Covid-19 : Quel impact sur les chantiers photovoltaïques ?

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« Aujourd’hui, tous nos projets sont à l’arrêt », déclare Franc Raffalli, le président du Groupement des métiers du photovoltaïque de la Fédération française du Bâtiment (GMPV-FFB), à pv magazine. « Même si nous voulions continuer, nous ne pourrions pas : la branche est empêchée pour plusieurs raisons », précise-t-il.

Du côté de la production, les commandes publiques ont été mises à l’arrêt, de même que les grands chantiers privés. « Nous ne pourrions pas continuer à travailler de toute façon puisque les loueurs de matériel de chantier ne louent plus. Sur certains chantiers, le matériel est encore disponible, mais, en cas de panne, personne n’est présent les réparer. » Techniquement, il est donc impossible de travailler. Si les projets en exploitation ne sont pas réellement impactés par la situation actuelle — les opérations urgentes sont assurées –, les chantiers en cours sont suspendus. Les sous-traitants étrangers sont retournés dans leurs pays, et le transport de matériel a ralenti, mettant en difficulté l’approvisionnement de matériaux.

Du côté des études et du commerce, les missions adaptées au télétravail sont exécutées. Toutefois, « il est difficile pour les services commerciaux de travailler efficacement puisqu’on ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans les prochains mois », précise M. Raffalli.

Des discours politiques dissonants

Le manque de main d’œuvre et de matériel ne représente pas le seul problème en ce moment, la branche doit également faire face à un discours politique contradictoire.

« Après avoir entendu le discours d’Emmanuel Macron, qui demandait à chacun de rester chez soi, la branche du BTP a compris qu’il fallait arrêter d’aller sur les chantiers », explique Franc Raffalli. Comment continuer l’activité sur les chantiers en garantissant la sécurité des salariés ? Ainsi, lundi 16 mars, le confinement total était prévu : télétravail pour le backoffice et arrêt des chantiers. « Le Premier ministre avait également précisé que tout le monde serait en chômage partiel, et donc dédommagé », souligne le président de la branche photovoltaïque de la FFB. « Dans le Bâtiment, nous nous sommes considérés comme un secteur « non essentiel »», ajoute-t-il. Cependant, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ne voit pas cela de la même manière, et enjoint le BTP de reprendre les chantiers. « En milieu de semaine, le ton a changé », ajoute Franc Raffalli. Selon les Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRRECTE), le chômage partiel n’était pas envisageable dans la branche. De cette cacophonie s’ensuit un appel au gouvernement de la part du FFB : une demande d’arrêt des chantiers d’une dizaine de jours afin que la branche puisse s’organiser.

« La situation est peu claire, aucune consigne précise n’a été donnée », explique Franc Raffalli. Aujourd’hui, même si un amendement précise que le dispositif du chômage partiel peut être accordé à toutes les entreprises, un dégel des chantiers est souhaité et envisagé. « Les entreprises du bâtiment et des travaux publics sont essentielles à la vie économique du pays et à son fonctionnement, en contribuant à des besoins du quotidien des Français comme le logement, l’eau, l’énergie, la gestion des déchets, les transports et les télécommunications. Il est donc nécessaire d’œuvrer à la poursuite de leur activité, pour éviter une mise à l’arrêt totale des chantiers, qui déstabiliserait non seulement les entreprises concernées mais aussi l’ensemble de la chaîne économique », explique le communiqué de presse rédigé conjointement par le gouvernement, le FFB, les Travaux publics et la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB).

Un guide de bonnes pratiques, validé par les Ministères du Travail et des Solidarités et de la Santé, sera publié pour préciser l’ensemble des mesures et des procédures applicables pour accompagner les professionnels du secteur.

Une reprise petit à petit

« La reprise se fera petit à petit, selon les chantiers », précise Franc Raffalli. Certains fournisseurs de matériel, tels que Saint-Gobain, ont déjà annoncé leur réouverture en faisant évoluer leur mode de service aux professionnels.

Sur le plan de l’approvisionnement des modules photovoltaïques, « le manque de panneaux s’est fait ressentir avant la crise en France, lorsque les usines étaient fermées en Chine », explique Franc Raffalli. Les projets français ont alors dû être décalés de 15 jours à 3 semaines. « Mais la production reprend doucement là-bas et, quand les chantiers reprendront en France, la production en Chine sera plus effective, les marchés les plus gros auront probablement été livrés, ainsi les panneaux seront disponibles pour les chantiers français. »

Face aux difficultés actuelles, Franc Raffalli relativise toutefois. « Dans le secteur photovoltaïque, les entreprises qui ont survécu aux dix dernières années ne vont pas s’effondrer après cette période de mise à l’arrêt », explique-t-il. « Cela ne va pas les mettre par terre », conclut-il.

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