France Hydrogène propose de revoir les ambitions françaises à la hausse

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France Hydrogène a publié le 8 septembre l’étude « Trajectoire pour une grande ambition hydrogène ». Selon ses auteurs, non seulement les objectifs fixés par la Stratégie nationale hydrogène pour 2030 sont atteignables, mais il est également possible d’aller vers un scenario de déploiement encore plus ambitieux.

Les axes privilégiés de la Stratégie nationale, dotée d’un soutien public de 7,2 milliards d’euros sur 10 ans, sont la décarbonation de l’industrie associant l’émergence d’une filière compétitive de l’électrolyse, le développement d’une mobilité professionnelle à l’hydrogène et le soutien à la recherche, l’innovation et le développement de compétences. Elle vise à déployer 6,5 GW d’électrolyse à l’horizon 2030 et éviter ainsi l’émission de 6 millions de tonnes de CO2 par an.

Deux scénarios : Ambition 2030 et Ambition+ 2030

France Hydrogène, qui fédère l’ensemble des acteurs de la filière, a souhaité apporter sa contribution à la mise en œuvre de cette Stratégie, en proposant une feuille de route au travers d’objectifs chiffrés de déploiement à 2030 et en localisant les points d’ancrage pour un déploiement massif sur le territoire national. L’organisme décrit ainsi deux scénarios.

Le premier, baptisé « Ambition 2030 », s’inscrit pleinement dans le cadre de la Stratégie nationale avec une consommation annuelle de 680 000 tonnes (680 kt) d’hydrogène renouvelable ou bas[1]carbone à l’horizon 2030 dont 475 kt (70 %) pour le secteur industriel, 160 kt (23 %) pour la mobilité (300 000 véhicules légers, 5000 poids-lourds, 65 bateaux et navires et 100 trains), et 45 kt (7 %) pour le secteur de l’énergie.

Cependant, comme le note France Hydrogène, « le renforcement des politiques climatiques aux niveaux français et européen (ex. mise en œuvre du paquet européen « Fit for 55 », objectifs rehaussés d’énergie renouvelable, instauration de quotas d’hydrogène renouvelable dans l’industrie à hauteur de 50 % ou encore réforme du marché du carbone européen EU-ETS, …) conduit à envisager une ambition plus élevée », est-il écrit dans le texte.

De fait, le deuxième scénario, « Ambition+ 2030 », rehausse ainsi les objectifs de 60% soit 1 090 000 tonnes (1090 kt) de consommation annuelle d’hydrogène dont 635 kt (58 %) pour le secteur industriel, 325 kt (30 %) pour la mobilité (450 000 véhicules légers, 10 000 poids-lourds, 135 bateaux et navires et 250 trains) et 130 kt (12 %) pour le secteur de l’énergie.

Sept grands bassins de consommation identifiés

Pour soutenir un déploiement massif de l’H2 et la réduction des coûts, l’étude dimensionne sept grands bassins sur la base d’une méthodologie alliant cartographie des projets hydrogène avec le regroupement des pôles de consommation, des pôles de production ainsi que leur zone d’influence au sein de hubs territoriaux. Les consommations d’hydrogène décarboné se concentreront prioritairement dans ces 7 grands bassins, représentant à terme 85 % de la demande totale. Mettre en place une chaine d’approvisionnement intégrée à l’échelle de ces bassins permet de réduire les coûts grâce à la mutualisation de la production et des usages en bénéficiant des économies d’échelle.

Les sept grands bassins de consommation.

Image : France Hydrogène

En dehors de ces bassins, de nombreux projets sont également en cours de montage, dont certains de grande envergure, pour le déploiement de véhicules notamment. Ces 15 % de la demande représentent une part importante dans la montée en puissance de la filière et permettront d’assurer un maillage complet du territoire national. Cette ambition suppose alors le déploiement d’une chaîne d’approvisionnement en hydrogène de 6,5 à 10 GW d’unités de production d’ici à 2030 pour répondre aux besoins des deux scénarios envisagés. 685 km de canalisation de transport seraient également nécessaires pour relier les pôles industriels et les unités de stockage géologiques (15 à 20 kt de capacité de stockage géologique seraient nécessaires pour satisfaire les besoins de l’industrie).

« Cette étude des bassins de déploiement associée aux objectifs chiffrés est le point de départ d’une feuille de route à enrichir et partager entre les acteurs de la filière et l’Etat pour le succès de la Stratégie nationale. Des hubs territoriaux d’envergure se mettent en place sur le territoire national permettant d’assurer à terme un maillage complet », souligne Philippe Boucly, président de France Hydrogène.

La disponibilité de l’énergie primaire : une des conditions de la réussite

L’étude montre en outre que le rythme actuel de déploiement des énergies renouvelables (éolien terrestre et photovoltaïque) pourrait suffire à alimenter les usages soumis à la seule Directive européenne sur les énergies renouvelables (RED2). En revanche, l’extension de RED2 au secteur industriel, telle que proposée par le projet de Directive RED3 (paquet « Fit for 55 »), accentuerait le besoin de nouvelles capacités de production d’électricité renouvelable et nécessiterait une accélération du rythme de déploiement des énergies renouvelables déjà en retard aujourd’hui au regard des objectifs de la PPE.

Les « Gigafactories » de piles à combustible, électrolyseurs ou encore de stations de recharge hydrogène annoncées entre 2025 et 2030 permettront aux industriels nationaux de prendre une part de marché significative au niveau national tout en se positionnant fortement à l’export en Europe et dans le monde. Le développement d’une filière manufacturière nationale de ces technologies à forte valeur ajoutée entraînera dans son sillage un tissu de fournisseurs et de sous-traitants de la filière accélérant la création de valeur dans les territoires. « Ce développement du marché de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone en France représente une opportunité unique d’industrialisation pour la filière manufacturière nationale favorisant dans son sillage la création de valeur et d’emplois sur nos territoires. Il est clair que si la France était disposée à s’orienter vers le scenario « Ambition 2030+ » comme le contexte l’y engage, les conditions du soutien financier public devraient être revues », conclut Philippe Boucly.

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