du tarif d’achat pour sortir des actifs », rappelle-t-il, comme pour conclure cette journée que l’on sentait charnière.

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