[L’acteur de la semaine] Après la fermeture du fabricant Systovi, quid des salariés et des clients ?

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En mars, Systovi s’était donné un mois pour trouver un repreneur. En dépit de contacts intéressants, aucune négociation n’a abouti et votre entreprise a été mise en liquidation judiciaire le 17 avril. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé pendant ce mois de recherches pour sauver Systovi ?

Paul Toulouse : A notre grand étonnement, mais aussi satisfaction, nous avons reçu une cinquantaine de contacts, témoignant d’un grand intérêt pour l’énergie photovoltaïque et pour notre travail. De plus, le sujet de la réindustrialisation en Europe est porteur en ce moment. Ces contacts émanaient de trois types d’acteurs : soit des industriels ayant des activités proches du photovoltaïque et souhaitant s’étendre dans ce domaine, soit des porteurs de projets dans le solaire ayant en projet de se diversifier vers la fabrication, soit, enfin, des investisseurs. Pourtant, en dépit du fait que nous ayons effectué des rencontres et des visites sur notre usine de Carquefou, aucun de ces contacts n’a abouti sur une offre concrète.

Comment l’expliquez-vous ?

Les grandes difficultés et incertitudes qui pèsent sur le marché photovoltaïque en France et en Europe ont découragé les repreneurs potentiels, même les plus motivés. En effet, le marché est pris en étau entre, d’un côté, la concurrence des produits chinois, à des prix très bas, ce qui devrait se poursuivre à moyen terme et, de l’autre, une réglementation qui évolue très lentement.

La même semaine que l’annonce des difficultés de Systovi, le gouvernement français a ainsi présenté de manière assez opportune son Pacte solaire, alors même qu’il était déjà planifié pour mai 2023 initialement. De plus, son contenu est, à mon sens, principalement symbolique. Il ne contient aucune mesure réellement engageante, de nature à rassurer les investisseurs, d’autant qu’il n’a été signé ni pas les fabricants (Voltec, Systovi, Photowatt), ni par les gros développeurs, comme TotalEnergies, Engie ou EDF.

En outre, la seule mesure concrète existe déjà : il s’agit du crédit d’impôt au titre d’investissement dans les industries vertes (C3IV). Or, en dépit d’intenses discussions que nous avons conduites avec les services de l’Etat, seuls les fabricants de cellules et de modules restent éligibles au dispositif. Cela exclut d’emblée les entreprises existantes qui font de l’assemblage de modules comme la nôtre.

N’avez-vous pas trop tardé à réagir à la baisse importante des prix des modules chinois ?

Je ne crois pas. Nous avons assuré sur l’exercice 2022/2023 21,5 millions d’euros de livraisons et notre carnet de commandes était plein. Quand les industriels chinois ont divisé par deux leurs tarifs, nous avons baissé nos prix au plus bas que nous pouvions, mais il nous était impossible de descendre sous nos coûts de production, contrairement aux entreprises chinoises qui sont subventionnées. Nous, nous ne pouvions pas nous le permettre, d’autant que notre ligne de 80 MW ne nous permettait pas de bénéficier des effets d’échelle.

Un certain nombre de producteurs européens bradent leurs produits depuis un an, car ils y voient une manière de faire le dos rond avant l’arrivée d’une réglementation plus favorable. Notre maison mère Cetih a également fait le dos rond pendant plusieurs années pour nous soutenir, mais poursuivre leur était devenu impossible.

Que va-t-il se passer pour vos 87 salariés ?

Ils vont perdre leur emploi. Nous avons donc mis en place une procédure d’accompagnement individualisé pour chacun d’eux. Tout d’abord, plusieurs postes sont ouverts dans le groupe Cetih. Nous avons également repéré plusieurs dizaines d’annonces dans le bassin d’emploi et nous tenons d’ailleurs à remercier les employeurs de la région pour leurs marques d’empathie.

Je lance également un appel à tous les acteurs de la filière du photovoltaïque en France, afin de nous transmettre leurs offres, dans le domaine de la production, mais aussi du développement, des projets, des études… sur la région nantaise mais aussi dans toute la France. Certains de nos salariés ont manifesté le fait qu’ils sont tout à fait mobiles dans leur recherche d’emploi.

Quid de l’outil de production ?

Notre outil de production est très récent car nous avions effectué un investissement de 1,5 million d’euros dans une nouvelle ligne inaugurée en mars 2023. Malheureusement, il risque de devenir rapidement obsolète compte tenu de l’évolution très rapide de l’innovation technologique dans le photovoltaïque. C’est pourquoi il sera cédé par le mandataire désigné dans les mois qui viennent, selon la procédure standard.

Enfin, certains clients ont contactés pv magazine, inquiets de savoir ce que vont devenir leurs contrats de maintenance ? Qu’en est-il ?

Tout d’abord, nous avons eu à cœur d’accompagner le mieux possible tous nos clients, en finalisant par exemple les dernières livraisons pour que tous les chantiers planifiés puissent être achevés. Concernant les garanties, la garantie de Systovi prend fin avec notre cessation d’activité, mais il existe des solutions pour les clients : d’une part, nous avons un taux de garantie très faible, étant donné la qualité de nos produits. D’autre part, il reste du stock chez les distributeurs. Les installateurs ont l’habitude de trouver des solutions de remplacement et j’invite donc les particuliers à se tourner vers leur installateur en cas de problème.

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