L’usine française du fabricant Recom Sillia placée en liquidation judiciaire

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Alors qu’elle était en redressement judiciaire depuis décembre 2023, l’entreprise française Recom Sillia, située à Lannion (Côtes-d’Armor), n’a pas résisté à la vague de fermetures d’usines d’assemblage de panneaux photovoltaïques en France et en Europe. Mise à mal par la concurrence des produits chinois, elle a été placée en liquidation le 12 avril, suite à une décision du tribunal de commerce de Saint-Brieuc. Les 32 salariés, qui ont reçu leur lettre de licenciement économique, pourraient selon la presse locale bénéficier d’un dispositif « leur permettant un reclassement accéléré ». Parallèlement, Recom Technologies, maison mère de Recom Sillia, a précisé à pv magazine France que « la production de modules sera délocalisée de la France vers son usine italienne de Padoue », sans préciser la capacité concernée.

L’Italien Recom Technologies a acquis en 2017 l’usine de Lannion, opérationnelle depuis 1965, d’abord détenue par l’entreprise française de télécommunications Sagem-Safran puis par Bosch avant d’être reprise par l’industriel Sillia. Alors en redressement, le site, qui a pris la nouvelle dénomination Recom Sillia, a été modernisé grâce à environ 30 millions d’euros d’investissements depuis 2017, pour atteindre une capacité maximale de production de 500 MW.

Recom évoque des problèmes réglementaires avec l’Etat

Toujours auprès de pv magazine France, Recom Technologies pointe toutefois la responsabilité de l’Etat français : « la déception et la frustration face à l’incapacité du gouvernement français à faire respecter les réglementations relatives aux appels d’offres de la CRE, associées à leur indifférence face aux défis auxquels est confrontée l’industrie des énergies renouvelables en France, ont conduit la direction de Recom à décider de quitter la France ».

En effet, au moment de l’acquisition de Sillia VL par Recom-Italia en 2017, l’État français avait lancé l’appel d’offres ” CRE 3 ” (n° 2014 / S 230-405274) et avait attribué des projets solaires sur l’ensemble du territoire français à une douzaine d’entreprises. « Tous les lauréats, dans leur appel d’offres, avaient désigné Sillia (devenu Recom-Sillia) comme unique fournisseur de modules pour des projets solaires d’une capacité totale de 295 MW », rappelle le fabricant.

« Or, en violation des conditions et spécifications de l’appel d’offres, les adjudicataires ont utilisé des modules d’autres fournisseurs  et le gouvernement français n’a pas fait respecter les règles, poursuit-il. Actuellement, une action en justice est en cours au tribunal de commerce de Rennes à l’initiative de Recom-Sillia contre le ministère français de la transition écologique pour un montant de 45 millions d’euros».

Plus de 3 GW de capacités perdues en Europe

« Au total, l’Europe a officiellement perdu 3,07 GW de capacité de production de modules depuis l’automne, en raison de la faillite ou de l’arrêt de la production de modules photovoltaïques », s’est de son côté ému le Conseil européen des fabricants solaires (ESMC). Et l’organisme de lister toutes les entreprises ayant mis la clé sous la porte ces derniers mois : le Suisse Flisom (55 MW), Energetica (250 MW), le Néerlandais Exasun (125 MW), les Allemands Envelon (80 MW), Meyer Burger (1 400 MW) et Solarwatt (300 MW) et enfin le Français Systovi (80 MW). « Il n’est pas réjouissant d’avoir raison dans nos prédictions lorsqu’il s’agit de ce type de nouvelles, et nous, à l’ESMC, sommes bien sûr déçus que les décideurs politiques n’aient pas agi suite à nos avertissements et à nos suggestions pour mettre en œuvre des mesures d’urgence ».

L’article a été amendé le 10 mai avec l’ajout de la réaction de Recom Technologies.

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