Bilan prévisionnel de RTE : sur 2021-2024, marges tendues, ENR en retard

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Comme lors de l’hiver qui s’achève, les marges du système électrique devraient rester faibles jusqu’en 2024 et le critère de sécurité réglementaire d’approvisionnement prévu par le code de l’énergie (3 heures maximum sur l’année) ne sera pas respecté l’hiver prochain. RTE place d’ores et déjà l’hiver 2021-2022 en « vigilance particulière », a insisté Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, en présentant, hier mercredi l’actualisation du bilan électrique prévisionnel à l’horizon 2030. RTE y distingue trois périodes : 2021-2024, 2024-2026 et 2026 à 2030.

Entre 2021 et 2024, la consommation devrait remonter doucement, après la crise de la Covid-19, les marges seront faibles. Les mesures sanitaires ayant désoptimisé le planning de maintenance du parc nucléaire, sa disponibilité va demeurer moindre et la mise en service du futur EPR de Flamanville n’est pas prévu dans cette période. En outre, le programme de grand carénage d’EDF (qui vise à prolonger la durée de vie des réacteurs) arrivera à un pic. De plus, les ENR ne sont pas au rendez-vous. Elles restent sous la trajectoire de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), notamment en matière d’éolien, qui reste juste sous les objectifs. Et le président de RTE de signaler qu’il faut accélérer pour être à l’heure sur l’offshore éolien, mais aussi sur le photovoltaïque qui est très en deçà de sa trajectoire. D’autant, a-t-il insisté, que les ENR contribuent désormais à la sécurité d’approvisionnement.

Pour traverser cette période difficile, RTE préconise, malgré l’adaptation du planning de maintenance du parc nucléaire, de maintenir en service ou de convertir à la biomasse la centrale au charbon de Cordemais, en Bretagne, de tendre vers les objectifs ENR de la PPE et d’accélérer la mise en place de solutions, notamment de l’effacement.

Entre 2024 et 2026, le système électrique français « retrouve des marges acceptables, sans toutefois être confortables », signale RTE. Ce sera une « période de transition », insiste le responsable de RTE. La consommation d’électricité devrait progressivement repartir à la hausse avec l’électrification et les nouveaux usages de l’électricité, pour retrouver un niveau équivalent à celui d’avant la crise en 2025-2026 (471 TWh/an). Même si le développement des ENR risque de rester sous la trajectoire prévue par la PPE, des marges de manœuvre devraient être gagnées. L’EPR de Flamanville devrait entrer en service. RTE estime cependant que « les conditions prévues par la PPE pour la fermeture anticipée de réacteurs nucléaires pourront très difficilement être remplies ». Une option inscrite dans la PPE prévoit en effet la possibilité, si « les conditions sont remplies », d’un arrêt anticipé de deux tranches d’ici 2028 (horizon de la PPE).

L’horizon s’éclaircit néanmoins sur la période entre 2026 et 2030 même si la consommation d’électricité pourrait atteindre 500 TWh/an à l’horizon 2030, soit une hausse de 5%. Outer l’entrée à plein régime de Flamanville 3 attendu, les parcs offshore éolien devraient être au rendez-vous, et les objectifs globaux de la PPE proche d’être atteints. En outre, se réjouit Xavier Piechaczyk , « un décrochage entre la hausse de la consommation et une baisse du pic de consommation est attendu, estimé à 3 GW environ ». Une décorrélation liée au développement de nouvelles flexibilités (plus particulièrement le recours aux batteries des véhicules électriques et l’effacement) et aux nouveaux usages (notamment le recours à l’hydrogène) qui sont logiquement prévus pour fonctionner en dehors des périodes de pointe.

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