Des développeurs solaires américains se risquent dans la fabrication de modules

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D’après pv magazine USA

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act – IRA), plus de dix entreprises ont annoncé des capacités de production comprises entre 50 et 80 GW de silicium, d’onduleurs, de cellules et de modules solaires aux États-Unis. La feuille de route de la Solar Energy Industries Association, l’organisation professionnelle du solaire aux États-Unis, vise avec optimisme une capacité de fabrication de modules solaires de 50 GW. Certains analystes y voient une opportunité pour les États-Unis de s’établir en un solide marché exportateur de panneaux solaires.

Preuve est donc faite qu’un peu de politique industrielle bien ajustée peut avoir un effet considérable sur les affaires locales et la sécurité nationale.

La fabrication américaine est à la hausse / Les entreprises répondent aux investissements du Président Joe Biden dans les industries du futur.

Image : DR

L’une des nouveautés réside dans la participation de développeurs de solaire dans les usines d’assemblage de modules solaires. Leur implication est motivée par la nécessité de sécuriser les capacités de production des modules tout en respectant les critères « made in America » pour les produits. Le respect de ces critères est essentiel, car les projets qui y répondent sont éligibles au crédit d’impôt à l’investissement supplémentaire de 10 % prévu par l’IRA.

Par le passé, on avait assisté à une situation inversée, où les fabricants de modules tels que Canadian Solar, First Solar et Hanwha, s’étaient intéressés à la partie développement.

Voici quelques exemples de développeurs qui seront bientôt partenaires dans la fabrication de modules :

Meyer Burger a agrandi son usine d’Arizona pour passer à une capacité de production de 3 GW/an, après avoir signé un accord pour 3,75 GW de modules entre 2024 et 2029 avec l’un des plus grands développeurs américains, DE Shaw Renewable Investments. Cet accord précise spécifiquement que DE Shaw versera un « acompte annuel substantiel » pour aider Meyer Burger à financer la capacité de production nécessaire pour répondre à une telle demande. L’usine (avant le partenariat) avait une capacité de 1 GW/an.

Il semblerait que First Solar investit essentiellement en réponse à une demande très élevée. Dès février 2023, le carnet de commande était déjà plein jusqu’à fin 2025. L’entreprise a récemment annoncé l’ouverture en 2025 d’une nouvelle usine pouvant fabriquer 3,5 GWdc de modules par an. Cette usine vient s’ajouter à un élargissement de 0,9 GWdc/an des installations existantes.

Quelques mois après cette annonce, l’entreprise a conclu un accord (à compter de 2025) pour 4,9 GW de capacité sur une période de cinq ans. Cet accord représenterait 28 % de la production de l’usine pendant les cinq premières années.

Sites de fabrication solaire en activité (pas planifiés).

Image : Ministère américain de l’Énergie

En 2022, quelques mois avant l’adoption de l’IRA, six développeurs de solaire (AES, Clearway Energy Group, Cypress Creek Renewables et D.E. Shaw Renewable Investments) avaient déposé une Demande de proposition pour que des fabricants installés aux USA fournissent 7 GW de modules solaires par an à partir de 2024.

En octobre 2022, on a même pu assister à la fusion d’un fabricant de panneaux solaires, Solaria, avec une entreprise d’installation solaire, Complete Solar, pour créer une nouvelle entité baptisée Complete Solaria. Si cette nouvelle a été accueillie avec mépris par certains installateurs de solaire résidentiel, l’accès aux produits de Solaria étant devenu plus compliqué, une telle décision est tout à fait logique du point de vue d’une entreprise d’installation résidentielle qui cherche à sécuriser un produit de grande qualité à un prix raisonnable.

En 2018 déjà, on avait observé à un tel rapprochement entre développeurs et fabricants, lorsque Jinko Solar avait construit une usine à Jacksonville, en Floride, signant au passage un accord avec le plus gros producteur d’énergie renouvelable du pays, NextEra, pour l’ensemble de la production de cette usine.

La fabrication des panneaux solaires obéit à des modèles économiques différents aux États-Unis et en Chine, de sorte qu’il n’est pas surprenant de voir naître ce genre de relations hybrides. Dans ce type de partenariats, il ne s’agit pas seulement d’aider les fabricants à financer les usines, mais aussi d’aider les entreprises de développement de l’énergie à sécuriser les modules dont ils ont besoin, et ce à un prix raisonnable et en évitant les défis ou les risques associés à l’importation.

Traduction assurée par Christelle Taureau.

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