À l’origine du projet agrivoltaïque Terr’Arbouts, situé dans le département des Landes, se trouve un enjeu environnemental majeur : la dégradation de la qualité de l’eau de la nappe phréatique locale. Sur les communes de Saint-Gein et Pujo-le-Plan, des analyses ont révélé la présence préoccupante de deux métabolites du métolachlore, ainsi que de résidus de substances phytosanitaires interdites depuis plusieurs années en France. Une contamination qui est le résultat direct de décennies d’usage des produits phytosanitaires et des herbicides en maïsiculture intensive.
Face à cette situation, le Syndicat Départemental d’Équipement des Communes des Landes (SYDEC) a engagé dès 2018 un plan d’action combinant mesures préventives et curatives pour améliorer la qualité de l’eau des captages. Dans le même esprit, un collectif d’agriculteurs de la zone a pris l’initiative de repenser leurs pratiques, en s’engageant dans une transition vers une agriculture plus durable. Cela implique notamment le passage au « zéro phyto », ainsi que l’adaptation des cultures aux caractéristiques locales de la ressource en eau. Les agriculteurs ont ainsi opté pour des cultures à faible besoin en intrants et en irrigation, comme le lin, la caméline, le chia, le colza et le tournesol, toutes reconnues pour leur faible impact environnemental et leur forte teneur en oméga-3, en adéquation avec les enjeux climatiques et sanitaires du territoire.
Répartition équitable
Pour compenser la baisse des rendements agricoles liée à cette transition, 35 exploitants agricoles se sont réunis en 2019 pour créer l’association Pujo Arbouts Territoire Agrivoltaïsme (PATAV). Leur objectif : étudier la faisabilité d’un modèle innovant combinant agriculture et production d’énergie solaire, en s’inscrivant dans la dynamique du Contrat Re-Sources et du Projet Alimentaire Territorial (PAT). Confié au développeur photovoltaïque GLHD, appartenant à EDF Renouvelables et Cero Generation, le projet s’étendra sur 700 hectares, dont 200 hectares seront équipés de panneaux photovoltaïques, pour une puissance installée de 450 MWc. La production annuelle estimée est d’environ 650 GWh. Selon le calendrier théorique de GLHD, la mise en service prévue pour décembre 2026, pour un début d’exploitation commerciale envisagé en 2028.
Le coût total du projet est estimé à 260 millions d’euros. En intégrant les charges d’exploitation, le service de la dette, les taxes et amortissements, le coût annuel s’élève à environ 40 millions d’euros (au taux d’intérêt actuel).
Selon le rapport de l’enquête publique menée entre février et mars 2024, un dispositif de répartition équitable de la valeur est prévu entre les exploitants et les sociétés de projet (SPV, filiales de GLHD), via trois mécanismes contractuels :
- Bail emphytéotique sur 40 ans avec les propriétaires fonciers, représentant 19 % des recettes générées par le projet ;
- Prêt à usage, prestation de services et convention d’exploitation avec les agriculteurs exploitant les parcelles agrivoltaïques (engagement à maintenir une activité agricole), représentant 62 % des revenus ;
- Contrat commercial d’indemnisation avec les exploitants de parcelles non équipées, incluant une mutualisation des gains, représentant les 19 % restants.
Toujours selon cette même source, le loyer annuel prévu est de 2 000 €/ha pour les surfaces sous panneaux, et 600 €/ha pour les autres.
Des questions et des oppositions
Malgré les intentions affichées par le collectif d’exploitants, le projet qui a obtenu son feu vert en août 2024 ne fait pourtant pas l’unanimité. La principale opposition provient du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef Landes) qui s’interroge sur la viabilité du modèle : « On voit mal comment, en passant du maïs irrigué à l’herbe, les agriculteurs des Arbouts pourront limiter la perte de rendement à 10 %. Ce sont bien 700 hectares de terres nourricières qui vont être artificialisés dans notre département, au profit de la rentabilité des entreprises de production d’énergie renouvelable », indiquent-ils dans un communiqué.
Comme on peut le lire dans le rapport d’enquête publique, d’autres interrogations portent sur l’impact paysager et la dévaluation du foncier, deux des principales craintes exprimées par certains riverains. Pour tenter de les apaiser, le porteur de projet a annoncé un renforcement des mesures d’intégration paysagère, notamment via la plantation de haies.
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