Ora : de l’autoconsommation aux certificats d’économie d’énergie

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Ora, une filiale de Apex Energies, vient de finaliser l’installation de plusieurs centrales photovoltaïques en autoconsommation : en juin, 500 kWc ont été mis en service sur une superficie de 3000 m2 sur le campus du constructeur de produits ménagers Seb dans la région lyonnaise, ce qui lui permet de couvrir 27 % des besoins du site en semaine et 45 % le week-end. En septembre, 312 kWc ont été mis en service sur la toiture du Super U Saint Vit en Bourgogne, réduisant de près de 12 % la consommation électrique annuelle issue du réseau.

« Le stade du projet pilote est dépassé depuis quelques mois », explique David Emsellem, le directeur général d’Ora. Désormais les consommateurs s’engagent dans de tels projets pour deux raisons, explique-t-il. D’une part, « le projet est rentable » : le coût de l’énergie augmente en France et celui de la technologie diminue, l’équation rendant les projets en autoconsommation viables et avantageux économiquement. D’autre part, le contexte juridique a été clarifié : une circulaire datant de juin met en avant l’exonération de taxe qui pèse sur les centrales en autoconsommation, et un arrêté a autorisé les projets avec tiers investisseurs.

« Les acteurs de grandes et moyennes surfaces sont rassurés et passent le cap », précise David Emsellem. « Ils attendaient le signal du gouvernement et maintenant ils n’ont plus de craintes. La technologie est bien maitrisée, et c´est une solution pertinente lorsqu’on a de la surface pour faire des économies significatives. »

Sur cette lancée, Ora développera et construira des projets totalisant plusieurs mégawatts. Le Groupe Seb, par exemple, a déjà prévu de renouveler l’expérience en installant une nouvelle centrale en autoconsommation de 500 kW sur un deuxième site. D’autres projets sont en cours sur des centres commerciaux, des hypermarchés, des centres hospitaliers ou encore pour des industriels souhaitant installer des ombrières photovoltaïques ou même des centrales au sol en autoconsommation.

« Il n’y a plus de frein ni technique, ni règlementaire… ni financier puisque les banques sont également de moins en moins réticentes. » explique David Emsellem.

Moyens de financement

Pour acquérir ses clients, Ora propose différentes prestations qui leur permettent de réduire le montant des investissements. La société renégocie par exemple pour eux les contrats de fournitures d’électricité et de gaz, ou « vend des économies ». « Cela permet de faire une économie de 20 % du montant de l’investissement, voire 100 % », estime David Emsellem.

Pour cela, Ora se base sur la valorisation des certificats d’économie d’énergie (CEE) – un dispositif mis en place par le gouvernement qui oblige les vendeurs d’énergie à promouvoir activement l’efficacité énergétique auprès des consommateurs. De manière schématique : les fournisseurs d’énergie (les obligés) incitent les consommateurs à effectuer des économies d’énergie (par le biais de travaux de rénovation par exemple), en leur proposant une aide financière ou d’accompagnement. Ces économies d’énergie sont traduites en volume de CEE que l’obligé récupère auprès d’organismes tiers spécialistes de la collecte de CEE.

La stratégie d’Ora consiste à préfinancer l’installation en autoconsommation, puis à jouer le rôle de mandataire auprès de plusieurs obligés et à se rembourser à l’aide de ces primes. « Le développement de la filiale Ora a pris une tournure surprenante depuis sa création. Nous pensions accompagner systématiquement nos clients sur des installations en autoconsommation, mais très vite le marché en a décidé autrement. Finalement aujourd’hui, ce sont sur les économies d’énergie et leur financement qui nous ouvrent des portes vers des projets solaires en autoconsommation. La tendance est plus au financement des économies d’énergie grâce au CEE très élevé depuis septembre 2018, qui motive les grands consommateurs d’énergie à réduire leur consommation d’électricité et de gaz. Dans ce cadre, nous avons créé des partenariats avec des acteurs de la filière d’efficacité énergétique tel que des bureaux d’études, des frigoristes, des entreprises spécialisées dans l’isolation… » précise David Emsellem sur le site de la société.

L’autoconsommation éligible au dispositif des certificats d’économie d’énergie

Au-delà de cette technique de financement, Ora souhaiterait que l’autoconsommation soit elle-même une mesure éligible au dispositif des certificats d’économie d’énergie. « Pour l’instant, l’autoconsommation dépend des subventions publiques, notamment par le biais des appels d’offres, mais il serait possible de mettre les fournisseurs classiques d’énergie à contribution [puisque ce sont eux qui financent les CEE]. » Dans cette optique, la société espère mobiliser ses clients importants pour nourrir le débat avec la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), qui est en charge de valider les actions éligibles à ce dispositif et qui est fermée à cette proposition.

Toutefois, l’autoconsommation fait-elle réellement économiser de l’énergie ? En plus des centrales en autoconsommation, Ora façonne d’autres outils pour sensibiliser les consommateurs à l’économie d’énergie, des outils tels que des afficheurs qui permettent de voir en temps réel la consommation d’électricité consommée et/ou produite. « Cet afficheur fait partie d’un cercle vertueux : en voyant les données, le consommateur va se demander ce qu’il peut faire de plus pour consommer moins. Il prend conscience de la production d’énergie », explique David Emsellem. Pour lui, l’autoconsommation permet donc bien d’économiser de l’énergie.

En ce moment, selon Ora, l’Ademe mène une enquête sur les résultats réels et concrets de l’autoconsommation. Disposant de résultats tangibles grâce à ses projets menés depuis deux ans, elle est tout à fait prête à être auditionnée !

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