La rentrée du solaire hors réseau en Afrique : un rapport de la Banque Mondiale appelle le secteur à accélérer [3/3]

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Si le potentiel solaire des pays d’Afrique est progressivement exploité avec des projets à grande échelle, les mini-réseaux solaires pour les particuliers ou petites entreprises ne sont pas en reste. Vendus sur un modèle de paiement à l’acte, ces systèmes profitent d’abondants financements et de stratégies de déploiement soutenues par les institutions internationales. La rentrée 2022 n’a pas fait défaut en termes de développements et pv magazine propose un tour d’horizon des récentes opérations de financement et de déploiement des acteurs du secteur en Afrique.

A côté des déploiements, les institutions se sont également emparées du solaire hors réseau comme un moyen pour accéder à l’électrification universelle d’ici 2030.

Dans un nouveau rapport, la très libérale Banque mondiale estime même que « les mini-réseaux solaires pourraient offrir un approvisionnement ininterrompu en électricité de haute qualité à près d’un demi-milliard de personnes vivant dans des zones qui en sont privées et constituer une solution à moindre coût pour combler le déficit d’accès à l’énergie à l’horizon 2030 ». Intitulée « Des mini-réseaux pour un demi-milliard de personnes – Perspectives du marché et guide pour les décideurs », l’étude a été menée par le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) et se veut une référence pour les décisions à venir dans le secteur du hors réseau.

La Banque mondiale mise sur les mini-réseaux électriques

La Banque mondiale veut soutenir de manière croissante le déploiement des mini-réseaux photovoltaïque dans ses enveloppes de soutien au développement de programmes complets d’électrification. « Avec 1,4 milliard de dollars [1,43 milliards d’euros] répartis sur 30 pays, nos engagements en faveur des mini-réseaux électriques représentent environ un quart de l’investissement total des secteurs public et privé dans nos pays clients, affirme Riccardo Puliti, vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures.  » qui appelle à incorporer la stratégie hors réseau dans les modèles d’électrification nationaux des acteurs publics et privés.

A date de l’étude, ESMAP recensait 3100 mini-réseaux installés et 9000 en développement en Afrique. Pour raccorder un demi-milliard de personnes avec les solutions hors réseau, il faudrait y consacrer 127 milliards de dollars (environ 130 milliards d’euros) d’investissement d’ici 2030 afin de construire quelque 217 000 mini-réseaux, soit l’équivalent de 2000 systèmes par pays et par an.

Mini-réseaux électriques installés par an dans chacun des 20 pays présentant les taux d’électrification les plus bas (2018-2030).

Source : ESMAP

Certes, la baisse des coûts des composants, le développement de solutions numériques et la multiplication des acteurs ont permis d’accélérer le déploiement des mini-réseaux solaires : d’environ 50 projets en moyenne par pays et par an en 2018, l’institution estime ce chiffre à plus de 150 aujourd’hui, en particulier dans les pays où les taux d’accès à l’électricité sont les plus faibles. Le coût de l’électricité produite par ces systèmes a également baissé en passant de de 0,55 dollar/kWh (0,56 euros/kWh) en 2018 à 0,38 dollar/kWh (0,39 euros/kWh) aujourd’hui.

Les moteurs pour « réaliser pleinement le potentiel de ce secteur »

« Mais si l’on veut exploiter pleinement le potentiel des mini-réseaux solaires, les pouvoirs publics et les acteurs du secteur doivent coopérer afin de repérer systématiquement les possibilités en la matière, de continuer à faire baisser les coûts et de lever les obstacles au financement », affirme la Banque mondiale. Car l’étude est sans équivoque : au rythme actuel, la croissance des mini-réseaux solaire ne permettra pas d’atteindre les taux d’électrification attendus.

Précisément le rapport s’est penché sur les différents ressorts bloquant ou dynamisant le secteur. Cinq « moteurs du marché qui permettront de réaliser pleinement le potentiel de ce secteur et de favoriser sa contribution aux efforts d’électrification universelle » ont été identifiés, à savoir :

  1. Ramener à 0,20 dollar/kWh (idem en euros) le coût de l’électricité provenant de mini-réseaux solaires hybrides d’ici à 2030, ce qui changerait la vie d’un demi-milliard de personnes pour seulement 10 dollars par mois
  2. Accélérer le déploiement des mini-réseaux pour installer 2 000 mini-réseaux par pays et par an, grâce à la constitution de portefeuilles de mini-réseaux modernes plutôt que de projets ponctuels
  3. Fournir un service d’excellente qualité aux clients et aux collectivités en proposant un approvisionnement électrique fiable permettant à 3 millions d’équipements et de machines de fonctionner et desservant 200 000 établissements scolaires et de santé
  4. Utiliser l’effet de levier des fonds apportés par les partenaires du développement et par les pouvoirs publics pour mobiliser des financements auprès du secteur privé, avec l’objectif de réunir 127 milliards de dollars (130 milliards d’euros) d’investissements cumulés à l’horizon 2030
  5. Créer un environnement commercial favorable aux mini-réseaux dans les principaux pays en déficit d’accès au moyen de réglementations souples et adaptées, de politiques de soutien et de la réduction des formalités administratives

Pour rappel, plus de 700 millions de personnes, principalement en Afrique subsaharienne, n’ont pas accès à l’électricité aujourd’hui. « Le rythme de l’électrification s’est ralenti ces dernières années, en raison des difficultés à atteindre les populations les plus éloignées et les plus vulnérables, ainsi que des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19. Au rythme actuel, 670 millions de personnes seront encore sans électricité d’ici 2030 », déclarait récemment la Banque mondiale dans un communiqué.

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