Le gouvernement français a rendu publique le 22 novembre la « Stratégie française pour l’énergie et le climat » (SFEC), document de 102 pages soumis à consultation publique jusqu’au 15 décembre, qui réaffirme la volonté du pays de « sortir de la dépendance aux énergies fossiles » d’ici à 2050, alors que la consommation d’énergie finale de la France reste aujourd’hui encore composée à 37 % de pétrole et 21 % de gaz.
La SFEC indique qu’en 2035, les énergies fossiles devront représenter 29 % de la consommation finale d’énergie (contre 60 % aujourd’hui). Pour cela, au moins 177 TWh supplémentaires d’électricité à partir d’énergies renouvelables par rapport à 2022 seront nécessaires pour répondre à la croissance de la demande et assurer la sécurité d’approvisionnement.
Parmi les filières en développement, le photovoltaïque fait l’objet d’une politique volontariste : il est prévu de doubler le rythme annuel de développement de nouvelles capacités en travaillant à une répartition équilibrée entre centrales au sol, grandes toitures et résidentiel pour atteindre 54 à 60 GW en 2030, contre un objectif compris entre 35 et 44 GW en 2028 dans la précédente Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). L’objectif à 2030 est fixé à 75 à 100 GW (soit une production de 93 TWh).
Modalités de consultation
Pour y parvenir sans conflit d’usage, le développement devra sans surprise favoriser les espaces déjà artificialisés : au sol, il s’agit des fonciers présentant de moindres enjeux notamment en termes de biodiversité (parkings, friches, délaissés routiers, autoroutiers, ferroviaires, etc.). Sur bâtiments, le document souligne que des obligations ont déjà été introduites dans la loi afin d’augmenter le nombre de bâtiments, neufs et existants, devant installer des panneaux photovoltaïques. Concernant les zones naturelles, agricoles et forestières, les installations ne pourront entrer en compétition avec la production agricole ou la gestion durable forestière, ni, dans tous les cas, conduire à des défrichements de zones de plus de 25 hectares. Des projets d’agrivoltaïsme permettront en revanche d’apporter un service à l’activité agricole (adaptation au changement climatique, protection contre les aléas météorologiques, amélioration du potentiel agronomique ou encore bien-être animal).
Objectifs largement insuffisants pour Greenpeace
Sur le front de l’éolien, la France fait largement le choix de l’éolien en mer, compétitif et disposant d’un bon facteur de charge, sur les quatre façades maritimes et à hauteur de 18 GW en 2035, soit l’équivalent de 6 réacteurs EPR2, comme le rappelle la stratégie. D’ici 2030, sept parcs éoliens en mer issus des appels d’offres 1 à 3 seront mis en service. En revanche, le rythme pour l’éolien terrestre sera uniquement maintenu en veillant à une répartition équilibrée des installations et en investissant dans le repowering, c’est-à-dire le renouvellement d’anciennes infrastructures pour les remplacer par de nouvelles plus puissantes et efficaces.
Enfin, côté nucléaire, « tous les réacteurs seront maintenus en exploitation tant que les exigences de sûreté seront strictement respectées et en recherchant des gains de puissance là où cela est possible », avec en parallèle le lancement d’un nouveau programme de réacteurs nucléaires (six puis huit EPR2), comme le prône le document.
« Le gouvernement persiste et signe, a critiqué l’ONG écologiste Greenpeace France. La réduction rapide des émissions n’est pas son objectif prioritaire, en témoignent les faibles niveaux d’ambition sur les énergies renouvelables, en particulier sur le photovoltaïque (avec un objectif haut de 7 GW par an en 2030 alors que plusieurs voisins européens en font déjà davantage aujourd’hui) et encore plus sur l’éolien terrestre (avec une volonté de simplement maintenir le rythme de développement actuel dérisoire). Derrière les beaux efforts de communication du gouvernement se cache dans cette publication une réalité bien moins reluisante : le plan du gouvernement échoue à atteindre la plupart des objectifs fixés pour 2030 – alors même que ceux-ci étaient déjà insuffisants. Cela concerne tant la réduction de la consommation énergétique (1371 TWh d’énergie finale prévue en 2030 contre un objectif fixé par l’UE de 1209 TWh) que la proportion d’énergie renouvelable (l’objectif européen de 42,5 % de renouvelables dans l’énergie finale est tout simplement absent du document) ou la baisse de 55 % des émissions nettes ».
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