Quels sont les volets d’action de l’Agence française de développement dans le domaine de l’énergie photovoltaïque ?
Nicolas Guichard : L’AFD agit sur trois axes complémentaires : nous finançons des programmes d’accès à l’électricité, ainsi que des infrastructures de production et de renforcement du réseau. Depuis six ou sept ans, nous nous impliquons aussi de plus en plus dans le domaine de l’efficacité énergétique.

Image : AFD
Ces dernières années, nous avons soutenu de nombreux projets solaires en Afrique, source d’énergie qui arrive en deuxième position en volume derrière l’hydroélectricité. Il s’agit principalement de centrales de moyenne puissance, entre 20 et 50 MWc. Sur le volet de l’accès à l’énergie, notre appui porte sur des solutions solaires hors réseau (off-grid) ou de mini-réseaux (mini-grid), adaptées aux zones rurales isolées.
Quel est le bilan de ces actions depuis 2016 ?
Depuis cette date, nous avons engagé près d’un milliard d’euros en prêt pour le développement de centrales photovoltaïques et des infrastructures associées. Ces initiatives, portées par des maîtrises d’ouvrage publiques, représentent environ 800 MWc de capacité installée. Cela illustre notre engagement en faveur d’une technologie mature, vectrice de souveraineté énergétique.
Entre 2016 et 2025, 81 % de ces financements solaires ont été alloués à l’Afrique (46 % en Afrique de l’Est, 54 % en Afrique de l’Ouest), contre 13 % pour l’Amérique latine et 6 % pour l’Asie.
Vous arrive-t-il de financer des projets liés aux énergies fossiles ?
Depuis 2013, nous avons cessé tout financement lié à la production d’électricité à partir de charbon. Et depuis la révision de notre feuille de route stratégique en 2021, le gaz naturel a également été exclu de notre champ d’intervention, même s’il représentait auparavant une part marginale de notre portefeuille.
Comment se traduit concrètement votre accompagnement ?
Nos interlocuteurs sont généralement les ministères de l’Énergie et les sociétés publiques d’électricité. Nous intervenons souvent en cofinancement avec d’autres bailleurs, comme l’Union européenne, la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement, sur des projets jugés prioritaires dans la planification énergétique des États.
Une fois le financement accordé, nous émettons un avis de non objection lors de l’appel d’offres international lancé par le maître d’ouvrage, en nous assurant du respect des règles de concurrence, ou encore de l’exigence de qualité et durabilité des équipements demandée aux soumissionnaires.
Ensuite, lorsque l’entreprise est sélectionnée, nous suivons l’exécution jusqu’à la mise en service. Sur la phase opérationnelle, plusieurs scénarios existent : soit l’exploitant public assure la maintenance et nous pouvons financer des formations ; soit la maintenance est déléguée à un prestataire privé, et nous jouons alors un rôle de conseil lors de la sélection de ce prestataire.

Image : Présidence du Bénin
Quelles sont les tendances observées dans les pays africains en matière de gouvernance énergétique ?
Cela varie selon les contextes. Des pays comme le Bénin, le Togo ou le Sénégal privilégient une maîtrise d’ouvrage publique. Ils en sont encore aux premières réalisations, mais la dynamique est enclenchée. Au Bénin, par exemple, nous avons commencé il y a six ou sept ans dans l’est du pays, avec un premier soutien à la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE).
Le projet Defissol de 25 MW à Illoulofin dans la commune de Pobè était la première centrale solaire d’envergure au Bénin. Malgré certaines réticences initiales liées à l’intermittence, l’installation a été mise en service et d’autres unités sont désormais prévues, certaines en partenariat public-privé. Nous accompagnons l’extension de cette centrale – entre 20 et 30 MW supplémentaires – et réfléchissons avec eux à des solutions de stockage, un enjeu désormais systématiquement intégré dans nos projets.
À l’inverse, des pays comme l’Égypte ou le Mozambique privilégient des modèles privés, via des appels d’offres. Nous les accompagnons alors sur le cadre réglementaire, afin de sécuriser les investissements et de définir des cahiers des charges robustes. Pour ces projets portés par des développeurs ou des IPP (producteurs indépendants), c’est notre filiale Proparco qui intervient, l’AFD restant concentrée sur les financements publics, à travers des prêts souverains.
L’AFD participe à l’initiative “Mission 300”, qui vise à raccorder 300 millions de personnes à l’électricité en Afrique subsaharienne d’ici à 2030. Où en est cette initiative ?
Nous prévoyons d’investir un milliard d’euros sur cinq ans, soit deux fois plus que sur la période précédente. C’est un changement d’échelle important. Avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, nous visons des projets de réseaux dans des zones actuellement non desservies, un domaine que nous maîtrisons bien, avec des expériences en Ouganda, Tanzanie, Côte d’Ivoire ou Guinée.
Par ailleurs, dans chaque pays, certaines régions ont été identifiées comme peu susceptibles d’être raccordées à court terme. Pour ces territoires, nous travaillons à la mise en place de micro-réseaux. Nous espérons pouvoir bientôt annoncer les premiers financements, notamment au Nigeria, très actif sur les mini-grids.
Nous envisageons trois à quatre interventions par an, avec des enveloppes moyennes de 40 à 50 millions d’euros chacune. Cela permettrait d’électrifier entre 50 et 100 localités par projet, soit entre 5 000 et 10 000 habitants. Au total, nous visons de 300 000 à 500 000 bénéficiaires.
Ce contenu est protégé par un copyright et vous ne pouvez pas le réutiliser sans permission. Si vous souhaitez collaborer avec nous et réutiliser notre contenu, merci de contacter notre équipe éditoriale à l’adresse suivante: editors@pv-magazine.com.
En transmettant ce formulaire vous acceptez que pv magazine utilise vos données dans le but de publier votre commentaire.
Vos données personnelles seront uniquement divulguées ou transmises à des tierces parties dans une optique de filtre anti-spams ou si elles s’avèrent nécessaires à la maintenance technique du site web. Un transfert de vos données à des tierces parties pour toute autre raison ne pourra se faire que s’il est justifié par la législation relative à la protection des données, ou dans le cas où pv magazine y est légalement obligé.
Vous pouvez révoquer ce consentement à tout moment avec effet futur, auquel cas vos données personnelles seront immédiatement supprimées. Dans le cas contraire, vos données seront supprimées une fois que pv magazine aura traité votre requête ou lorsque le but du stockage des données est atteint.
Pour de plus amples informations sur la confidentialité des données, veuillez consulter notre Politique de Protection des Données.